Une drôle d'affichette a fait son apparition il y a quelques jours quai du Bassin-de-l'Ill, à Strasbourg. Comme ça elle ne paie pas de mine. Pourtant elle suscite un vif émoi. On vous explique pourquoi.
Ce petit chemin ne sent pas forcément la noisette ( Mireille si tu nous écoutes ), il sent même parfois la crotte de chien mais il est tout de même si charmant. Bucolique, il serpente entre les saules pleureurs, les institutions européennes et les promeneurs tranquilles. Pour peu qu'il y ait quelques cygnes qui fassent leurs ablutions et là ... c'est carrémment Id'Ill yque.
Pour Bernard Irmann, notre guide aujourd'hui, c'est même "avec la cathédrale, le plus bel endroit de Strasbourg". C'est dire.
Mauvaise surprise
Si Bernard Irmann nous accompagne dans cette balade, c'est que c'est un cycliste très remonté. Voilà le tableau. C'était il y a dix jours. Bernard, comme souvent, emprunte le quai du Bassin-de-l'Ill en sifflottant, cheveux au vent et tête dans le guidon. Quand soudain, ses yeux tombent sur un bout de papier, accroché au grillage. Tiens, c'est nouveau ça ?
Et quand on zoome à fond sur la photo comme ceci ....
La sang de Bernard Irrmann ne fait qu'un tour de pédale. "Je me dis qu'ils vont nous faire le même coup qu'il y a deux ans avec le quai d'en face, le long du Parlement qui a été fermé au public du jour au lendemain, sans information, sans consultation et de façon permanente". Tristesse.
Voie sans issue
Bernard appelle la Ville, la Préfecture, le Parlement ... aucune réponse. Ni sur la nature des travaux, ni sur le calendrier, ni sur la fermeture ponctuelle ou permanente de cette portion de quai. Dans sa tête ça mouline sacrément.
Nous avons eu un peu plus de chance. Le service de presse du Parlement nous explique qu'effectivement d'ici fin août 2018, les travaux devraient être terminés. Des portails oui mais qui ne seront pas fermés de manière "permanente" mais "ponctuellement selon le niveau d'alerte, niveau d'alerte qui sera défini par les Autorités françaises en conciliation avec le service de sécurité du Parlement Européen."
Au " pire du pire, me dit-on, le chemin sera fermé 72 heures par mois, pendant les cessions parlementaires" ou peut-être même "qu'il ne sera fermé que lors des visites de super VIP au Parlement". Bref, on patauge encore un peu.
Bunker
Ces 300 mètres de pistes cyclables ne sont peut-être rien pour vous mais pour Bernard ça veut dire beaucoup. Et pour beaucoup d'autres aussi d'ailleurs. Car, la piste est très empruntée. Elle relie la Robertsau au centre-ville de Strasbourg en évitant l'allée de la Roberstau, ces pavés casse gueule et ces brochettes de pots d'échappement. Et puis rajoute Bernard "c'est tellement plus agréable ici au bord de l'eau, c'est un joli lieu de promenade".
©France 3 Alsace
Sans compter l'aspect symbolique. Imaginez un peu cette Europe qui déglingue le quotidien des cyclistes, qui met des portails automatiques sur les "petits chemins de traverses" et qui se barricade. "C'est très dommage tout ça. Le quartier européen va se fermer à la population. C'est ça qu'on veut comme Europe ? Des portes ouvertes une fois par an et des portails toute l'année". Et Bernard de conclure "Quand on vient ici on sent l'Europe, ce serait bien triste qu'elle se replie sur elle même."
Mobilisation
La mobilisation se prépare car, comme Bernard, beaucoup restent septiques et pensent que cette fermeture sera définitive et les quais privatisés. Une pétition est en ligne depuis mardi. Cyclistes et piétons sont invités à se rendre à la manifestation jeudi à 17h30 sur le Pont de la rose blanche organisée par Velauch, l'association robertsauvienne de Bernard, er l'ADIR. Histoire de dire que cette fois ils ne se feront pas rouler.