Augmenter le nombre d'enfants par mètre carré et par adulte référent dans les crèches, c'est une des mesures de la réforme ESSOC des nouveaux modes d'accueil de la petite enfance. Une réforme que dénoncent les acteurs du secteur en grève ce mardi 14 janvier à Strasbourg.
Des assistantes maternelles, auxiliaires de puériculture, éducatrices de jeunes enfants et des mamans aussi. Elles étaient plus d'une cinquantaine ce mardi 14 janvier à manifester à Strasbourg. Tous les acteurs de la petite enfance réunis pour dénoncer une nouvelle fois la réforme ESSOC. Une réforme en discussion depuis un an et qui doit permettre l'ouverture de places supplémentaires dans les structures d'accueil pour les jeunes enfants. Un secteur en tension, on le sait, d'autant plus dans les grandes villes.
Davantage de places disponibles et pour cela, le projet de loi prévoit de réduire l'espace obligatoire pour accueillir un enfant. A savoir, qu'actuellement, il faut 7 m² par enfant. Avec la réforme, plus que 5,50 m² seront nécessaires. "On ne parle pas de poulailler mais bien d'enfants. Il faut quand même rappeler que les enfants entre 1 an et 3 ans ont besoin d'espace pour développer leur motricité. Comment peut-on imaginer qu'un enfant tienne dans 5 m²?", s'indigne Marie-Anne, éducatrice de jeunes enfants à Strasbourg.
"Les enfants dans des boîtes à sardines et le personnel lessivé..."
Réduction de l'espace et augmentation du nombre d'enfants par adulte référent. "Aujourd'hui, nous avons 60 enfants dans notre structure. Si la réforme passe, nous pourrons en accueillir 72. Et nous serons toujours 14 pour les encadrer", s'inquiète Sandrine, auxiliaire de puériculture. Et les acteurs de la petite enfance s'interrogent. "Il manque des places en structures d'accueil, c'est indéniable. Mais qui souhaite que ses enfants soient entassés? Qui souhaite plus d'enfants pour moins de personnel?" Personne. Et d'ailleurs, les familles sont très largement solidaires du mouvement. La maman d'une petit bout d'une crèche à Strasbourg rencontrée lors de la mobilisation 'les soutiens totalement. Il faut reconnaitre davantage leur travail et arrêter de faire des économies sur le dos de nos enfants."
Et le bien-être de l'enfant dans tout ça?
"Nous avons l'impression que le gouvernement a omis l'essentiel dans cette réforme...le bien-être de l'enfant", renchérit Marie-Anne. La réforme ESSOC prévoit également des "temps de réflexion" exceptionnels. Autrement dit, finies les réunions de service, les formations du personnel, tous ces moments pour imaginer, organiser des projets pédagogiques pour les enfants. "Nous sommes un chaînon indispensable dans le développement du jeune enfant. Nous supprimer ces temps de réflexion, cela veut tout simplement dire que nous allons faire du gardiennage. Nous ne sommes pas là juste pour changer des couches et donner à manger. Nous n'avons pas fait ce métier pour ça" conclut Sandrine.
Le mouvement de grève lancé par le collectif Pas de bébés à la consigne devrait s'intensifier dans les prochains mois affirme-t-on cet après-midi. La réforme ESSOC plusieurs fois repoussée sera présentée devant l'Assemblée nationale en juin prochain.