Strasbourg. Grève des éboueurs, "cassé à 50 ans, pour même pas 2.000 euros par mois"

Chauffeurs et éboueurs du service de collecte des déchets de l’Eurométropole de Strasbourg se sont mis en grève ce mardi 19 avril, et pour une durée indéterminée. Ils demandent une revalorisation générale de leurs rémunérations.

Devant leurs locaux du « site de la fédération », dans le quartier de la plaine des Bouchers à Strasbourg, ils sont une soixantaine de grévistes à s'être rassemblés ce mardi 19 avril au matin, sur les quelques 300 agents du service. Ils ont revêtu leurs vestes orange mais ils n’ont pas pris leur service au sortir du long week-end férié. Devant les pancartes en carton qui annoncent « éboueurs en grève », les conditions de travail et les salaires animent toutes les discussions.

Qu’ils soient chauffeurs ou éboueurs, le ras-le-bol est identique : "Je vais avoir 62 ans, et je ne gagne même pas 2.000 euros nets par mois", explique Christian, chauffeur au service propreté de l’Eurométropole depuis 26 ans.

Dany embraye : "Moi j’ai commencé en 1978. Je suis « adjoint technique principal première classe », ça veut dire que je suis au taquet de l’évolution. Je pars à la retraite le 1er juin et je toucherai 1.643 euros nets, et c’est seulement parce que j’ai trois enfants."

100 euros de plus

Les grévistes, qui ont voulu leur mouvement libre de tout syndicat, réclament une meilleure rémunération. "Ca passe par une augmentation du point d’indice qui n’a pas été revalorisé depuis 2007", précise David Normand, qui prend la parole pour ses collègues. "On veut 100 euros de plus" lance un gréviste. "200 !" renchérit un autre. Les grévistes expliquent avoir eu une réunion il y a un mois avec leurs responsables, mais n’avoir eu aucune réponse depuis, ce qui les a motivés à passer à l’action ce mardi.

Mickaël est déterminé : "J’aime mon métier, le service à la personne, on est indispensables à la population. Mais on fera grève le temps qu’il faut, comme à Marseille, tant qu’on n’aura pas obtenu ce qu’on demande". Eboueur depuis 20 ans, il gagne 1.740 euros nets mensuels. "Pour compléter, je fais des dimanches au service balayage. C’est 80 euros la journée. Mais on n’a le droit d’en faire qu’un ou deux par mois, donc je n’arrive pas à 2.000 à la fin." 

Un métier très physique

Car le métier est dur. Lever aux aurores, prise de service à 5h30 pour les éboueurs, dehors par tous les temps à ramasser les ordures ménagères… A faire les allers-retours jusqu’à l’usine d’incinération du Rohrshollen, jusqu’à 150 kilomètres par tournée. Les agents se disent "cassés".

Alexandre a 16 ans de maison, et il ne se voit pas "tirer des bacs jusqu’à 65 ans". Dépité, cet agent affecté à Hautepierre ou à Illkirch raconte l’insalubrité qu’il subit au quotidien : "on est obligés de taper dans les bacs pour faire sortir les rats avant de les tirer". Sans compter la dangerosité du métier. Un travail au beau milieu de la circulation, avec les automobilistes qui parfois s’impatientent. Alexandre revient d’ailleurs d’un arrêt de travail de deux semaines, après avoir subi un écrasement du tendon au poignet après qu’un bac lui est tombé dessus.

Sur les 80 camions en service chaque jour, seuls une vingtaine seraient sortis. "Il n’y a que des vacataires ou des CDD qui ont roulé ce matin" précise David Normand. "Parce qu’on leur met la pression. Mais demain, le mouvement va encore s’intensifier, vous allez voir !" prévoit l’agent. Une rencontre avec la direction et les élus chargés du sujet est prévue mercredi 20 avril dans la matinée. 

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