Strasbourg : Jeanne Barseghian abroge l'arrêté anti-mendicité controversé

La ville de Strasbourg a annoncé ce jeudi 30 juillet l'abrogation de l'arrêté anti-mendicité signé en avril 2019 par l'ancien maire Roland Ries. Ce texte avait suscité la polémique et divisé au sein même de l'ancienne majorité.

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La maire de Strasbourg Jeanne Barseghian, affirmant "le droit à la ville pour toutes et tous", a abrogé ce jeudi 30 juillet l’arrêté anti-mendicité, en présence de son premier adjoint, Syamak Agha Babaei et son adjointe à la ville inclusive, Floriane Varieras, annonce la ville dans un communiqué. 

Signé le 25 avril 2019 par Roland Ries, cet arrêté fortement contreversé avait suscité une vaste polémique au sein de la majorité municipale. Il interdisait, de 10h à 20h, l'occupation prolongée des voies publiques de trois secteurs du centre historique, qu'elle soit accompagnée ou non de sollicitation des passants, lorsqu'elle était de nature à entraver la libre circulation ou à porter atteinte à la tranquillité publique.

Son abrogation était une promesse de campagne de la nouvelle édile. "Considérant que cet arrêté portait atteinte à la dignité des personnes, réduisait le droit et la jouissance des usages de la ville, je me suis engagée aux côtés de citoyen.ne.s, associations et collectifs contre cet arrêté dès le mois d’avril 2019.", déclare Jeanne Barseghian.

"Dans une ville où un quart de la population vit sous le seuil de pauvreté, c’est la pauvreté qu’il faut combattre et non les pauvres.
Face à cette extrême pauvreté, la nouvelle municipalité souhaite promouvoir une prise en charge pluridisciplinaire en renforçant les moyens de l’équipe mobile de rue et en associant la prévention, la médiation, l’accompagnement social, médical, psychologique, le traitement des addictions, la recherche d’un logement et l’insertion sociale".


La Ville annonce qu'une "attention particulière sera portée au mobilier et aux aménagements urbains afin de les rendre accueillants pour toutes et tous". C'est une référence, entre autres, aux bancs anti-SDF, particulièrement décriés pour empêcher de pouvoir dormir dessus (surface trop petite, barre de séparation douloureuse, etc.). Elle précise également que la déclaration des droits des personnes sans-abris sera proposée à l’occasion d’un prochain conseil municipal.
 

Une abrogation diversement accueillie

Pour Pierre Bardet, président des Vitrines de Strasbourg, c'est un mauvais signal. Il rappelle que son association n'est pas à l'origine de cet arrêté (il s'agit de l'ancien maire), mais qu'elle l'a soutenu car "les habitants et les touristes" y étaient favorables. "On n'est absolument pas contre la mendicité 'normale'. Ce qui pose problème, c'est sa forme : c'est la mendicité aggressive. Elle est causée par les regroupements de quinze à vingt SDF qui squattent la rue. Ils finissent par se battre, être avinés; ils ne tiennent pas leurs chiens... C'est du laisser-aller."

"Des gens ne venaient plus dans nos magasins", poursuit-il. "Cet arrêté, ça a changé les choses. Dans un premier temps, en tout cas, on voyait des changements. Mais ensuite, il n'était plus appliqué..."

L'avis est tout autre chez Valérie Suzan, présidente de l'association Strasbourg Action Solidarité. "Je suis ravie que ce soit enfin terminé. Nous faisions partie des premiers à dénoncer cet arrêté, c'était scandaleux. Toutes les personnes qui font la manche en ont besoin. Ce ne sont pas tous des gens qui embêtent. C'est important que cet arrêté ne soit plus en place."

Cet arrêté aura donc duré moins de deux ans.
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