Polémique sur la mosquée de Strasbourg : la maire a reçu les chefs de groupe pour calmer les tensions

Jeanne Barseghian, maire (EELV) de Strasbourg (Bas-Rhin), a reçu les quatre chef(fe)s de groupes de son conseil municipal. La réunion a eu lieu le soir du vendredi 26 mars, pour apaiser les tensions liées à la polémique sur le financement de la construction d'une mosquée.

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La polémique (résumée ici) est née d'une délibération au conseil municipal de Strasbourg (Bas-Rhin) concernant le financement de la mosquée Eyyub Sultan (voir sur la carte ci-dessous). Elle dure depuis une semaine et a pris une envergure nationale, les autorités municipales et préfectorales se retrouvant en conflit

Pour "faire redescendre les tensions" (voir le tweet en bas d'article), Catherine Trautmann (PS) a proposé à son alliée Jeanne Barseghian (EELV) une réunion des chef(fe)s de groupe du conseil municipal. Elle a eu lieu le soir du vendredi 26 mars 2021. France 3 Alsace a contacté les participant(e)s pour avoir leurs retours après cette réunion décrite comme solennelle et sans invectives. 
 


Alain Fontanel (LREM)

"J'ai réitéré la demande de retirer cette délibération comme préalable. Et de remettre à plat les règles de financement. Milli Gorus a refusé de signer la charte de l'islam : elle a claqué la porte, porte sous laquelle la municipalité propose de glisser de l'argent. Il faut qu'on retrouve un nouvel équilibre, sans concession avec les principes et lois de la République." 

"J'ai regretté le désordre pour notre ville en terme d'image, l'incompréhension suscitée, et la fragilisation de notre concorde strasbourgeoise. C'est une ville symbole d'un humanisme apaisé, d'un respect inter-religieux. Nous avons émis le souhait de rétablir cette image et notre vivre-ensemble. La maire, qui a bien fait de nous réunir, dit nous avoir entendu. Le problème n'est pas réglé, mais on a franchi une étape nécessaire."
 

Jean-Philippe Vetter (LR)

"Chacun a eu un moment pour prendre la parole. On a regretté la dégradation de l'image de Strasbourg en France, si ce n'est en Europe. Madame la maire a évoqué la faute du gouvernement, de la préfète, de l'opposition... mais personne ne l'a obligée à proposer et voter cette délibération. Sans nous, elle serait passée sans demander de garantie. Au mieux, c'est de la légèreté, au pire, une faute grave."

"L'ambiance était forcément lourde. La maire a dit qu'elle prenait acte de ces éléments. Elle va revenir vers nous dans quelques jours pour nous faire part de son plan d'action, de sa réflexion. J'ai rappelé que le seul moyen de sortir le plus vite possible de cette situation par le haut, c'est le retrait pur et simple de cette délibération. Ce serait aller dans le bon sens."
 


Catherine Trautmann (PS)

"Aujourd'hui, deux choses me paraissent importantes. Que les Strasbourgeois déstabilisés par ce débat puissent être rassurés. Et que l'image de la ville, très malmenée cette semaine, puisse être redressée. Il y a une situation de consternation, au sein-même de l'administration de nos deux collectivités. Qu'on ne remette pas dix sous dans la machine tous les jours et qu'on puisse être raisonnables. Et j'estime qu'il ne faut pas rentrer dans un cycle médiatique si on veut faire retomber la pression." 

"Je pense que cette réunion était bienvenue pour reprendre le dialogue. Elle a rempli son objectif, c'est ce que je souhaitais personnellement. Maintenant, il faut rentrer dans les propositions et dans les décisions, en conseil municipal. Je ne sais pas si la maire retirera la délibération, je vais y réfléchir avec mes collègues. La position, on l'a déjà exprimée en séance : il ne peut pas y avoir de délibération sans remplir les conditions telles que je les avais évoquées, et sans qu'elles soient préalables à toute discussion."
 


"Je suis aussi revenue sur des choses très pratiques. Quand, en tant que présidente de groupe, j'ai exprimé une demande de report de la délibération avant qu'on rentre en conseil municipal, il faut l'entendre. Je ne fais pas cette démarche s'il n'y a pas quelque chose de sérieux en jeu. Et j'ai été désolée car je pense sincèrement qu'à un moment donné, la maire a été exposée de manière assez dangereuse dans cette affaire puisqu'elle n'a pas eu le moyen de rattraper les choses."

"C'est pour ça que je pensais que c'était aussi important que les uns et les autres s'expriment. La réunion d'hier a été montée rapidement et tout le monde était présent, ce qui montre l'attachement de chacun - de tous bords politiques - à revenir à une expression politique dans une plus grande cohésion. Que ce soit sur l'antisémitisme ou le dialogue inter-religieux, il n'y avait jamais eu une telle confrontation. J'espère que ça aura été un message entendu - je le crois - et qu'on continuera à travailler ensemble la semaine prochaine."



Nous n'avons pas réussi à joindre Caroline Zorn (EELV). Les positions des élu(e)s sont donc unanimes sur l'image écornée de Strasbourg, ville multiconfessionnelle, et la plainte des Verts contre Gérald Darmanin et Marlène Schiappa ne devrait pas l'arranger. Est aussi venu s'ajouter un autre "appel à l'apaisement". Celui de Messaoud Boumaza, le recteur de l'institut Al-Andalous de Schiltigheim (Bas-Rhin). Il souhaite que l'on se "retrouve ensemble autour des valeurs de l'humanisme rhénan" et de "la spécificité de [l'Alsace] où la religion se vit en harmonie autour de notre société" (à lire in extenso ci-dessous).
 

Mosquée de Strasbourg : déclaration du recteur de l'institut Al-Andalous by Vincent Ballester on Scribd


La mairie devrait préciser sa conduite dans la semaine du 29 mars.
 

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