Depuis des années, et d'autant plus suite au confinement de 2020, les rats se multiplient à Strasbourg. C'est particulièrement le cas dans le quartier de l'Elsau. La population vivant dans les immeubles de la rue Martin Schongauer, notamment, n'en peut plus.
À Strasbourg, depuis plusieurs années, les rats prolifèrent dans certains quartiers. La météo clémente des derniers mois, conjuguée au confinement, n'a rien arrangé. C'est notamment le cas à l'Elsau. "Ce quartier est délaissé et se détériore", déplore un natif elsauvien. "On dénonce ce problème de salubrité depuis des années", ajoute un autre. Un troisième habitant déclare : "C'est vraiment sale. Le quartier doit être repris en main."
Le problème se retrouve particulièrement autour des sites de dépôt d'ordures longeant la rue Martin Schongauer (voir sur la carte ci-dessous). Il s'agit d'une zone de la ville où se trouvent beaucoup d'immeubles. La population qui y vit supporte de plus en plus mal la situation. Elle veut que les choses changent.
La municipalité a été interpellée, notamment par le biais de l'Association des locataires indépendants de Strasbourg (ALIS-UNLI), comme le révélait nos collègues de France Bleu Alsace. C'est Benjamin Soulet, l'adjoint à l'équité territoriale, qui est chargé d'apporter des réponses.
"La question des rats est très prégnante à l'Elsau [voir dans la vidéo ci-dessous; ndlr], mais elle touche également beaucoup de secteurs de la ville. On l'observe sur les quais, on l'observe sur les secteurs d'habitat récent, et aussi fortement dans les quartiers d'habitat social dense. Le phénomène a augmenté récemment. L'hiver a été doux. Le printemps précoce. Le confinement a fait que les gens consommaient davantage sur leur lieu de résidence." Forcément, consommer davantage induit une quantité plus élevée de déchets. Et les jeter sans respect ni civisme n'arrange rien.
L'hiver a été doux. Le printemps précoce. Et il y a eu le confinement.
"Face à ce contexte particulier à caractère exceptionnel, on se met en ordre de marche : on a conscience du phénomène. Et on a conscience des enjeux : beaucoup de dégâts sur les bâtiments, beaucoup de vecteurs de maladies via les excréments ou puces. Quelle réponse forte peut-on apporter ?"
Cette réponse est loin d'être simple. "Il n'est pas question d'éradiquer les rats. Ils font partie de l'espace urbain. L'idée, c'est de les réguler davantage. Avant, les réponses étaient fortement chimiques. Pour des questions règlementaires et écologiques, l'État nous oblige à baisser le taux de principe actif. À Paris, ces appâts ont fait disparaître l'ensemble des chouettes. On va être plus sur les causes du phénomène : agir sur la réduction des déchets, multiplier les poubelles et containers fermés, renforcer la sensibilisation sur les bonnes pratiques auprès des habitants."
Un expert en dératisation explique comment se passe son travail. "Les appâts sont évidemment efficaces. Poser les appâts sur les lieux de passage des rongeurs a des résultats. Le problème, c'est de pouvoir en poser partout. Aujourd'hui, on équipe l'intérieur des locaux poubelles ou des caves. Sur ce type d'infestations avérées et conséquentes, il faudrait qu'on puisse appâter la périphérie des bâtiments, des locaux poubelles : en extérieur."
"Le problème est que la durée de vie d'un appât en extérieur est excessivement courte. Et que c'est dangereux si l'appât est dispersé après avoir été cassé, par exemple par des animaux domestiques, ou des enfants, ou autres. Notre dispositif ne sera pas respecté suffisamment longtemps pour être efficace."
Dans le cas présent, l'entreprise intervient à la demande. Le bailleur social fait "très souvent" appel à ses services. Mais dans ces cas "extrêmes", peut-être faudrait-il encore plus intensifier les campagnes.