Demain lundi, les prestigieux prix Renaudot et Goncourt seront attribués. Pour chacun d'entre eux, un Alsacien est en lice. Le strasbourgeois Olivier Guez pour le Renaudot et l'alsacien d'origine Yannick Haenel pour le Goncourt. On leur dit merde même si ce n'est pas là de la grande littérature.
Demain lundi sera un grand jour. Quoiqu'il advienne. Comme chaque année, sous les ors de Drouant et les crépitements des flashs seront annoncés à 12h45 pétantes et quasi simultanément les lauréats des prix Goncourt et Renaudot. Et cette année, hasard de la plume et du talent, deux Alsaciens font partie chacun de la short list. Olivier Guez pour le Renaudot. Yannick Haenel pour le Goncourt.
L'Alsace risque bien de faire coup double.
Olivier Guez, son oeuvre
Olivier Guez fait donc partie des cinq finalistes du prix Renaudot pour la catégorie "Roman". Celui qui succédera peut-être à Yasmina Reza. Oui quand même.
Cette année le jury est présidé par Frédéric Beigbeder qui aura donc une voix-double et qui sera entouré de personnalités hautes en couleur. Patrick Besson, Dominique Bona, Georges-Olivier Châteaureynaud (secrétaire général), Jérôme Garcin, Louis Gardel, Franz-Olivier Giesbert, Christian Giudicelli, Jean-Noël Pancrazi et J.-M. G. Le Clézio, le Prix Nobel de littérature.
Tout ce beau monde devra donc trancher et peut-être distinguer le roman de notre Strasbourgeois de 43 ans. "La disparition de Josef Mengele."
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Un roman publié chez Grasset ( dans ce genre de concours, ce détail est loin d'en être un ) qui retrace la fuite de Josef Mengele " l'ange de la mort" d'Auschwitz en Amérique latine. Sous forme d'enquête romancée, l'écrivain narre les péripities de ce médecin sans âme ni scrupule qui fuit la justice de son pays à travers l'Argentine, le Paraguay puis le Brésil. Une cavale de trente ans qui se terminera de manière pitoyable. Un petit vieux parano, mort sur une plage brésilienne en 1979.
Mort sans jamais avoir été jugé.
Olivier Guez, sa vie vite fait
Ce n'est pas la première fois que le Strasbourgeois s'intéresse à la "banalité du mal" et au nazisme. Avec "L'impossible retour, une histoire des juifs en Allemagne depuis 1945" , Olivier Guez enquêtait dans la mémoire des juifs d'Allemagne, dans leur identité et dans leur étrange rapport à la patrie de Goethe et d'Himmler.
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Pour sa bio, rapidement, il a fait ses études à Sciences Po Strasbourg. Puis à la London School of Economics et au Collège d'Europe de Bruges. Il travaille aujourd'hui comme journaliste indépendant pour plusieurs grands médias internationaux, dont le New York Times, Le Monde, le Frankfurter Allgemeine Zeitung, Le Figaro Magazine, L'Express, Le Point, Politique Internationale, Der Freitag, Der Tages Anzeiger, Das Magazin et Il Foglio.Olivier Guez est l'auteur de deux romans, 5 essais et un scénario.
Yannick Haenel, son oeuvre
Yannick Haenel, lui, fait partie des quatre derniers romanciers retenus pour le Prix Goncourt. Pour l'anecdote, Olivier Guez concourrait également pour le Goncourt mais il a été finalement écarté de la short list.
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Le Goncourt sera lui aussi attribué demain. Lui aussi à Drouant, une minute avant le Renaudot. C'est la tradition. L'académie Goncourt, est présidée, elle, par Bernard Pivot et se compose de Pierre Assouline, Tahar Ben Jelloun, Françoise Chandernagor, Philippe Claudel, Paule Constant, Didier Decoin, Virginie Despentes, Patrick Rambaud et Eric-Emmanuel Schmitt. Là encore que de belles plumes. Ils auront la lourde tâche de désigner la ou le successeur de Leïla Slimani.
Yannick Haenel a donc été retenu pour son dernier livre "Tiens ferme ta couronne" publié chez Gallimard ( je répète ce que j'ai dit tout à l'heure). On s'en doute : on est loin bien loin de l'univers de son compatriote. Là y a moyen qu'on se marre un coup. Tout en restant sérieux, bien évidemment.
Et effectivement, les premières pages ainsi que le "pitch" (comme on dit) donnent le ton.
Voyez plutôt. Un homme a écrit un énorme scénario sur la vie de Herman Melville : The Great Melville, dont aucun producteur ne veut. Un jour, on lui procure le numéro de téléphone du grand cinéaste américain Michael Cimino, le réalisateur mythique de Voyage au bout de l'enfer et de La Porte du paradis. Une rencontre a lieu à New York : Cimino lit le manuscrit. S’ensuivent une série d’aventures rocambolesques entre le musée de la Chasse à Paris, l’île d’Ellis Island au large de New York, et un lac en Italie. On y croise Isabelle Huppert, la déesse Diane, un dalmatien nommé Sabbat, un voisin démoniaque et deux moustachus louches ; il y a aussi une jolie thésarde, une concierge retorse et un très agressif maître d’hôtel sosie d’Emmanuel Macron.
Qu'est ce que je vous disais ?
Yannick Haenel, sa vie vite fait
Bon là on vous l'accorde, l'auteur n'est pas réellement alsacien dans le sens où il n'y a jamais vraiment vécu. Non en fait Yannick Haenel a des origines alsaciennes, il a de la famille en Alsace Bossue. Il y a d'ailleurs passé de nombreuses vacances.
Ca compte ça non ?
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Sinon Yannick Haenel a 50 ans et est l'auteur de 7 romans dont Jan Karski, Prix du roman Fnac et prix Interallié en 2009. Il est aussi chevalier de l'ordre des Arts et des Lettres. Bref, ce n'est pas un novice dans les compétitions.
Voilà maintenant que les présentations sont faites, il n'y a plus qu'à leur dire merde. Pas très littéraire j'en conviens.