Deux photographes strasbourgeois viennent d'être distingués Meilleurs Ouvriers de France, chacun dans son domaine. Avec cette particularité : ils travaillent pour le même studio et ont une relation d'employé-employeur.
Il y a dix ans, lorsque Noëmie Schweyckart commence son apprentissage de photographe au studio Styl'List Images, elle a des rêves de succès. Son patron, et tuteur à l'époque, Etienne List, a lui aussi depuis toujours envie d'atteindre l'excellence. Au fil des ans, ils sont devenus tous deux "Meilleurs portraitistes de France" et désormais, les voilà MOF, soit "Un des Meilleurs Ouvriers de France" (nouvelle appellation du titre), dans la promotion Albert Lebrun.
Un doublé inédit dans cette 27ème édition du concours : deux photographes d'un même studio, distingués chacun dans sa catégorie. Etienne en catégorie Industrie et Noëmie en catégorie Art.
Pour décrocher leurs prix respectifs, ils ont travaillé d'arrache-pied pendant un an. "On s'est critiqué l'un l'autre, on a chacun passé 500 heures pour monter notre dossier, composé de sept photos", explique Etienne List.
L'endurance : le secret d'une bonne photo
Les sujets imposés étaient très précis avec de nombreuses contraintes. "Il a fallu tout faire de A à Z, trouver l'idée pour répondre aux énoncés, les personnes pour poser, organiser la mise en scène, gérer l'éclairage, faire les photos bien sûr, mais aussi réaliser les tirages et l'encadrement puis assurer la soutenance du dossier sur place, le jour de l'examen."
Pour créer "l'effet splash" exigé, avoir un bon éclairage, capturer la montre à la bonne profondeur, Etienne a dû faire preuve d'endurance. "J'ai dû recommencer cent fois. J'ai laissé tomber la montre dans un aquarium, derrière lequel j'avais mis un fond bleu."
Pour éviter toute triche (car dans le passé des candidats auraient présenté des clichés qu'ils n'avaient pas fait eux-mêmes), les concurrents doivent aussi apporter les preuves en photo, des étapes de leur travail.
Parmi les sept photos de Noëmie, ce portrait (ci-dessous) pour la promotion d'une barbière.
Plusieurs critères étaient requis pour cette photo : "Un portrait format vertical, sur fond sombre, pour une échoppe de barbier. Les candidats doivent réaliser une photo d'une barbe stylisée. Il fallait comprendre "adaptée à la morphologie" explique Noëmie. "Moi, j'ai voulu apporter une notion de féminité. J'ai donc montré des mains de femmes dans les différentes étapes de la taille de la barbe."
Des formations pour les professionnels
"Nous travaillons pour les particuliers et les entreprises" détaille Etienne. "Pour les premiers, nous faisons des photos de femmes enceintes, de bébés, de familles, mais aussi des photos d'estime de soi (pour les personnes qui se relèvent de maladie par exemple), et pour les seconds, ce sont des photos d’architecture, d'industrie, de mode et d'objets. Ils se diront "on va chez quelqu'un qui connait son métier."
Pour ces deux photographes, il n'est pas question de garder leurs connaissances pour eux. "J'ai accueilli une dizaine d'apprentis et des stagiaires très régulièrement" explique encore le photographe, dans le métier depuis trente ans. "Avec Noëmie, on a aussi créé une formation, à destination des professionnels uniquement. On traverse la France pour les former à l'éclairage et à plus de créativité dans leurs prises de vue."
Après l'obtention de ces prix, il y aura probablement des retombées économiques pour le studio. Ce n'est pas encore le cas, mais vous pouvez d'ores et déjà acheter leurs tirages. Il faut compter entre 800 et 1600 euros.