Strasbourg : l'école de foot de la Robertsau limite les têtes à l'entraînement pour prévenir les commotions cérébrales

Balle en mousse, sensibilisation… l’école de foot de la Robertsau, à Strasbourg, adapte ses entraînements pour limiter les têtes chez les enfants. L'objectif, éviter les commotions cérébrales. Les anciens footballeurs auraient plus de risques de mourir d'une maladie neurodégénérative.

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Sur le terrain de l'ASL Robertsau, les petits footballeurs de l'équipe U8 apprennent à maîtriser leur nouvel outil : un ballon en mousse, couleur orange flash, désormais utilisé pour l'entraînement au jeu de tête. "Ça fait bizarre", râlent certains, "Je préfère la vraie balle, elle est plus jouable que la balle en mousse", pestent d'autres. Mais l'essentiel est ailleurs : limiter les chocs à la tête pour éviter les commotions cérébrales et leurs conséquences.

Selon une étude de l'université de Glasgow publiée en 2019, les anciens footballeurs sont 3,5 fois plus nombreux à mourir d'une maladie neurodégénérative. Un bilan alarmant, qui a poussé le club strasbourgeois à réagir. En mars 2021, il avait déjà organisé un stage de deux jours pour sensibiliser les enfants à la question, avant de définitivement supprimer les ballons en cuir pour les exercices de la tête. 

"Dans une saison, un footballeur fait en moyenne entre 300 et 500 têtes. Donc vous imaginez, 500 fois ce geste..., explique Hasan Doyduk, responsable de l'école de foot de l'ASL Robertsau, en mimant un choc sur son crâne. Sur le long terme, cela peut avoir des répercussions. On ne veut prendre aucun risque. Les études ne suffisent pas à prouver que les maladies sont vraiment liées à la pratique du football, mais il y a une telle interrogation qu'on doit agir dans un cadre de sécurité".

Une démarche impulsée par Felipe Saad, ancien joueur du Racing

L'expérience est unique en Alsace. Elle a démarré avec le groupe des U8 (sept-huit ans), mais l'éducateur envisage de l'étendre à toute l'école de foot et espère inspirer d'autres clubs à Strasbourg, dans la région et même plus loin. "On ne va pas dire à un joueur de ne pas mettre la tête pendant un match, assure-t-il. Mais à cet âge, les enfants n'utilisent quasiment pas cette partie du corps... Et en ce qui concerne l'entraînement, on met le jeu de tête en place différemment, sans danger pour eux. On leur apprend aussi à se concentrer sur le jeu au sol, c'est une façon de s'améliorer en la matière"

Hasan Doyduk a été rendu attentif au danger des commotions cérébrales par Felipe Saad, ancien footballeur professionnel, passé par le Racing Club de Strasbourg entre 2015 et 2017. Le Brésilien est engagé dans ce combat au sein de l'association Concussion Legacy Foundation, il a d'ailleurs décidé de faire don de son cerveau pour aider la recherche sur les commotions cérébrales : "C'est un sujet qui m'a toujours inquiété. En tant que défenseur central, j'ai mis beaucoup de coups de tête sur le ballon et j'ai subi une grosse commotion à 19 ans au Brésil."

"J'ai eu une carrière très longue, 17 ans de professionnalisme, je ne suis pas sûr que mon cerveau soit indemne, poursuit-il alarmé. Les recherches sont très difficiles à mettre en place car le cerveau est un organe difficilement accessible, c'est pour cela que j'ai pris ma carte de donneur. J'ai un fils de huit ans, j'aimerais qu'il puisse garder sa santé et soit protégé, ce qui n'a pas été le cas pour moi pendant ma carrière. Il y a des risques de dépression, de suicides, de migraines, d'amnésie et d'autres maladies qui peuvent conduire au décès".  

Felipe Saad est revenu s'installer dans la capitale européenne à la fin de sa carrière, en 2020, et veut laisser "un héritage" au club de l'ASL Robertsau où évolue désormais son fils Gaël. L'initiative est saluée par les parents, "rassurés".

Plusieurs fédérations - Angleterre, Ecosse et Irlande - ont carrément interdit les têtes à l'entraînement pour les moins de 12 ans depuis février 2020. Aux Etats-Unis, la Fédération n'autorise plus les têtes qu'à partir de 11 ans depuis plusieurs années.

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