Strasbourg : deux sociologues collectent des souvenirs du premier confinement

Deux sociologues de l'université de Strasbourg (Unistra) collectent des souvenirs du premier confinement. Jusqu'à fin juin, il est possible de leur envoyer dessins, photographies, et autres journaux intimes par exemple.

"Un an après, mémoires déconfinées." C'est le titre d'un projet de collecte de souvenirs du premier confinement, effectuée par deux sociologues de l'université de Strasbourg (Unistra), qui travaillent sous l'égide du laboratoire des Dynamiques européennes (Dyname). Ces souvenirs peuvent être envoyés à l'adresse memoires-deconfinees@misha.fr jusqu'à la fin du mois de juin 2021. 

Jeanne Teboul est maîtresse de conférences à la faculté des sciences sociales de Strasbourg : c'est une anthropologue spécialiste des commémorations. Quant à Cathy Blanc-Reibel, du CNRS, il s'agit d'une ingénieure d'études en analyse des sources historiques et culturelles, spécialisée dans les mémoires urbaines. Cette dernière a répondu aux questions de France 3 Alsace.
 


L'idée n'est pas nouvelle. "Nous ne sommes pas les seules à avoir eu envie de garder une trace de ce qui s'est passé : ça a aussi été le cas en sciences de l'Homme à Marseille, aux archives de Strasbourg..." Les archives strasbourgeoises avaient aussi récolté des dessins réalisés après l'attentat du marché de Noël. 

Le but de ce "travail mémoriel", c'est de retenir ce qu'ont vraiment pensé les gens de la période du confinement. "Au début, les souvenirs sont très vifs. En revenant un an après, on se souvient différemment." La sociologue donne un exemple. "Tout le monde se souvenait des ruées dans les supermarchés, ou les gens qui constituaient des stocks de papier-toilette. Un an après, c'est devenu beaucoup plus anecdotique."
 


La collecte a été lancée le mercredi 17 mars 2021, date anniversaire du début du premier confinement. Lequel s'était achevé le 11 mai 2020. Les souvenirs recherchés peuvent aussi concerner le deuxième confinement (automne 2020), mais l'accent sera mis sur ceux du premier, pour avoir "un ensemble plus homogène".

L'appel court jusqu'à la fin du mois de juin (il a été relayé sur les réseaux sociaux universitaires strasbourgeois, par exemple dans le tweet ci-dessous). Le mode de transmission électronique a été privilégié par les personnes et institutions participantes, mais il est tout à fait possible de remettre des documents sous forme matérielle. 
 


Le grand public, quel qu'il soit, est invité à contribuer avec ses souvenirs de ce grand moment collectif qu'a été le confinement. La sociologue note qu'au sujet de l'aspect "participatif" de la démarche, le "passage à l'acte" n'est pas toujours aligné sur l'envie de participer. "On se dit qu'on voudrait le faire, mais ce ne sera pas forcément le cas." En se disant par exemple que d'autres le feront... Or, le projet ne peut aboutir que s'il y a une forte mobilisation.

La société civile a aussi été approchée, tel le fameux Pierre le crieur public. De même que certaines institutions ou associations, comme le Planning familial et Les Petits Frères des Pauvres. Les élèves de l'Insitu Lab, au lycée Le Corbusier, ont livré une véritable pépite : "un journal du confinement qui représente 400 pages de documentation".
 


Les dessins (voir celui illustrant des témoignages de jeunes racontant leur vie avec le confinement et le coronavirus) ou les photographies sont la bienvenue. "Si on ne collecte pas ces archives, elles finiront par disparaître." Il faut dire que les albums n'ont plus la côte : même si l'on prend beaucoup de photographies à notre époque, celles-ci restent souvent au fond d'un disque-dur et finissent par être oubliées.

Les histoires ou les textes sont tout autant recherchés, car ils permettent également de raconter le confinement. Tous ces documents seront sauvegardés, analysés, et précieusement archivés. Leur étude permettra de montrer aux générations actuelles et futures comment a été perçu ce qui restera probablement considéré comme l'un des évènements majeurs vécus par la société française du début du XXIe siècle.
 


Une exposition pour restituer le fruit de cette collecte pourrait avoir lieu à la Maison interuniversitaire des sciences de l'Homme - Alsace (Misha), ou encore au Cinquième lieu. En effet, "le but n'est pas de tout garder pour nous, mais de pouvoir le partager et commenter". Et qui sait, si les conditions sanitaires le permettent enfin, une grande réunion pourrait avoir lieu avec toutes celles et tous ceux ayant confié leurs souvenirs aux deux sociologues.
 

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