Elue dimanche 28 juin avec 41,7% des voix, Jeanne Barseghian doit prendre officiellement les rênes de Strasbourg samedi 4 juillet. Lors de son installation, elle devrait déclarer un état d’urgence climatique et préciser les grandes lignes de sa politique. Voici déjà quelques pistes.
Une écologiste à la tête de Strasbourg : un rêve pour certains, un cauchemar pour d’autres, mais une réalité pour tous depuis ce dimanche 28 juin. Samedi 4 juillet, Jeanne Barseghian s’installera dans le siège occupé depuis 2008 par Roland Ries. La nouvelle maire dévoilera les grandes lignes de son programme. Pour ceux qui redoutent de devoir remiser définitivement leur voiture au garage ou manger des graines pendant six ans, voici, dans les grandes lignes, ce qui attend les Strasbourgeois.
L’état d’urgence climatique : quésako?
C’est une déclaration d’intention que Jeanne Barseghian livrera le jour de son installation officielle. Un peu tôt encore pour savoir de quoi il s’agit précisément mais on peut vraisemblablement imaginer que ce sera l’occasion de donner le ton : une coloration de début de mandature en quelques sorte. Verte, comme il se doit.Ombre et verdure
Un programme de végétalisation et de déminéralisation sera enclenché dès les premières semaines de l’été. En attendant l’automne et les premières plantations d’arbres, des dispositifs provisoires d’îlots de fraîcheur sont prévus, comme des toiles velum, ces grandes voiles d’ombrage, ou des plantes en pot. Objectif : faire en sorte que chaque Strasbourgeois soit à moins de cinq minutes d’un espace vert.Rénover et pédaler
Un emprunt de 350 millions d'euros pour la rénovation thermique et les nouvelles mobilités : c’était inscrit dans son programme. La crise sanitaire est passée par là, sans en modifier ni le principe, ni le montant d’un iota. Bien au contraire. Anne-Marie Jean, 5e de la liste Barseghian et référente des questions économiques dans l’équipe de la nouvelle maire, précise que "cet emprunt sera réparti entre la Ville et l’Eurométropole".L’argent emprunté servira notamment à améliorer les mobilités douces. Il s’agit de poursuivre l’aménagement des pistes cyclables à une cadence de 15 kilomètres par an dans une ville qui compte déjà 700 kilomètres de pistes dédiées aux vélos.
L’équipe veut favoriser l’usage des transports en commun. Elle envisage de proposer la gratuité des bus et tram pour les moins de 18 ans et pour les moins de 25 ans sans ressource. A noter que cette promesse de campagne, une fois appliquée, impacterait la CTS à hauteur de 6,2 millions d’euros par an.
L’équipe de Jeanne Barseghian veut également créer des nouveaux parkings-relais en périphérie de Strasbourg. Anne-Marie Jean précise que l’idée est de "travailler avec la SNCF et la Région pour remettre en service 9 gares et améliorer le cadencement ferroviaire au sein de l’Eurométropole". Objectif : offrir aux habitants des solutions pour laisser la voiture au garage le plus souvent possible. Un cercle vertueux, selon l’équipe, pour lutter contre la pollution et préserver la santé de tous.
Cet emprunt servira également la rénovation énergétique du bâti à raison de 8.000 logements par an. Selon Anne-Marie Jean, "ce sera un appel d’air considérable pour tous les métiers du bâtiment de la région". Un impact économique non négligeable en période de crise d’autant que la Ville elle-même passera commande : "Il y a fort à faire en la matière dans les bâtiments publics". Elle attend un retour sur investissements à moyen terme.La commande publique, justement, fera l’objet d’un chantier engagé très vite : celui d’intégrer des critères environnementaux à tous les marchés."L'idée est de donner aux acteurs économiques du territoire le signe que cette dimension est prise en compte et que ceux qui s’engagent dans cette voie peuvent en tirer un bénéfice".
Rappelant que l’économie étant une compétence de l'Eurométropole, la conseillère aux questions économiques indique que, rapidement, "des rendez-vous seront pris pour que les élus municipaux et métropolitains puissent se retrouver avec les différents acteurs afin de travailler ensemble et en complémentarité".
Héberger et accompagner
Première action concrète mais symbolique : le retrait de l’arrêté anti-mendicité. La maire EELV entend également instaurer un moratoire sur les expulsions locatives dans le parc privé et social. "Nous allons mettre en place la création de 500 places d’hébergement pérennes financées par les collectivités", explique Syamak Agha-Babaei, numéro 2 sur sa liste pendant la campagne. "Notre objectif est de lancer très rapidement la première tranche de 100 places dès cet été en consultant les associations à ce sujet".Et de préciser que ce ne seront pas des hébergements à l’hôtel mais bien des appartements qui seront recensés. Les prétendants à ce type de logement seront suivis pour un accompagnement social et scolaire, une aide à la parentalité, un accès à la santé et une ouverture des droits.
Syamak Agha-Babaei reconnaît que "l'Etat (qui a la compétence de l’hébergement d’urgence) a fait un effort important en logeant plus de 600 personnes pendant le confinement. On souhaite que ces personnes ne retournent pas à la rue. On sera aux côtés de l’Etat pour pouvoir travailler. L’idée, c’est de dire on sera exigeant".