Qui est "chasseur de sons", ce phénomène sur TikTok et Instagram qui capte les bruits imperceptibles de la nature ?

Charles Rose, alias "chasseur de sons", cartonne sur les réseaux sociaux en magnifiant les bruits captés en pleine ville et dans la nature. Le Strasbourgeois s'envolera bientôt pour le Canada pour y capter, par exemple, le chant des baleines et travailler sur un album autour de l'écologie.

Casque audio sur les oreilles, micros et sondes en mains, Charles Rose arpente aussi bien les rues de Strasbourg que les sentiers forestiers. Cet équipement high-tech permet à l’un des chasseurs de sons les plus suivis sur les réseaux sociaux de capter des bruits dont on ne soupçonnerait pas l’existence.

Comme un médecin avec son stéthoscope, le Strasbourgeois de 26 ans ausculte et écoute tout ce qui l’entoure et l’inspire : les pas frénétiques de centaines de milliers de fourmis, le murmure d'une vieille façade d'église en bois, les entrailles d’un escalator ou le tronc grinçant d'un sapin.

"Tout a commencé en 2019, lors d’un voyage en Norvège. J’y suis allé pour enregistrer des sons dont j’avais besoin pour faire de la musique électronique. Sur internet, on trouve plein d’échantillons sonores, des samples en anglais, ça me bloquait. Je ne savais pas par où commencer. J’ai donc décidé d’aller les capter moi-même", confie le jeune homme originaire du Nord.

De la passion personnelle au million d'abonnés sur Instagram

Rentré de son périple au pays des fjords, le chasseur de sons sort un album, à partir des sons bruts qu’il a récoltés. Des tonalités qu’il amplifie, empile et nettoie en postproduction au service de sa musique. Il exploite aussi chaque enregistrement séparément, à la recherche d'une forme de quintessence sonore que peut offrir chaque objet, chaque arbre, chaque être vivant.

Cela marque le début de l’aventure de cet autodidacte qui s’est formé en suivant "des tutoriels et des formations en ligne" pour apprivoiser les logiciels complexes de création musicale. "Je me suis pris au jeu, d’abord pour moi-même, puis à partir de 2022 j’ai commencé à partager mes passions du son et de la vidéo sur les réseaux sociaux. Je me filme en train de capter des bruits", poursuit Charles Rose, qui achève la même année ses études en ingénierie mécanique.

J'attends parfois plusieurs heures, au contact de la nature, jusqu'à ce que la magie opère

Charles Rose, chasseur de sons

Deux ans plus tard, il compte 1,3 million d’abonnés sur Instagram et plus de 122 000 sur TikTok. Le caractère universel de son concept séduit une communauté très internationale, des États-Unis à l’Inde en passant par le Mexique et la France, bien entendu. Ses deux publications les plus appréciées à ce jour étonnent et détonnent : une sonde collée sur une mousse de forêt qui semble parler, une autre, plongée cet hiver dans le lac gelé du Mummelsee, en Forêt-Noire :

@chasseurdesons The sounds of rain on a frozen lake ❄️ #aesthetic #rain #tiktok #fyp ♬ son original - Charles Rose 👂

Une quinzaine, voire une vingtaine de secondes, pas plus… qui ne sont que la partie émergée de l’iceberg. "Une vidéo me demande deux à trois jours de travail non-stop, précise Charles Rose. Pour la mousse par exemple, cela demande beaucoup d’ajustements. C’est un son très fin, très léger. Il faut travailler les fréquences, nettoyer les pistes."

Un nouvel album en projet autour de la nature du Canada

Idem pour capter le son lui-même. "J’ai parfois dû attendre plusieurs heures, comme sur le lac gelé. Il faut se montrer patient jusqu’à ce que la magie opère. Sur cette prise, on entend comme des bruits de laser, ça fait penser à de la science-fiction", ajoute-t-il. La nature qui parle, matière première de base pour faire de la musique, et éveiller les consciences. "Faire ça, c'est du plaisir, mais le but est aussi de sensibiliser les gens à l’écologie", insiste le chasseur de sons.

"Grâce aux réseaux, certains profs ou des parents sont tombés sur mon travail et veulent le diffuser en cours ou le faire écouter à leurs enfants. Des gens m'ont même demandé des références de matériel. Susciter la curiosité des jeunes par rapport à l'environnement, c'est très important pour moi", enchaîne-t-il.

Pour rendre la nature rendue plus vivante que jamais, il se rendra en mai 2024 au Canada durant plusieurs mois. Un projet qu'il mène de concert avec sa petite amie. Elle veut vivre une expérience professionnelle à l'étranger pendant que lui goûtera aux contrées sauvages et à la fièvre des villes du deuxième plus grand pays du monde, et même au-delà. "Je suis déjà en contact avec une association, Murmure des océans, qui fait de la pédagogie autour des mammifères marins."

Charles Rose partira ainsi sonder les eaux au large du Québec pour entendre chanter les baleines. "Cela me servira ensuite pour un nouvel album sur lequel je vais travailler tout au long de ce voyage. J'ai encore d'autres idées, en lien aussi avec la culture canadienne. Chaque morceau correspondra à une aventure vécue sur place", explique le jeune homme. La date de sortie, lui-même ne la connaît pas... le couple n'a pas encore "de billet retour". Prendre son temps, il n'y a pas mieux pour se reconnecter à la nature et écouter ce qu'elle a à nous dire.

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