Le parquet de Strasbourg a saisi l'IGPN mercredi 3 juin pour qu'une enquête soit menée à l'encontre de trois policiers. Un homme de 21 ans, jugé pour vol de vélo et violence envers la police, aurait en fait été agressé par un fonctionnaire au commissariat, à Strasbourg, d'après la vidéosurveillance.
L'Inspection générale de la Police nationale (IGPN) a été saisie par le parquet de Strasbourg, mercredi 3 juin. Le parquet souhaite l'ouverture d'une enquête après l'agression par un fonctionnaire de police d'un jeune homme noir de 21 ans, le 28 mai au commissariat, à Strasbourg.
L'affaire est décrite comme "complètement irréaliste et scandaleuse" par maître Kaoutare Choukour, l'avocate du jeune homme de nationalité guinéenne. Mardi 2 juin, son client était jugé en comparution immédiate pour le vol d'un vélo, place de la gare à Strasbourg, dans la nuit du 27 au 28 mai 2020, et pour violences envers un policier au commissariat. Le fonctionnaire se serait vu prescrire 15 jours d'interruption temporaire de travail après avoir été blessé à l'épaule. Des accusations contestées par le prévenu, qui affirmait au contraire avoir été victime de violences policières.
"Face à ces incohérences", son avocate, maître Kaoutare Choukour a demandé à visionner, devant le tribunal, la vidéosurveillance du commissariat. Sur les images, le policier apparaît clairement en train de frapper le jeune homme au visage et de le pousser contre une porte. "Mon client était très calme, menotté. Le policier lui a enlevé les menottes et lui aurait chuchoté à l'oreille "maintenant, tu vas pouvoir te défendre". Sous-entendu, on va se battre. Mon client est resté calme. C'est là que le policier lui a mis un coup de poing", détaille l'avocate.
Stupeur au tribunal
"Il y a eu des cris dans la salle lorsque la vidéo a été diffusée. On a pris conscience de quelque chose qu'on n'avait pas même imaginé. Une banale histoire de vol de vélo s'est transformée en affaire de violences policières gratuites. Je m'interroge sur les raisons, je ne comprends pas. L'enquête est fondamentale pour que l'on ait des explications", précise-t-elle, dans un contexte où de plus en plus de voix s'élèvent en France et dans le monde contre les violences policières et les crimes racistes.
Dans un communiqué, le parquet a confirmé ce jeudi 4 juin la saisie de l'IGPN par le parquet afin qu'une enquête soit menée : "Mercredi matin, au vu de la copie du dossier et de la note d’audience, le procureur a saisi l’IGPN d’une enquête ouverte du chef de violences commises par un dépositaire de l’autorité publique".
Trois policiers visés par l'enquête
Trois policiers sont concernés : le fonctionnaire auteur de l'agression, une de ses collègues qui a témoigné en sa faveur, ainsi qu'un troisième fonctionnaire chargé de retranscrire les images de la vidéosurveillance. Maître Kaoutare Choukour juge leurs comportements inadmissibles : "Si on n'avait pas eu les vidéos et si le président du tribunal n'avait pas accepté de briser les scellés pour les visionner, mon client aurait été condamné à un an de prison pour outrage à l'égard d'un agent dépositaire de l'autorité publique. Je me dis que tous mes clients qui me disaient avoir été victimes de violences policières et qui ont été condamnés disaient peut-être la vérité."
L'avocate, qui indique ne pas comprendre pourquoi son client est toujours à la maison d'arrêt alors qu'il a été relaxé, envisage de déposer plainte prochainement.