L'Union des professionnels de cannabidiol (CBD) se réunit ce samedi 16 octobre, place Kléber, à Strasbourg. Les vendeurs de cette substance sans effet psychotrope dénoncent un projet d'arrêté visant à interdire la vente de fleurs et de feuilles séchées de chanvre, soit la majorité de leur activité.
La filière du CBD (ou cannabis light) se mobilise ce 16 octobre autour d'un stand d'information installé place Kléber à Strasbourg. L'Union des professionnels de cannabidiol (UPCBD) veut sensibiliser sur les effets de cette substance sans effet psychotrope, connue pour ses vertus relaxantes. Cette mobilisation a lieu alors que le gouvernement souhaite interdite la vente aux consommateurs de fleurs et de feuilles de chanvre, ce qui représente 70% du chiffre d'affaires des boutiques spécialisées.
Ce projet d'arrêté notifié à la Commission européenne le 21 juillet dernier, est justifié par "des motifs d'ordre public." Selon la mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca), les forces de l'ordre ne sont pas en capacité de différencier le CBD (avec une teneur en THC de 0,2%) du cannabis récréatif. "Un mauvais prétexte" selon l'UPCBD, qui effectue des tests salivaires fournis par la société Hemperious en ce jour de sensibilisation.
"Si la fleur est interdite, beaucoup de boutiques vont faire faillite"
"Le projet d'arrêté du gouvernement n’est pas conforme au droit européen et notamment à l’arrêt de novembre 2020. On se prépare à le contester avec un recours devant le Conseil d’Etat", lance Charles Morel, président de l'UPCBD. En novembre dernier, la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) avait en effet jugé illégale l'interdiction du CBD en France, ce qui avait levé le flou juridique sur sa commercialisation. Mais depuis, l'épée de Damoclès semble de nouveau planer sur la profession. Le choix de Strasbourg, capitale européenne, comme lieu de rassemblement n'est d'ailleurs pas un hasard. "Il y a beaucoup de boutiques en Alsace et c'est surtout un symbole fort. D'un côté, il y a la liberté européenne, et de l'autre, la prohibition française."
A la boutique strasbourgeoise Casa verde, cet arrêté fait craindre le pire. "Si la fleur est interdite en France, beaucoup de boutiques vont faire faillite. On a beaucoup d’autres produits comme la gamme alimentaire ou cosmétique mais c’est secondaire." Ici, la fleur brute peut-être consommée sous différentes formes comme en infusion (la fumer est interdit).
En plus de fragiliser les gérants des 47 boutiques alsaciennes (30 dans le Bas-Rhin et 17 dans le Haut-Rhin), l'arrêté toucherait également les producteurs de chanvre (trois en Alsace). A Weinbourg (Bas-Rhin), le producteur Alexandre Westphal fait déjà face à une réglementation très sévère pour l'extraction. "Il a fallu faire un gros travail pour être dans la légalité. On est déclaré en gendarmerie et on a une variété qui est au catalogue européen. On a vraiment une grosse traçabilité. Cet arrêté plane et c’est pour cela qu’on a fait le choix de partir principalement sur de l’extraction."
"L'arrêté prévoit que l’autorisation de culture, d’importation, d’exportation et d’utilisation industrielle et commerciale du chanvre est étendue, sous certaines conditions, à toutes les parties de la plante de chanvre", détaille le gouvernement dans son projet d'arrêté. D'un côté, ce type de production industrielle d'extraits de chanvre est encouragé - seul 10% des produits CBD, y compris les fleurs, sont produits en France - et de l'autre, la vente de fleurs brutes est limitée.
En plus d'imposer la fermeture à certaines boutiques spécialisées, cet arrêté pourrait également obliger les consommateurs à se fournir ailleurs, comme en Suisse ou en Allemagne, et à acheter du CBD de moins bonne qualité. Sa publication est prévue d'ici début 2022.