Nouveau séisme au nord de Strasbourg : les élus de plus en plus inquiets, la préfecture durcit le ton

Un nouveau séisme s'est produit au nord de Strasbourg ce mercredi 11 novembre, peu après 7h30. Face aux épisodes à répétition, les communes situées aux alentours des puits de forage de la société Fonroche Géothermie expriment leur inquiétude. Elles demandent à l’Etat de durcir le ton.
 

Les épisodes se suivent et se ressemblent dans la banlieue nord de Strasbourg. Un nouveau séisme d’une magnitude de 2,4 s’est produit ce mercredi 11 novembre en début de matinée dans le secteur de La Wantzenau, Kilstett et Reichstett (Bas-Rhin).

Il s’agit du cinquième phénomène sismique enregistré en deux semaines dans la même zone, lié à des tests réalisés par la société Fonroche Géothermie. Des essais "suspendus" rappelle la préfecture, mais dont les répercussions continuent de se faire sentir. 

"Ce qui nous importe avant tout c’est la sécurité de la population. Nous allons réinterroger la préfecture pour qu’elle nous donne des garanties sur la poursuite ou non de ces forages. Pour l’instant nous souhaitons qu’un point définitif soit fait parce qu’on ne peut pas continuer dans ces conditions", a réagit dans la foulée la présidente de l’Eurométropole, Pia Imbs.
 


Les communes voisines des puits de forage affichent une inquiétude grandissante. "C’est quelque chose qui trouble le quotidien de nos administrés", avance Michèle Kannengieser, maire de La Wantzenau. "C’est la peur de la fissure, de l’effondrement. Il faut expliquer ce qui se passe aux gens pour pouvoir les apaiser et se poser la question du processus d’injection mis en place par l’industriel. Est-il fiable ? Quelle garantie peut-il donner pour mesurer la sismicité ?"

Lors d’une réunion de suivi organisée hier mardi 10 novembre 2020, l’élue a directement interpelé l’entreprise qui selon elle, a jusque-là trop peu communiqué sur son activité. En concertation avec ses homologues de Reichstett et de Vendenheim, elle a également milité pour "l’arrêt complet de la centrale jusqu’à nouvel ordre, dans l'attente du résultat d'analyses approfondies".

Face aux angoisses exprimées, la Préfète du Bas-Rhin entend durcir le ton. "S’il est avéré, après expertise, qu’il y a un problème, il n’y aura pas de poursuite de travaux, je le dis fermement", confie Josiane Chevalier. "Il y a un réel potentiel offert par la géothermie mais d’un autre côté, il y a ce risque qui est à prendre en compte, prioritaire sur tout le reste", a-t-elle encore indiqué.

"On peut s'attendre à ce que ça tremble à nouveau"

L'activité sismique a commencé à se faire sentir à proximité de Strasbourg, dès le début de l'activité de Fonroche, en mars 2018. Le 12 novembre 2019, un séisme de magnitude 3,1 s'était produit à 4 km des puits. Pas de dégâts importants, mais l'événement avait sonné l'alerte sur ces travaux de géothermie.

Depuis, malgré l'arrêt de l'activité et du test de traçage autorisé par la préfecture sur le site de Vendenheim début octobre, des micros-séismes se produisent régulièrement. Faut-il s'attendre à d'autres secousses dans les jours et les mois à venir?  "Vu ce qui se passe, on peut penser que ça va continuer de répondre", indique Jean Schmittbuhl, chercheur au CNRS, responsable du programme de géothermie. 

L'avenir de la géothermie, énergie renouvelable sur laquelle repose une partie du plan de neutralité carbone 2050 de l'Eurométropole de Strasbourg, est-il compromis? "C'est certain que c'est une mauvaise publicité. Si cette situation de non compréhension par la population perdure, oui, on peut le penser. On en peut pas rester dans un système où les gens sont à l'aveugle", réagit encore le spécialiste.

En attendant, à propos de ce dernier tremblement de terre, Fonroche explique, par voie de communiqué, que "l’hypothèse privilégiée repose sur une continuité de l’ajustement de la roche" suite à l'arrêt du test de traçage, entraînant des "mouvements sismiques ressentis à la surface". Actuellement, "seule une circulation de sécurité est assurée pour maintenir un équilibre dans le réservoir naturel. Les analyses scientifiques et l’observation du puits et du sous-sol suivent leur cours", précise encore la société.

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