Paris passe au 30 km/heure ce 30 août sur la quasi-totalité de ses voies, à l’exception du périphérique, de plusieurs avenues et boulevards. Grenoble a déjà franchi ce pas en 2016. En Alsace, plusieurs villes sont déjà bien engagées dans cette démarche, mais Strasbourg prend son temps.
Paris passe au 30 km/heure ce lundi 30 août, sur la quasi-totalité de ses voies, à l’exception du périphérique, des avenues et grands boulevards. La mesure faisait partie du programme de la maire Anne Hidalgo et, près des deux-tiers des habitants de la capitale y sont favorables. Parmi les villes qui ont déjà fait le pas précédemment, Grenoble a généralisé le 30 km/heure le 1er janvier 2016, à l’exception de quelques axes. Résultat : moins d’accidents et une ville plus apaisée. Strasbourg, Schiltigheim, Colmar et Mulhouse sont elles aussi engagées dans la démarche, mais à des stades différents.
Strasbourg étend les zones 30 en fonction des besoins des citadins
"A Strasbourg, nous avons mis en place un plan piéton" explique Sophie Dupressoir, conseillère municipale, déléguée à la ville marchable et cyclable. Contrairement à Paris, la capitale alsacienne ne veut pas annoncer un passage au 30 km/heure généralisé. Pour la nouvelle municipalité écologiste plane peut-être encore le souvenir des 55% de "non" à la consultation organisée par Roland Ries, ancien maire de Strasbourg, en 2011, lorsqu'il demandait aux Strasbourgeois s'ils étaient pour ou contre l'instauration de zones 30 dans la majorité des rues de la ville.
Aujourd'hui Strasbourg veut toutefois continuer à étendre les zones 30, en fonction des besoins des citadins : "L'idée du plan piéton consiste déjà à sécuriser les déplacements des plus vulnérables et à limiter le bruit. Nous avons aussi prévu de développer progressivement des zones 30, pendant la durée du mandat. Cela concernera les zones résidentielles et toutes les rues où il faut améliorer le cadre de vie des riverains, mais nous allons garder des voies à 50 km/heure, sur les grands axes, comme les boulevards Wilson ou Poincaré par exemple. Notre objectif est d'avoir des voies partagées entre voitures et vélos. Là où nous garderons le 50 km/heure, nous créerons davantage de pistes cyclables, séparées du flux des voitures pour sécuriser leur circulation."
Le passage à 30 km/heure, ça sert à quoi?
Selon l’établissement public Cerema (Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement), placé sous la tutelle du Ministère de la transition écologique, les voitures polluent moins en roulant à 30 km/h qu’en roulant à 50 km/heure, dès lors que la mesure est généralisée et que la circulation est fluide. Selon le Cerema, il y a globalement moins de pollution dans les zones limitées à trente. Mais il y a encore d'autres avantages à rouler moins vite en ville. "Lorsqu'on réduit la vitesse de 50 à 30 km/heure " précise l'adjointe à la maire écologiste de Strasbourg Jeanne Barseghian, "on peut aussi réduire la largeur des voies et utiliser l'espace pour créer une piste cyclable ou y planter des arbres." Mais l'objectif des municipalités est surtout de faire changer les usagers de mode de déplacement. Moins les voitures peuvent rouler vite, plus les citoyens choisissent un mode de déplacement plus doux.
Schiltigheim veut le généraliser
Contrairement à Strasbourg, Schiltigheim a l'intention de généraliser les 30 km/h. La commune limitrophe de la capitale alsacienne a déjà limité deux grands axes principaux à 30 km/heure. Mais la Ville veut aller plus loin. "Nous avons pour objectif de faire passer l'ensemble de la ville à 30km/heure." explique Patrick Maciejewski, premier adjoint à l’écologie, à l’urbanisme, à la mobilité et président de la CTS.
"Mais nous avons encore des axes à 50km/heure qui desservent des secteurs avec beaucoup de trafic, comme les collèges, les lycées, le Wacken. Y réduire la vitesse à 30km/heure est compliqué parce que cela a des conséquences sur les bus qui y circulent. Rouler plus lentement, rallonge les temps de transports. Il faut alors rajouter des bus et des conducteurs, tout cela nécessite une réorganisation." Pour Schiltigheim, l'apaisement en matière de circulation viendra probablement avec l'arrivée du tramway. "L'arrivée du tram nous demandera de refaire le plan de circulation. A ce moment-là nous réduirons la vitesse à 30km/heure, peut-être même avant."
Colmar maintient le 50 km/ heure sur les grands axes routiers
A Colmar, la généralisation du 30 km/heure est déjà une réalité, mais certains axes sont volontairement maintenus à 50 km/heure. Eric Straumann, le maire de la ville : "Toutes les voies de desserte sont déjà à 30 km/heure au centre-ville, depuis un an. En revanche les grands axes routiers sont restés à 50 km/heure. L'idée de la municipalité est de dissuader ainsi les usagers de prendre les axes secondaires et de les faire rester sur les axes principaux avec leur voiture. Le centre-ville, lui, est de plus en plus réservé aux zones de rencontres et aux modes de transport doux."
Mulhouse repense son plan de circulation
La ville de Mulhouse quant à elle est très avancée dans ce domaine, puisque 70 % des 300 km de voiries (soit 210 km) sont déjà limités à 30km/heure. "Et le reste ne saurait tarder, car cela va dans le sens des engagements pris lors des élections. Mais nous voulons le faire avec l’ensemble des acteurs économiques et la population." précise Claudine Boni Da Silva, adjointe à la voirie, aux mobilités et aux aménagements de la ville de Mulhouse.
Pour l'instant, seuls les axes qui vont vers les hôpitaux et les axes d'entrée et de sortie de ville sont encore à 50km/heures, parce qu'ils mènent d'un côté vers la voie rapide et de l'autre vers l'autoroute. "Mais nous sommes en train de réfléchir et repenser notre plan de circulation puisque c'est une attente forte des citoyens. "Ils veulent moins de bruit et moins de pollution en ville, et " rajoute l'adjointe à la mairie de Mulhouse "nous avons une nouvelle forme de délinquance à gérer à Mulhouse, c'est l'irrespect du code de la route qui pollue la vie en ville."
Mulhouse prévoit même d'aller plus loin que la limitation à 30 km/heure en ville, elle veut agrandir la zone piétonne de l'hyper centre. Mais tout doit se faire avec l'accord des citoyens qui seront invités à s'exprimer sur la question, en ligne, en 2022.
Aujourd'hui de façon générale, les villes sont encore façonnées pour la voiture, mais il apparait clairement que les municipalités veulent toutes créer davantage de place pour les piétons et les modes de transport alternatifs. Selon les élus en charge des municipalités interrogés, la réduction de la vitesse en ville est nécessaire et si tous ne veulent pas instaurer les 30 km/heure partout, en une fois, leur objectif est d'avancer dans ce sens, pour plus de sécurité et d'apaisement dans leurs cités.