Marlène Lutz, 63 ans, gilet jaune de Brumath, a été blessée à Strasbourg samedi 12 janvier. Victime de deux coups de matraque selon ses dires, elle a déposé plainte contre la police, mais ne renonce pas. Elle ira manifester à nouveau dès qu'elle sera sur pied.
On l'appelle la "mamie gilet jaune de Brumath". A 63 ans, Marlène Lutz est une figure des rassemblements de gilets jaunes dans le Bas-Rhin et cela depuis le début du mouvement le 17 novembre. Anciennement aide-soignante, cette jeune retraitée se bat "pour tout le monde, les retraités, mes enfants, mes petits-enfants. On ne tient plus. Des salaires de misère, des taxes toujours plus nombreuses. Je ne veux pas de cette société pour les miens. Aujourd'hui, le gouvernement ne peux plus faire semblant de ne pas nous voir."
"Moi, je manifeste pacifiquement depuis le début"
Le 12 janvier 2018, elle a rejoint la manifestation strasbourgeoise dès le matin devant le Parlement européen. "C'était déjà tendu le matin avec la police, on nous parle mal, on nous tutoie. Je trouve ça inacceptable." C'est réellement dans l'après-midi, dans le centre de Strasbourg que les heurts entre force de l'ordre et manifestants sont les plus violents.
Mamie à genoux
"Moi je manifeste pacifiquement depuis le début. Je suis contre toute forme de violence. J'ai essayé de quitter la place des Halles où ça commencait à chauffer. Je me suis dirigée vers la gare en espérant que ce soit plus calme. C'était pire". Marlène Lutz se retrouve face à la police. A genoux, la mamie gilet jaune, implore "de cesser le gazage systématique. D'arrêter de nous pointer avec les lanceurs de balle de défense [LBD]".
Blessée dans sa chair et dans son coeur
Vers 16h30, en remontant la rue du 22 novembre pour rejoindre la place Kléber. Marlène Lutz reçoit "deux coups de matraque. Du même policier qui m'a fait face quelques heures auparavant. Un fourgon de police est passé en trombe. Ils sont descendus et tapaient sur tout le monde." Blessée à la tête, elle s'est évanouie et a dû être évaquée (voir vidéo ci-dessous). Une blessure ouverte qui aurait nécessité "11 points de suture". Mais, pour Marlène, qui manifeste pour la première fois de sa vie avec les gilets jaunes, c'est surtout une blessure psychologique "C'est répugnant, je suis dégoutée par la police et les forces de l'ordre qui sont censées nous protéger. Ils s'attaquent à nous, nous insultent, nous frappent. Mais dans quel monde vit-on?" s'interroge la sexagénaire.
Bientôt de retour
Marlène a donc porté plainte et espère que "son agresseur répondra de ses actes devant la justice". Pour autant, si la jeune retraitée se soigne et est en convalescence actuellement, son combat, lui n'est pas prêt de s'arrêter. Elle ne pourra sans doute pas participer à la prochaine manifestation gilets jaunes (samedi 19 janvier) mais la suivante, aucun doute, elle sera sur pied. Prête à battre à nouveau le pavé.