Avec plus de 11.000 personnes présentes à chaque concert depuis septembre, le Zénith de Strasbourg ne désemplit pas. Preuve d'un regain d'intérêt pour le secteur de la culture, qui essuie pourtant encore les plâtres de la crise sanitaire.
SCH, complet. Orelsan, complet pour un deuxième passage. Sting, complet. The Cure, prévu ce vendredi 18 novembre, complet. Damso ce dimanche 20 novembre 2022, complet… Et ainsi de suite. Depuis septembre, le Zénith de Strasbourg, le plus grand de France avec une capacité d'accueil entre 11.000 et 12.000 personnes, ne désemplit pas. "Il y a une envie de sortir de la part du public", souligne Sylvie Chauchoy, directrice du Zénith du Bas-Rhin : "Les gens étaient bien sur leur canapé mais rien ne vaut le live. On ne vibre pas devant sa télévision comme devant un artiste."
Les gens étaient bien sur leur canapé mais rien ne vaut le live. On ne vibre pas devant sa télévision comme devant un artiste
Sylvie Chauchoy, directrice du Zénith de Strasbourg
Un peu plus d’un tiers des Français indiquent en effet assister à un concert au moins une fois par an, selon le dernier Baromètre des pratiques culturelles des Français, publié en septembre par Harris Interactive. La directrice du Zénith note de son côté une appétence particulière pour la musique urbaine, qui "incontestablement prend le pas sur la variété française ou les spectacles plus récurrents".
Pas un, mais des publics
Reste que chaque concert, peu importe le style musical, trouve son public, et même ses publics pour le Zénith : "On a touché des tranches d’âges différentes et pourtant il peut s’agir d’un même porte-monnaie familial. Les parents qui sont allés voir Sting ont peut-être un enfant qui a demandé à voir Orelsan", indique Frédéric Saint-Dizier, président des productions LN, société organisatrice et productrice d’événements culturels, avec récemment Orelsan, Sting et The Cure pour le Zénith. "Si on se cantonne à cette photographie de fréquentation à l’instant T, on est vraiment satisfaits", se réjouit-il.
Nous sortons d’une interdiction de travail et nous vivons encore dans une phase de reprise.
Frédéric Saint-Dizier, président des productions LN
Pourtant, les séquelles de la crise sanitaire ne doivent pas être sous estimées, comme tient à le rappeler Frédéric Saint-Dizier, également vice-président du Prodiss, le syndicat national des producteurs, diffuseurs, festivals et salles de spectacle musical et de variétés, qui compte environ 400 adhérents.
"Nous sortons d’une interdiction de travail et nous vivons encore dans une phase de reprise. Ça fait une petite année que l’on a retrouvé le rythme de programmation d’avant, mais beaucoup d’événements ont été reportés, donc les anciennes dates et les nouveaux projets doivent cohabiter", analyse-t-il. Les billets pour Sting avaient par exemple été vendus début 2020, tandis que le concert a eu lieu le 15 novembre 2022.
Noël en ligne de mire
Une telle abondance d'offres culturelles peut ainsi procurer, pour les organisateurs, "quelques petites déceptions, car les gens font des choix", confie Frédéric Saint-Dizier. D’autant que le secteur pourrait pâtir d’un pouvoir d’achat de plus en plus en berne, comme l’illustre le Baromètre des pratiques culturelles des Français.
Si "la moitié des spectateurs de live pensent ne pas changer leurs habitudes en matière de fréquentation des salles de spectacle, 32% pense plus souvent réduire la fréquence de ce type de sortie", à 48% pour des raisons financières. "Il y a un regain d’intérêt, mais est-ce qu’il va être durable et aura encore de l’élan ?", s’enquiert ainsi Frédéric Saint-Dizier.
Il y a un regain d’intérêt, mais est-ce qu’il va être durable et aura encore de l’élan ?
Frédéric Saint-Dizier, président des productions LN
La période de Noël, "essentielle en termes de commercialisation", sera à ce titre décisive pour se projeter davantage, puisque pour les productions LN, elle représente habituellement 20 à 25% des billetteries de l’année qui suit. "On met l’accent sur cette période pour inciter le public à déposer au pied du sapin un billet de spectacle", indique le président de la société organisatrice et productrice.
Le futur défi des Jeux Olympiques
Toujours du côté du Zénith de Strasbourg, de nombreux concerts prévus en 2023 peuvent déjà, d'après la billetterie, se targuer d’être des succès : Louise Attaque, Lomepal, Soprano, Foresti, Sardou…. "Une belle année qui se présente", selon les mots de Sylvie Chauchoy. D’autant que le Zénith de Strasbourg fêtera l'année prochaine ses 15 ans.
L’année 2024, elle, s’annonce d’ores et déjà plus complexe, compte tenu de la possible annulation de festivals évoquée par le gouvernement pour assurer la sécurité des Jeux Olympiques, comme le regrette Sylvie Chauchoy : "Nous sommes inquiets car si des tournées de festivals sont annulées, l’impact pourrait être important pour les salles. Mais il faut qu’on se batte pour maintenir notre activité. On ne peut pas être une variable".