Pendant les festivités de Noël, l'arrêté anti-mendicité est reconduit du 23 novembre au 31 décembre à Strasbourg. Les collectifs d'aide aux sans-abri et quelques élus locaux déplorent l'absence d'évaluation de cette mesure pourtant promise par le maire Roland Ries.
Alors que trois personnes sans-domicile fixe sont décédées à Strasbourg depuis le début du mois de novembre, l'arrêté anti-mendicité entre en vigueur le 23 novembre 2019 et couvre toute la période du marché de Noël, du lundi au dimanche de 10h à 20h.
Une mesure "anachronique"
Signé le 25 avril 2019 par le maire Roland Ries (PS), l'arrêté anti-mendicité avait divisé la majorité municipale. Depuis, Syamak Agha Babaei, le vice-président de l'Eurométropole de Strasbourg en charge de l'habitat, n'a pas changé de position. À l'instar d'une dizaine d'élus et de responsables politiques qui avaient signé une tribune dans les DNA pour s'opposer à la mesure, Syamak Agha Babaei juge l'arrêté "anachronique. C'est un non-sens politique et moral mais aussi d'un point de vue urbain. Ca va à l’encontre de tout le reste de l’histoire, et du moment dans lequel nous sommes, celui d'une ville inclusive où on dénonce le mobilier urbain".Cet arrêté reprend effet à l'occasion des festivités du marché de Noël qui débute le 22 novembre. "L'arrêté anti-mendicité continue de courir et à côté on a l'ouverture du marché de Noël en grande pompe. Il ne faut pas oublier que Noël est un moment de convivialité et de solidarité", déplore Germain du collectif En marge Strasbourg.
Un "test" qui se prolonge
Alors que la mesure est reconduite, Syamak Agha Babaei souligne son manque de cohérence et encourage le dialogue : "Il y a eu environ quarante amendes infligées, c'est un résultat mineur. Il faut voir quelle est la voie alternative. On a des solutions pour prendre en charge les SDF. Il faut établir des programmes, être une ville innovante sans pratiquer une chasse aux pauvres"Aux commerçants des Vitrines de Strasbourg, qui s'étaient réjouis de l'annonce du maire, le vice-président de l'Eurométropole répond : "Je me bats pour une ville qui réponde à toutes et à tous. Ce n'est pas une ville qui est faite seulement pour les commerçants ou les touristes, les mendiants n’ont pas moins de droits que les autres".
Il faut établir des programmes, être une ville innovante sans pratiquer une chasse aux pauvres.
- Syamak Agha Babaei, vice-président de l'Eurométropole
L'absence de bilan
Mis en place en avril 2019, l'arrêté "anti-mendicité agressive" devait faire l'objet d'une évaluation par le maire après l'été. "Les SDF sont en colère, ils apprennent la mort de personnes qu'ils connaissent. Ils voient aussi tout l'argent dépensé d'un côté alors qu'il n'y en a pas pour l'hébergement. C'est indigne de fêter Noël alors que des gens meurent à nos pieds", s'indigne Germain d'En marge Strasbourg. Pour le vice-président de l'Eurométropole, il faut mettre en place "une méthodologie rigoureuse pour pouvoir comparer le nombre d’amendes avant et après la mise en vigueur de l'arrêté, pour voir s'il change quelque chose".Décriée par une partie de la majorité municipale, cet arrêté pourrait bien continuer à diviser les candidats aux municipales de 2020. Quant au collectif En marge Strasbourg, il prévoit de se rassembler le vendredi 22 novembre à 18h sur la place Kléber pour l'ouverture du marché de Noël.
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