Ils se sont rencontrés sur les bancs du collège. Le groupe de rock Last Train a fait ses classes dans le foyer de la vie scolaire. En cette fin d'année 2023, les quatre Alsaciens du Sundgau peaufinent leur troisième album. Retour sur une success-story dans notre nouveau magazine d'Enquêtes de région consacré à "toute la musique qu'on aime".
De l'Alsace aux scènes du monde entier, des salles du collège à celle de l'Olympia. C'est le parcours suivi par les quatre jeunes gars de Last Train, un groupe de rock indépendant, tout droit sorti de la campagne alsacienne, quelque part dans le Sundgau. Comme un petit air de déjà-vu, une histoire comme on les aime, de réussite, d'amitié et de jeunesse.
C'est l'une des trois enquêtes proposées dans notre nouveau numéro d'Enquêtes de région "Toute la musique qu'on aime !". Voici trois bonnes raisons de la suivre en replay ci-dessus.
1. Parce que leur histoire fait rêver
Qui ne s'est jamais rêvé sur scène, comédien ou musicien ? Qui n'a jamais caressé ce rêve en chantonnant "Je me voyais déjà....." ? Jean-Noël Scherrer, Timothée Gérard, Julien Peultier et Antoine Baschung en ont rêvé et Last Train les a propulsés en haut de l'affiche. Ils ont concrétisé le rêve de chaque apprenti musicien et prouvent ainsi que c'est possible.
Ils se sont rencontrés sur les bancs du collège et ont commencé à jouer ensemble. Une histoire d'amitié enfantine qui se soude aux fils des années. "Ça fait dix ans qu'on crée de la musique ensemble ; c'est vraiment l'histoire d'un petit groupe qui commence au collège et qui finit à l'Olympia" s'extasie l'un des membres du groupe. La recette de leur réussite "l'amitié et la musique ; la musique et l'amitié, c'est complètement lié." Un cocktail plutôt simple, mais difficile à faire durer.
C'est peut-être là la clé. Le succès commun, partagé, ne les a pas changés. Du haut de leur petite trentaine d'années, ils continuent de ressembler à des adolescents et prennent le même plaisir à répéter, des heures durant, dans des locaux exigus. Ils jouent, ils cherchent, ils testent puis renoncent à certaines idées musicales, dans une envie permanente de construire ensemble.
Selon leur réalisateur musical, Rémi Getliffe, ils sont "quatre copains d'enfance qui font ça avec leurs tripes et qui n'ont pas de plan B". L'un d'eux ajoute : "Pour nous, c'est une évidence d'être ensemble. On n'a pas une grande technique musicale. On est ce genre de musicien qui ne sait pas lire les notes, mais par contre, on a appris à jouer ensemble. C'est quelque chose de très précieux".
2. Parce que le succès ne leur est pas monté à la tête
L'une de leurs plus grandes fans le dit. Marie-Laure Ouadi, CPE du lycée Jean-Jacques-Henner d'Altkirch n'en croit pas ses yeux quand elle voit débarquer les quatre anciens élèves devant son lycée. "Moi, je me souviens de vous" les interpelle-t-elle "mais vous est-ce que vous vous souvenez ?" Évidemment, oui, la période lycéenne n'est pas si lointaine.
Elle tient à leur montrer l'affiche de leur dernière tournée qui trône dans son bureau. "Vous voulez qu'on la signe ?", lance Julien. Évidemment, oui, la groupie n'aurait pas osé demander !
"Je suis très émue de voir leur réussite, la vie qu'ils mènent. Ils sont très pro, mais en même temps modestes. Ce qui m'émeut particulièrement, c'est leur complicité en fin de concert et les hommages qu'ils peuvent rendre à leurs parents. Ils ont encore les pieds sur terre."
3. Pour leur indépendance
L'autre pilier de leur réussite, c'est leur esprit d'indépendance. Ils ont monté leur groupe et après avoir d'abord été produits par des labels, ils ont fait le choix de fonder leur label indépendant. Installés désormais à Lyon, qui offre plus d'opportunités musicales à leurs yeux, ils ont choisi de s'autoproduire et de mettre en valeur d'autres groupes indépendants comme eux. Leur envie : "fédérer une scène indé, française". En s'autoproduisant, ils gagnent en flexibilité, en réactivité.
Aucun intermédiaire, ils sont dorénavant seuls à prendre les décisions, ce qui leur permet d'aller très vite. D'autant que leurs choix sont audacieux et pourraient être freinés pas les formats des labels musicaux plus traditionnels. Comme celui de leur clip "How did we get there ?", réalisé par Julien, qui dure une vingtaine de minutes. "On sait qu'on fait des choses hors format.[...]", assume Jean-Noël, "ce chemin qu'on trace, de suivre plutôt notre instinct et notre envie, a été bénéfique. [...] C'est une histoire d'amitié plutôt chouette et il faut qu'on se tienne à ça : ça paye".
Des choix musicaux audacieux, une amitié sans fausse note, une indépendance revendiquée et les pieds qui touchent bien le sol, une droite ligne pour un succès de longue durée.