A Strasbourg, une licence pour mieux comprendre l'islam grâce à l'Histoire

Une nouvelle licence a été créée en cette rentrée universitaire à l'Université de Strasbourg. Cette licence "Histoire des mondes musulmans"  est un cursus unique en France, pierre du vaste chantier de "l'islam de France".

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"J'ai toujours étudié l'islam de l'intérieur et cela m'intéresse de voir comment on l'aborde par l'Histoire": Ahmad est l'un des quinze élèves qui ont choisi de s'inscrire dans ce tout nouveau cursus en cette rentrée universitaire.

Histoire des mondes musulmans, histoire des doctrines de l'islam, histoire de l'Europe, histoire des arts islamiques, arabe classique, et, une fois les bases
de l'arabe acquises, turc ou persan... Le programme est exigeant, tout comme l'objectif de cette formation: apporter une meilleure compréhension de ce qu'est l'islam, en réinjectant de la complexité dans des réalités souvent trop simplifiées par les discours ambiants.
La création de cette licence "est une commande de la ministre de l'Enseignement supérieur et du ministre de l'Intérieur, pour développer des études sur l'islam qui correspondent aux critères académiques français: une approche positive, historique et critique", explique Michel Deneken, président par intérim de l'université de Strasbourg.
"Nous pensons qu'étudier l'islam comme on étudie les autres religions est une manière de participer à la destruction d'un discours extrémiste et la construction d'un discours raisonné sur l'islam", ajoute M. Deneken, qui est lui-même prêtre catholique.

Bien que Strasbourg soit la seule université publique française à disposer de facultés de théologie, catholique et protestante, - une particularité permise par le Concordat -, c'est à la faculté d'histoire qu'est rattachée la licence. Ses enseignants revendiquent une approche "aconfessionnelle" de l'islam, soulignant que Strasbourg est aussi une des rares universités françaises à disposer d'une chaire d'histoire des religions.
"On va apprendre des faits objectifs, jamais énoncer des points de dogme comme des vérités. On ne va jamais dire 'il faut que', 'Dieu a dit que', 'il est interdit que', on dira 'dans la tradition musulmane, il est dit que', 'tel verset du Coran dit que'", explique Anne-Sylvie Boisliveau, spécialiste du coran recrutée pour cette licence.
L'enseignante souligne que les sources sont "passées au crible de la critique historique", contrairement à ce qui peut se faire dans "des instituts islamiques
privés en France".  La formule de bénédiction que prononcent les croyants après le nom de Mahomet n'aura par exemple pas sa place dans un exposé sur le prophète de l'islam.

 

Ouverte à tous


Si une bonne partie des étudiants inscrits dans cette licence est au moins de culture - sinon de religion - musulmane, d'autres ne le sont pas, comme Romain, venu chercher une meilleure compréhension de l'actualité, qui se dit intéressé par la diplomatie, la coopération économique ou la défense. 
"Je suis musulmane et je n'ai jamais eu l'occasion d'en apprendre beaucoup sur l'islam", indique en revanche sa camarade Sanaa Miftah, qui a choisi la sociologie de l'Anatolie comme option. Selon elle, ce cursus "permet de comparer (les données de l'histoire) avec ce que l'on sait déjà". 

Journalisme, enseignement, recherche, coopération culturelle ou économique, fonction publique, les débouchés potentiels sont multiples. Mais quid de la fonction d'imam? La licence a été créée dans la foulée du rapport de Francis Messner, spécialiste du droit des religions à l'université de Strasbourg, sur
"la formation des cadres religieux musulmans" en France. Un rapport qui préconisait notamment de développer des diplômes universitaires en sciences humaines sur l'islam.

Pour autant, "nous ne sommes pas une faculté de théologie, nous ne sommes pas un séminaire, une institution de formation du clergé", insiste Benoît Tock, directeur de la faculté de sciences historiques. "C'est l'Etat qui décidera s'il passe des conventions avec des mosquées et conditionnera
leur agrément à un passage dans nos murs, ce n'est pas nous qui le fixons", complète Michel Deneken. 

La licence devrait en tout cas accueillir beaucoup plus d'étudiants l'année prochaine et s'inscrire à moyen terme, au côté du master d'"islamologie, droit et gestion" déjà proposé à Strasbourg, au sein d'un pôle d'études pluridisciplinaires sur l'islam.
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