Si vous aimez le pissenlit, c’est le moment ! La période de cueillette a débuté en Alsace et elle s’annonce courte. Le légume fait partie des premiers à annoncer le printemps et surtout, il connaît un succès grandissant. On vous explique.
Vous en avez marre du chou, des navets et des topinambours? Ça tombe bien: le printemps déboule dans les assiettes et avec lui, le pissenlit. Le quoi? Certes, pendant longtemps, cette plante considérée comme une mauvaise herbe était consommée par les gastronomes les plus aventuriers, en recherche d’expériences culinaires alternatives. Dorénavant, elle est courue, et même recherchée. Les maraîchers à se lancer dans sa culture sont de plus en plus nombreux en Alsace.
La chambre d’agriculture d’Alsace ne recense pas de données précises sur le sujet. "Ça fait partie des cultures qui échappent aux circuits classiques parce qu’elle est essentiellement vendue à la ferme et en vente directe. Il est donc difficile de savoir quel poids elles représentent véritablement" explique Lilian Boullard, conseiller maraîchage. "On sait simplement que sur 100 à 150 maraîchers alsaciens, au moins la moitié en cultivent."
Parmi eux, Vincent et Laurence Stempfler, installés à Spechbach-le-Haut dans le Sundgau. Pour diversifier leur exploitation, ces producteurs ont sauté le pas il y a 5 ans. Ils ont remis au gout du jour le pissenlit sur un hectare de terre. Tout est écoulé en flux tendu.
Début mars ont reçoit déjà des appels de clients impatients pour savoir si le pissenlit est arrivé
- Laurence Stempfler -
En 2019 la récolte a démarré plus tardivement que l'an passé en raison des variations de températures et de l’automne qui n'était pas suffisamment froid. Le rendement s’annonce également moindre à cause de la sécheresse estivale qui a empêché le développement des racines. Seul lot de consolation: la qualité est, elle, au rendez-vous. "Les tiges sont plus petites que d’habitude. Ça donne des petits pissenlits, mais ils sont beaux" se félicite Vincent Stempfler.
Mais comment ce légume mal-aimé, rustique, est-il devenu un produit tendance ?
"Dans le temps, le pissenlit se trouvait dans les prés, les champs de luzerne, il était ramassé par les connaisseurs. Maintenant, on ne le trouve plus beaucoup à l’état sauvage. Des variétés ont été développées comme le "pissenlit vert de Montmagny" et "l’amélioré à cœur plein" et s’il séduit autant c’est parce qu’il annonce l’arrivée du printemps. C’est l’une des premières récoltes de l’année" explique Jean-Michel Obrecht, le maraîcher star des grands chefs strasbourgeois, amateur de bonnes herbes et de légumes anciens."Je me rappelle que gamin, on allait le ramasser en famille" se souvient de son côté Daniel Gibaru. Dans le domaine, cet habitant d’Ohis, dans l’Aisne, est un grand maître. En fan inconditionnel, il a créé en 2000 la seule confrérie du pissenlit de l’hexagone. L’une de ses premières actions? Lancer la fête annuelle du pissenlit qui draine jusqu’à 3.000 personnes "venues de partout en France et même de Belgique" tient-il à préciser, et lors de laquelle s’écoulent plus de 80 kg de légume. Tout de même!
Je suis étonné de cet engouement. Auparavant on cherchait à détruire cette mauvaise herbe, aujourd’hui on se l’arrache. C’est la preuve que les consommateurs veulent revenir à des produits naturels. Ils sont aussi attirés par les vertus de la plante.
- Daniel Gibaru -
Promouvoir la "salade des champs" et vanter ses propriétés médicinales c’est justement le but des amis du pissenlit. Ils sont au nombre de 6 dans la confrérie. Pas nombreux, d’accord, mais ils ont des idées à revendre pour vous en faire manger. Ces dernières années, sous l’impulsion de Daniel, une moutarde, du vin, de la bière et de la confiture au pissenlit ont vu le jour.
Une herbe verte-ueuse
Du côté des bienfaits, ils seraient effectivement nombreux même s’ils n’ont jamais vraiment été démontrés par la science. Au sortir de l’hiver, consommer la plante permettrait de purifier le corps et d’éliminer les toxines. Source de nutriments, de vitamine C, de fer, de calcium elle permettrait aussi de traiter le manque d'appétit, les troubles digestifs mineurs, d'améliorer les fonctions hépatiques, biliaire et urinaire, d’où son surnom de "pisse-au-lit" et contribuerait à prévenir les calculs rénaux.Dans le pissenlit tout est exquis !
Si dans le cochon tout est bon, dans le pissenlit tout est exquis assurent les connaisseurs. De la racine à la fleur, en passant par la feuille et les boutons floraux. Crues, en soupe, en salade, les recettes sont nombreuses. Dans le magasin des Stempfler, notre couple de maraîchers installé à Spechbach-le-haut, chaque client y va de sa recette. "Je le cuisine avec de l’huile, du vinaigre et du lard", avance une amatrice. "Moi je rajoute des oignons" dit-une autre.Pour Jean-Michel Obrecht, la meilleure façon de le consommer reste en salade.
Salade de pissenlit au lard - Faire revenir du lard bien gras dans une poêle. - Lorsqu’ils sont bien cuits, déglacer avec du vinaigre Melfor. - Verser le tout sur les pissenlits crus préalablement disposés dans un bol. - Couvrir le bol et laisser reposer 5 minutes pour que les saveurs imprègnent de légume. - Servir avec des pommes de terre cuites et/ou des oignons. |
Vous en avez l’eau à la bouche ? Sachez que la saison du pissenlit ne dure que trois semaines. C’est donc le moment de se dépêcher… à condition de ne pas avaler de travers au regard du prix. Pour un kg, il vous en coûtera en moyenne 10 euros. Bon appétit.