Ben oui, c'est vrai ça, pourquoi donc le 26 décembre est-il férié en Alsace-Moselle et pas dans le reste de la France? En tout cas, les touristes qui l'ignoraient se sont cassé le nez sur les rideaux tirés des commerces, tandis que d'autres en ont profité pour flâner au parc de l'orangerie.
Un mardi de semaine, et pratiquement pas un commerce ouvert, voilà qui pourrait surprendre les non-initiés. Comme ce couple de touristes indiens, en transit à Strasbourg justement ce 26 décembre, et qui patientent sur un banc. "Nous ne savions pas que c'était un jour chômé aujourd'hui", racontent-ils.
Et quand on leur explique qu'il s'agit d'une spécificité régionale, qu'ailleurs en France, le 26 décembre est un jour comme les autres, ils me demandent dans un anglais parfait s'il y a d'autres particularités comme celles-ci en Alsace. On confie alors, qu'en effet, il y en a d'autres, comme le fait qu'ici les prêtres, rabbins et pasteurs sont rémunérés par l'État. "C'est très étrange !", s'amusent-ils.
Mais revenons à notre 26 décembre. Si les touristes ne sont pas très au fait de nos coutumes locales, les Alsaciens, eux, sont parfaitement au courant. "Mais oui, bien sûr, je le sais, s'exclame cette grand-mère accompagnée de ses deux petites-filles, c'est la Saint-Etienne, c'est une tradition germanique".
Une fête allemande
Et cette maman d'enchérir, "c'est pour cela que je suis venue au parc de l'orangerie avec mon petit garçon, il n'y a rien d'autre à faire", sourit-elle.
Le 26 décembre, nous célébrons la Saint-Etienne, une fête catholique en l'honneur du premier martyr chrétien. De nombreux pays ont donc choisi de ne pas travailler ce jour-là comme l'Irlande, l'Italie ou l'Allemagne.
Et c'est justement parce que l'Alsace-Moselle était allemande à la fin du XIXe siècle qu'elle bénéficie de ce jour chômé supplémentaire. En 1892, une ordonnance de l'empereur Guillaume II permet aux territoires annexés de ne pas travailler les 26 décembre et vendredi saint comme le reste de l'Allemagne.
Un avantage qui est resté quand l'Alsace-Moselle est retourné dans le giron français au lendemain de la première guerre mondiale, mais qui est régulièrement dénoncé au parlement. Certains députés aimeraient en effet que soit gommé le droit local alsacien, mais pour l'instant personne n'ose réellement provoquer la colère des Alsaciens, qui ne veulent pas entendre parler de son abrogation.