Strasbourg : les sections d'enseignement internationales allemandes dans le 1er degré maintenues pour une année, mais les parents restent mobilisés

Les sections internationales allemandes en maternelle et en primaire seront maintenues pour la rentrée 2022. Une première victoire pour les parents mobilisés depuis janvier dernier contre l'annonce de fermeture de ces sections. Mais ils restent inquiets, car ce n'est probablement qu'un sursis.

Envoyé lundi 21 février en soirée, le communiqué du rectorat confirme l'annonce qu'Elisabeth Laporte, rectrice de l’académie de Strasbourg, venait de faire aux représentants des parents d'élèves concernés : à savoir "le maintien des sections internationales (SI) à Strasbourg dans le 1er degré, à la rentrée 2022."  

Pour l'Apelevis (association des parents d'élèves des établissements à vocation internationale de l'académie de Strasbourg), c'est a priori une bonne nouvelle. Mais de courte durée.

"La rectrice a annoncé hier soir que les sections internationales allemandes seraient maintenues, mais juste pour une année supplémentaire. Ça nous permet juste de gagner un peu de temps" regrette Michelle Cabassut, représentante de parents d'élèves au sein de l'Apelevis.  

"Ce qu'on a compris, c'est qu'ils veulent quand même supprimer les sections internationales en maternelle et en primaire. Ils acceptent simplement de prendre plus de temps pour mieux communiquer avec les familles."  

Les sections internationales allemandes, c'est quoi ?

Les SI allemandes existent dans plusieurs villes de France, dont Paris, Lyon et Grenoble. A Strasbourg, elles concernent tous les niveaux, de la première section de maternelle jusqu'à la terminale.

Le premier degré compte 170 enfants de trois établissements publics strasbourgeois : l'école maternelle Vauban, l'école élémentaire Robert Schuman et l'école élémentaire du Conseil des XV, qui proposent aussi des SI dans d'autres langues.

Les SI allemandes n'accueillent que des enfants parfaitement germanophones, - par exemple parce qu'ils ont un parent allemand, ou ont déjà vécu en Allemagne. Dès son entrée en maternelle, chaque futur élève doit passer un test pour vérifier son niveau dans la langue de Goethe.

En effet, dans le 1er degré, outre 18 heures d'enseignement traditionnel en français, les SI proposent un programme d'allemand exigeant, équivalent à celui des Länder voisins. "On n'y apprend pas l'allemand comme une langue étrangère" précise Michelle Cabassut.

Le projet de fermeture des SI du 1er degré

Mais en janvier dernier, les parents ont appris le projet de fermeture progressive de ces SI allemandes du 1er degré à Strasbourg - et dès la rentrée prochaine pour la petite section de maternelle. L'idée du rectorat est de les remplacer par des classes "bilingues réciproques", plus exigeantes que le bilingue traditionnel, dont "la qualité de l'apprentissage (…) sera garantie par l'intervention de locuteurs natifs."

Mais ces classes "bilingues réciproques", qui donneront la priorité aux enfants du secteur géographique, mélangeront des élèves parlant l'allemand couramment l'allemand avec d'autres, uniquement francophones. Au détriment, selon les parents, des enfants déjà parfaitement germanophones.

"Quand le rectorat l'a communiqué à l'ensemble des parents, ça a été un choc" explique Michelle Cabassut. Une pétition en ligne, lancée par l'Apelevis, a rapidement réuni 1.700 signatures – près de cinq fois plus que le nombre de parents directement concernés.  

Dans un courrier du 19 janvier dernier adressé au rectorat – avec copie au ministère de l'Education nationale et au Secrétaire d'Etat aux affaires européennes -, l'Apalevis dénonçait une "décision unilatérale et prise sans concertation."

Cette décision "nous consterne et nous afflige" poursuivait l'association dans sa lettre, "d’autant que le système international franco-allemand apporte entière satisfaction aux parents et enseignants des enfants concernés."  

La création progressive du lycée franco-allemand

Ce projet de supprimer les SI en maternelle et primaire est lié à celui de les remplacer également de la 6e à la terminale, mais cette fois de manière progressive, par le nouveau LFA (lycée franco-allemand). Pour le rectorat, l'objectif est de "promouvoir des pratiques pédagogiques nouvelles autour de la langue, mais également d'un partage de culture."  

La première étape s'est déroulée dès la rentrée 2021, avec l'ouverture de deux classes de 6e LFA au collège Vauban, pour 60 élèves, en lieu et place de la 6e SI préexistante. Les élèves – francophones apprenant l'allemand et parfaits germanophones – y sont mélangés, mais ces derniers bénéficient de cours d'allemand spécifiques, adaptés à leur niveau linguistique.  

Ce dispositif, somme toute pas très éloigné de celui des SI, mais conforme à la convention franco-allemande, est relativement bien accepté par les parents. "Le système est encore en rodage, il va se préciser. Mais le concept semble bon" estime Michelle Cabassut. Les élèves déjà parfaitement à l'aise avec l'allemand devraient y trouver leur compte.  

En revanche, l'Apelevis ne comprend pas pourquoi la création de ce nouveau LFA devrait impliquer la fermeture des SI dans le 1er degré. "Dans l'esprit de tous, la SI est maintenue, et les classes de LFA en sont la continuité" explique Michelle Cabassut.

Ce 21 février en fin d'après-midi, juste avant la réunion avec la rectrice, une cinquantaine de parents d'élèves avait encore manifesté devant l'école maternelle Vauban, pour dire leur opposition à la suppression des SI de maternelle et de primaire.

"On n'est absolument pas contre que le lycée franco-allemand soit une continuité dès la 6e, s'il fonctionne bien" s'est exclamée l'une des mamans manifestantes. "Mais nous demandons le maintien de la maternelle et de la primaire en SI, et que cela puisse continuer en LFA."  

Une année de délai supplémentaire

Leurs revendications ont donc été entendues par le rectorat – du moins pour une année supplémentaire, "afin de poursuivre le dialogue relatif à la mise en place du lycée franco-allemand de Strasbourg" précise le communiqué de la rectrice, qui prévoit également de réunir fin avril "un conseil académique des sections internationales exceptionnel".  

"Satisfaits" d'avoir gagné la première manche, "mais pas forcément rassurés", les membres de l'Apelevis se disent rester "hyper vigilants". "On souhaite être entendus, et que ce soit pris en compte dans les décisions qui vont avoir lieu" résume Michelle Cabassut.

Car pour l'instant, rien n'exclut une fermeture de la SI de petite maternelle dès la rentrée 2023. Une épée de Damoclès que les parents concernés acceptent d'autant moins que "Strasbourg est la seule ville de cette envergure, où l'on vit le transfrontalier au quotidien. Une ville tellement symbolique, qui rassemble le plus de familles binationales, biculturelles"…  

En cas de suppression, à terme, du dispositif pour les petites classes, ils craignent une fuite massive des enfants germanophones vers l'enseignement privé, ou vers l'Allemagne.

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