Sophie, 25 ans, fait partie de ces victimes "psychologiques" de la fusillade de mardi soir dans le centre-ville de Strasbourg. Jointe par téléphone, elle a bien voulu témoigner de sa souffrance. Malgré l'émotion qui lui enserre la voix et les mauvais souvenirs qui refluent.
Mardi soir, Sophie se rend au centre-ville de Strasbourg avec une amie en quête d'un bon resto. "Aux abords de la Grand Rue, on a entendu des coups de feu. Mon amie m'a dit en plaisantant que ça devait être quelqu'un qui tirait dans la foule. C'est là qu'on a vu les gens courir. Ils nous disaient de ne pas marcher par là. Au début, je me suis dit que c'était rien, que la police allait intervenir."
"Là, j'ai vu un homme qui marchait vite mais calmement. J'allais lui demander ce qui se passait quand je me suis aperçue qu'il dissimulait quelque chose. J'ai tout de suite su que c'était lui. L'instinct, je pense. Il m'a regardé droit dans les yeux et a passé son chemin." Les deux amis vont trouver refuge dans un café avant de rentrer chez elles vers 21 heures.
"Sur le coup, je n'ai pas voulu me rendre à la cellule d'urgence médico-psychologique. Je voulais juste être en sécurité. Je me suis dit que ça allait passer. Mais l'impact est trop fort. Je tremble de peur pendant des heures. Quand je ferme les yeux, je revis les événements en boucle. C'est très compliqué. J'ai pas arrêté de penser à ce qui serait arrivé si je lui avais parlé. J'ai pleuré toute la nuit. j'ai rêvé de ma mort, je me suis sentie partir. Je suis certaine que c'est ce que je ressentirai quand je mourrai."Je tremble de peur pendant des heures. Quand je ferme les yeux, je revis les événements en boucle
Sophie a décidé de se rendre au centre d'accueil des familles mis en place place Dauphine à Strasbourg. " J'ai peur de ne pas m'en remettre. De ne pas me remettre de cette violence, de ce timing tellement serré. J'ai pas le choix, je dois parler à quelqu'un sinon je tiendrai pas le coup. J'attends qu'on m'aide. Qu'on enclenche une démarche de réflexion qui me permette de sortir de là."J'ai peur de ne pas m'en remettre. De ne pas me remettre de cette violence, de ce timing tellement serré