Questions autour de la future clinique Rhéna de Strasbourg

Les pouvoirs publics ont validé et aidé financièrement le projet. Cela a créé des remous parmi les élus strasbourgeois. Voilà qu'aujourd'hui il est déjà question d'une extension de Rhéna avec le très probable déménagement de médecins libéraux jusq'alors attachés à d'autres établissements.  

Le paquebot Rhéna trône déjà fièrement dans le quartier du Port du Rhin en pleine mutation. Le Port du Rhin, longtemps délaissé, a fait peau neuve, des logements s'y construisent et le tramway y est annoncé pour le printemps prochain. Pour la municipalité, l'endroit était idéal pour implanter le regroupement des trois cliniques confessionnelles, juive, protestante et catholique de Strasbourg (adassa, diaconat, sainte-odile) sur 30.000 m2.

Les pouvoirs publics ont validé et aidé financièrement le projet. Cela a créé des remous parmi les élus strasbourgeois. Voilà qu'aujourd'hui il est déjà question d'une extension de Rhéna avec le très probable déménagement de médecins libéraux jusq'alors attachés à d'autres établissements.
C'est un projet privé, avec des médecins pratiquant des dépassements d'honoraires totalement libres. Projet privé et malgré tout grandement facilité par les pouvoirs publics, car sur un budget estimé à 101 millions d'euros, l'Etat a donné 20 millions en subvention d'investissement, la mairie, elle, a garanti l'emprunt à hauteur de 92 millions et a accordé un bail emphytéotique à tarif préférentiel; ce qui est loin d'avoir fait l'unanimité au sein même de la majorité strasbourgeoise.

Nous avons cherché à joindre l'Agence régionale de santé (ARS), cet organisme régulateur du système de soins, qui a donné le feu vert initial à Rhéna.  Notre caméra et notre micro n'étaient pas les bienvenus. L'ARS nous a néanmoins expliqué que le nouveau bâtiment permettrait une optimisation des soins, et qu'ainsi l'aide de l'Etat serait amortie sur 5 ans. De son côté la direction de Rhéna, emmenée par Guillaume Lohr, n'a jamais donné suite à nos demandes d'interview, formulées dès le 4 avril. Nous aurions pourtant voulu en savoir davantage sur le montage juridico-financier de la structure, sur le projet médical et s'il allait y avoir une charte limitant les dépassements d'honoraires des médecins libéraux. Le sujet est apparemment très sensible, surtout à l'heure où les hôpitaux universitaires de la ville enregistrent un déficit record de 34 millions d'euros.

Mais Rhéna n'est pas encore en fonctionnement (l'ouverture est annoncée pour le 1er semestre 2017) que ses dirigeants parlent déjà d'un Rhéna 2. 10.000 m2 supplémentaires seraient déjà plannifiés et c'est là tout l'objet de la colère des autres cliniques privées strasbourgeoises qui crient à la déstabilisation de l'offre de soins et au débauchage de médecins. A l'Orangerie, la cardiologie représente un tiers de l'activité, or il se dit que le groupement des cardiologues se serait laissé séduire par Rhéna 2. Contacté le groupement de cardiologues est lui aussi resté sourd à nos demandes d'interview.

Alors devant un tel imbroglio médico-politico financier, un changement de ton s'est opéré à la mairie de Strasbourg ou il n'est plus question de favoriser l'aggrandissement de Rhéna. L'heure n'est certainement pas encore à l'apaisement mais la question de l'offre de soins dans la capitale alsacienne mériterait bien un débat public en toute transparence.

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