Dans le célèbre Grand bazar d’Istanbul, on ne trouve aucun étranger et peu de femmes à la tête des boutiques qui y pullulent. Florence Heilbronn, originaire de Strasbourg, est l’exception qui confirme la règle.
Entrer dans le Grand bazar d’Istanbul, c'est pénétrer dans un autre monde : un immense marché couvert de 4.000 boutiques réparties sur 200.000 mètres carrés. Mais au milieu de cette immensité inconnue se cache tout de même un petit bout d’Alsace. Florence Heilbronn, une Strasbourgeoise débarquée à Istanbul dans les années 80 pour y passer des vacances et qui n’en est jamais repartie. Et dans ce milieu très masculin - seules cinq femmes ont leur boutique dans le Grand bazar - elle a fait sa place.
Dans le Grand Bazar, on est à peu près 20.000 personnes, il doit y avoir cinq femmes donc on est vraiment en minorité. Mais c'est un milieu qui est... on pourrait avoir l'impression que c'est un milieu macho. Dans la famille, il l'est mais dans le quotidien, non. Moi, je n'ai pas eu de réflexions sexistes en disant "qu'est-ce que tu fais ici, retourne à la maison!" Les Turcs ne sont pas comme ça.
Seule étrangère à la tête d'une boutique dans le Grand bazar et comptant au départ sur une clientèle française, elle a, au fil des années, tissé un solide réseau de fournisseurs. Et bien sûr, lorsque ses acheteurs viennent de sa région natale, une relation spéciale se met tout de suite en place.
Quand c'est des gens qui viennent d'Alsace, de Schiltigheim, Bischheim, ou de Colmar ou de Mulhouse, bien entendu ça évoque chez moi un petit peu d'enfance et c'est surtout des villages ou des villes que je connais. Donc moi je me sens chez moi et eux ils sont rassurés parce que c'est quelqu'un aussi de chez eux.
Après trente-cinq années passées en Turquie, l'Alsace lui manque parfois... Mais Florence n'a pas l'intention de quitter Istanbul et son Bazar où elle se sent aujourd'hui parfaitement intégrée.
Un reportage Leila Salhi et Thomas Lecomte.