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En Alsace, comme dans toutes les zones vertes, l’accès aux parcs et jardins est de nouveau autorisé à partir du samedi 30 mai 2020. Avec quelques restrictions dont le maintien de la fermeture des aires de jeux. Ambiance au parc du Contades, à Strasbourg, en cette matinée de réouverture.
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Comme il fallait s’y attendre, les parcs, squares et jardins n’ont pas mis longtemps à retrouver leurs rires d’enfants, leurs promeneurs, leurs chiens en laisse et autres tricycles colorés. A peine sa réouverture autorisée, en ce samedi 30 mai 2020, le parc des Contades, qui jouxte la grande synagogue de Strasbourg, a tout de suite retrouvé sa vie d’avant. Comme si rien ne s’était passé. Comme si la crise sanitaire était une parenthèse oubliée. Si l’on y prête attention, seule la végétation particulièrement dense dans les prairies et bosquets nous rappelle que ces huit hectares de nature nichés en pleine ville ont profité de trois mois d’absence humaine.
« C’est une merveille, une merveille », s’enthousiasme Rachel qui retrouve pour la première fois « son jardin » et son banc, au pied du kiosque à musique. Ce banc qu’elle se contente de regarder depuis sa fenêtre et qui lui fait envie depuis le 17 mars denier – jour d’entrée en vigueur du confinement. Elle habite l’un des immeubles cossus qui bordent le parc. « C’était triste de voir le parc sans vie, décrit-elle. Il n’y avait même plus de chiens, vous vous rendez compte ? » raconte celle qui en a pourtant vu beaucoup d’autres.
Pendant le confinement, on a pu admirer deux oies qui sont venues voler au-dessus du parc et se poser. C’était magnifique.
- Souvenir de confinement de Rachel, riveraine du parc du Contades.
Rachel est en compagnie de sa petite-fille et d’Anna, 4 ans, représentante de la troisième génération. Comme elles en avaient souvent l’habitude avant. Sauf que maintenant, il y a le masque. Dans les parcs strasbourgeois, si son port n’est pas obligatoire, il est toutefois recommandé par la mairie. Toutes trois l’auraient de toute façon mis pour ne prendre aucun risque. Et ce n’est pas cela qui gâchera cette matinée de retrouvailles. Non pas qu’elles aient perdu le lien pendant le confinement. « Anna m’a envoyé de magnifiques dessins, témoigne avec fierté Rachel, et moi je lui faisais des biscuits secs je mettais dans un panier que je faisais descendre par le balcon avec une ficelle », sourit la nonagénaire. Alors le port du masque et les câlins à distance restent un moindre mal nécessaire. Au moins on se retrouve.
C'est par les réseaux sociaux que la ville de Strasbourg a confirmé la réouverture des parcs et jardins, quelques heures avant l'entrée en vigueur de cette mesure de déconfinement. Les agents municipaux n'ont eu qu'une matinée pour tout aménager.« Cela fait un bien fou » confirment ces autres grands-parents qui, depuis une semaine, ont la charge de quatre (tout) petits enfants : Aliette (12 mois), Ysance (2 ans et demi), Jean et Charles (4 ans). Les derniers jours coincés en appartement ont été longs. D’autant qu’eux aussi habitent à proximité de ce vaste espace vert arboré. Alors, dès les grilles du parc écartées, le soleil étant de la partie, la petite tribu s’est installée dans un joli coin de verdure. « C’était tellement frustrant de savoir le parc juste à côté et de ne pouvoir y emmener les petits. Quand on a entendu les déclarations du Premier ministre il y a deux jours, je vous assure que c’était un véritable soulagement », confie Nathalie, en charge de la joyeuse bande.
Heureusement, Charles a repéré un tas de branches avant d’apercevoir les chevaux à bascule. La cabane qu’il s’est mis en tête de construire devrait détourner son attention de l’aire de jeux si attirante mais qui reste pour l’heure encore inaccessible. Une mesure de précaution sanitaire qui ne pose aucun problème à Nathalie. « On comprend très bien que les jeux puissent être vecteurs de microbes. Il faut continuer à prendre des précautions. Et puis entre les parties de cache-cache, la cueillette des fleurs et la cabane de Charles, on a de quoi faire », se console-t-elle en souriant.
Pour Zoé, la pilule passe beaucoup moins bien. Ce matin, elle est venue avec son papa. Elle aussi retrouve le parc après quasi trois mois de confinement en appartement avec ses parents. « Je suis contente de revenir au jardin mais je suis pas contente parce qu’on peut pas aller au toboggan » boude la fillette de 4 ans, visiblement très déçue. Une déception qui serre le cœur de son papa Antoine. « On a du mal à comprendre qu’ils ne laissent pas accès aux aires de jeux. Ils rouvrent les bars, les restaurants, les loisirs pour les adultes, mais encore une fois les enfants sont stigmatisés, constate-t-il avec dépit voire un brin de colère. Les enfants auront vraiment été les grands oubliés de la crise. »
Et comment expliquer à Zoé qu’un toboggan peut être dangeureux ? Faut-il même le faire au risque de perturber les repères et la construction sociale de cette petite fille. « Je vois bien que Zoé est méfiante vis-à-vis des autres enfants », remarque Antoine en observant les réactions de sa fille dans cet espace public qu’elle redécouvre. « Spontanément, elle s‘écarte des autres, elle met de la distance, je la sens un peu anxieuse », constate le papa.
Maintenir les aires de jeux fermées, ce n'est pas normal pour les enfants : ils ne comprennent pas d'où provient le danger.
- Antoine, papa de Zoé (4 ans)
A défaut de toboggan, Zoé s’est rabattue sur la cueillette. Un joli bouquet de pâquerettes à rapporter à sa maman.
Dimitra et Lina sont davantage inspirées par les coquelicots qui ont eu tout le loisir de s’épanouir pendant ce printemps de confinement. Lina prend la pose au soleil, entourée de fleurs dont le rouge éclate au milieu du vert vif des pelouses du parc. Appareil photo en main, Dimitra Tarouna cherche le bon angle, le rayon de lumière avantageux. Elle est photographe professionnelle. Faire des portraits était sa première envie de déconfinement. Au cours des dernières semaines, elle a dû se contenter d’autoportraits. « D’abord, il fallait éviter de trop sortir, explique-t-elle. Et puis les gens pendant le confinement avaient des réactions et des regards bizarres. Cela ne marchait pas pour les photos que je fais. » S’installer au cœur d’un parc en ce jour de réouverture représentait pour elle comme une urgence, une manière de reprendre de l’oxygène vital, sa façon de célébrer ce début de liberté retrouvée.
Les conditions de réouverture des parcs à Strasbourg
A Strasbourg, tous les parcs et jardins sont rouverts à partir du samedi 30 mai 2020, avec toutefois quelques restrictions et recommandations :
les aires de jeux et les équipements de fitness restent inaccessibles jusqu'à nouvel ordre ;
il est demandé aux personnes se rendant dans ces espaces verts de respecter les gestes barrières et la distanciation physique ;
le port du masque n'est pas obligatoire mais reste recommandé ;
les regroupements sont toujours limités à dix personnes maximum.
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