"On a du mal à encaisser", leur restaurant doit fermer à cause des voisins, les fondateurs expriment leur tristesse

Sur décision de justice, le premier restaurant vegan du Grand Est, ouvert à Strasbourg, doit fermer ses portes le 19 juillet. Une expulsion demandée par la copropriété. Les fondateurs de l'établissement crient leur indignation.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Le restaurant Velicious ferme ses portes le 19 juillet 2024. Le premier restaurant vegan du Grand Est, ouvert à Strasbourg (Bas-Rhin) fin 2014, est expulsé du local qu'il occupe depuis ses débuts rue Geiler, au pied d'un immeuble d'habitation. "C'est un coup de poing dans le ventre, résume le cofondateur Cédric Mincato. On a du mal à encaisser." La décision de justice est tombée le 27 juin 2024. Velicious emploie 10 personnes.

L'histoire avait pourtant bien commencé. En 2014, Cédric Mincato et Elena Reckewell, couple dans la vie et au travail, ouvrent leur restaurant à Strasbourg grâce à un financement participatif. L'aventure Velicious est lancée, et "l'affaire marche bien dès ses débuts", se souvient Cédric. Velicious remporte même le prix "Jeunes entrepreneurs" de la CCI Alsace en 2016.

Très vite, certains voisins commencent à se plaindre du bruit de la terrasse et des odeurs de nourriture. Le restaurant ne cuit pas de viande, ni de poisson, et ne fait pas de friture. "À un moment, on nous a dit les yeux dans les yeux : on ne veut pas de restaurant en bas de chez nous", résume Cédric. En 2016, ils reçoivent la lettre d'un huissier les assignant en justice. "Nous n'avons pas causé de nuisances, et la terrasse fermait à 21h", précise Cédric.

Un lieu de rencontre pour tout le quartier

Le syndicat de copropriété attaque le bail de location, lui reprochant de ne pas respecter le règlement, qui stipule que les locaux doivent être "occupés bourgeoisement par des personnes de bonne vie et mœurs". La clause d'habitation bourgeoise signifie qu'une activité professionnelle est proscrite dans les locaux. Mais le règlement de la copropriété indique aussi que les logements sont destinés à un "usage mixte", à la fois privé et professionnel. Dans la plupart des cas, cela convient à une activité libérale comme un cabinet médical.

Pour le syndicat de copropriété, Velicious savait que ces locaux n'étaient pas destinés à exercer une activité de restauration puisque c'est spécifié dans le bail et "a donc choisi d’enfreindre délibérément le règlement de copropriété, est-il écrit dans un communiqué de presse.

Mais il y a pire. Dans la mesure, où le local au rez-de-chaussée n’était évidemment pas adapté pour servir de local restaurant, Velicious a raccordé de manière sauvage la hotte du restaurant au conduit de fumée de l’immeuble au mépris des règles élémentaires de sécurité et d’hygiène. Depuis 2015, les occupants de l’immeuble subissent ainsi continuellement des nuisances olfactives quotidiennes se manifestant par des odeurs de fritures, de cuissons, de potages et d’épices dans les parties communes ainsi que dans les appartements des étages supérieurs."

Le local de Velicious a pourtant abrité de nombreux commerces pendant des années : des cafés, boulangeries-pâtisseries, salons de thé et restaurants. "Nous sommes profondément indignés par cette décision. Notre restaurant, reconnu pour son ambiance chaleureuse et sa clientèle respectueuse, est un lieu de rencontre et de joie pour tout le quartier", écrivent Elena et Cédric dans un communiqué.

Les deux entrepreneurs avaient imaginé que le tribunal leur donnerait raison, en mettant la priorité sur l'usage des dernières décennies, plutôt que sur le règlement de copropriété. Par deux fois, en 2021 pour la première instance, et en 2024 en appel, le tribunal n'a pas suivi leur argumentaire. "Après 8 ans de procès, Velicious a perdu en appel, confirmant l'expulsion sans aucuns dommages et intérêts."

De son côté le syndicat de copropriété a déploré les recours judiciaires entamés par les restaurateurs mais salué la décision de justice. "Nous n’en serions pas arrivés là si Velicious n’avait pas fait le choix d’installer son restaurant dans un local dont il savait dès l’origine qu’il ne pouvait accueillir une activité de restauration. Son comportement témoigne d’un mépris assumé vis-à-vis des copropriétaires, s’estimant être au-dessus des règles qui s’imposent à l’ensemble des occupants de l’immeuble."

Vendredi 19 juillet, une soirée d'adieu est organisée dans le restaurant. "On sait déjà que des voisins, une en particulier, appelleront la police pour les nuisances", s'exaspère Cédric. Pour les dix salariés, il y aura aussi des nuisances. Ils seront tous des licenciés économiques, après la rupture du bail commercial. Les propriétaires possèdent deux autres restaurants à Strasbourg, et craignent un effet domino. "C'est notre restaurant qui marchait le mieux, et on perd le lieu où l'on fabrique les pâtisseries pour l'ensemble."

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information