Le coronavirus n'épargne rien, même pas le vol en planeur. Par manque de sponsors, un jeune pilote du club de Strasbourg a ouvert une cagnotte en ligne pour financer ses deux prochaines compétitions.
En ces temps covidés, prendre un grand bol d'air frais ne se refuse pas, et encore moins à plusieurs milliers de mètres d'altitude. À 25 ans, l'étudiant strasbourgeois Léo Jullerot va s'envoler à bord de son planeur en mai, lors du championnat régional à Nancy avant de prendre la route pour le championnat de France en juillet. Fraîchement élu président du club planeur de Strasbourg, il a lancé une cagnotte pour financer ses compétitions.
Car la passion du jeune pilote a un coût. Une année d'entraînement coûte entre 1.800 et 2.000 euros. En dernière année d’école d’ingénieur en informatique, son salaire d'étudiant en alternance ne lui permet pas de tout financer.
"Les sponsors sont frileux"
"Avec le coronavirus, les sponsors sont plus frileux, j'ai eu beaucoup de refus. Je voulais voir si des proches voulaient m’aider et faire connaître le projet. Pour l'instant, c'est plutôt concluant, j'ai récolté 700 euros", lance Léo Jullerot. Une somme qui ne permet pas encore de couvrir les frais avancés. La participation au championnat de France de vol en planeur lui revient à 1.600 euros la semaine, transport et hébergement compris. En compétition régionale, il faut débourser minimum 800 euros, d'où l'importance de trouver des fonds. "La plupart des pilotes n’ont pas de sponsors, mais moi, avec mon salaire d’alternant, je n’arrive pas à couvrir tous les frais. En 2020, j’avais réussi à participer mais j’avais dû limiter mes entraînements." Car là aussi, la passion a un prix. Entre la cotisation au club, la licence-assurance, les heures de vol... "ça fait un beau budget", résume l'étudiant.
En arrivant 5e au championnat de France 2020 (voir le post Facebook ci-dessous), il s'est qualifié pour la compétition de 2021. Et selon lui, c'est grâce à cette petite notoriété que six sponsors (financiers et matériels) ont décidé de le suivre dans l'aventure. Le problème, c'est surtout le manque de sponsors financiers. Pour l'instant, seulement deux, dont la mairie de Lingolsheim (sa commune), l'ont aidé financièrement.
"En vol, je suis dans une bulle"
Lors d'une compétition, le pilote doit suivre des circuits imposés d'une centaine de kilomètres à bord de son engin sans moteur. Le planeur descend en vol plané et vogue grâce à des courants ascendants qui lui permettent de continuer sa route. "En vol, je suis dans une bulle. C'est toujours un challenge en plus par rapport à l’avion. Dès qu’on est lâché par l’avion remorqueur il faut trouver des techniques pour rester en vol", explique Léo Jullerot. Pour lui, le vol en planeur a commencé dès son adolescence. "A 14 ans, j'ai fait une formation de pilote à Besançon et j'ai été breveté à 16 ans, l’âge minimum légal pour passer les brevets. Il faut faire au moins 1,50m et peser 50 kg. On est aussi soumis à des visites médicales régulières, et tant que c'est bon, on continue."
Pendant cette période de confinement, le vol en planeur est lui aussi soumis aux restrictions de déplacement. Mais Léo Jullerot à la chance d'habiter à moins de 10 km de l'aérodrome. "Je peux reprendre la main suite à la saison hivernale. En ce moment, on est obligé de piloter seul et de voler dans un rayon de 10 km. Ce n'est pas trop compliqué quand on a des bons GPS. Mais de toute façon à Strasbourg, on est très vite limité par la frontière allemande", sourit le pilote.
Il reprendra la route de l'entraînement le 1er mai pour être prêt lors du championnat régional Grand Est qui a lieu du 13 au 24 mai à Nancy.