Ce samedi 7 mai 2022, à Strasbourg, quelques centaines de jeunes pro-européens de divers pays ont participé à une marche pour l'Europe. Ils demandent que les 325 propositions citoyennes pour l'avenir européen, remises lundi prochain aux trois institutions européennes, soient mises en application.
Ils sont venus spécialement d'Athènes, de Milan, de Rome, de Berlin, de Hambourg, de Paris, de Reims et d'ailleurs. Dans une mer de drapeaux bleu Europe et vert des fédéralistes, leur marche est partie ce samedi 7 mai 2022 en milieu d'après-midi de la place Kléber, au centre de Strasbourg, pour atteindre le Parlement européen après 18 heures.
Ils ont manifesté pour affirmer haut et fort leur souhait d'une Europe plus forte, mais aussi plus proche de ses concitoyens. "Les Européens ne comprennent pas comment les décisions sont prises" explique Connie Georgie, d'Athènes (Grèce). "Ce n'est pas de la démocratie. Et nous, on veut de la démocratie."
Qu'on écoute la société civile européenne, notamment les jeunes par rapport à l'écologie, les luttes contre les inégalités et le machisme
Laure Niclot (Reims)
La jeune Allemande berlinoise Alina Wenger, elle, veut "que la démocratie dans l'union européenne soit changée au niveau des institutions."
Laure Niclot, de Reims, demande "qu'on écoute la société civile européenne, notamment les jeunes par rapport à l'écologie, les luttes contre les inégalités et le machisme."
"Moi, je participe, parce que je veux fortement que le futur de l'Europe soit une fédération" ajoute Maria Mardorama, de Bologne (Italie).
Soutenir les propositions pour l'avenir de l'Europe
Cette marche a été initiée par divers mouvements pro-européens présents dans une trentaine de pays : le Mouvement européen, l'Union des fédéralistes européens et les Jeunes européens fédéralistes.
Son objectif principal était de soutenir les propositions citoyennes issues de la Conférence sur l'avenir de l'Europe.
Cette Conférence, constituée d'un panel de 800 citoyens des 27 pays de l'Union européenne, secondés par des élus, des syndicats et des représentants de la société civile, a fourni un travail intense depuis l'automne dernier.
Le résultat : 325 propositions concrètes, destinés à consolider le futur européen. Maria Mardorama en retient principalement trois : "une armée européenne, l'union fiscale européenne et un budget unique pour l'Europe."
Pour Alina Wenger, l'essentiel serait "que le parlement ait plus de pouvoir", car jusqu'à présent, le Parlement européen est le seul au monde sans initiatives législatives.
D'autres propositions veulent alléger les processus de prise de décision des Vingt-Sept, notamment pour éviter que le véto d'un seul pays ne soit rédhibitoire. Ou orienter les subventions vers l'agriculture biologique, organiser la tenue périodique d'assemblées de citoyens, ou autoriser le vote aux élections européennes dès 16 ans.
Mettre un coup de pression pour les dirigeants
Après de longs mois de travaux, la Conférence se clôturera officiellement à Strasbourg, lundi 9 mai 2022, jour de la fête de l'Europe par une cérémonie au Parlement, et la remise du rapport final aux présidents des trois institutions européennes : Emmanuel Macron pour l'Union, Roberta Metsola pour le Parlement, et Ursula von der Leyen pour la Commission.
Moins de deux jours avant cette échéance, les organisateurs de la marche voulaient donc "mettre un coup de pression" et "envoyer un message clair et fort aux dirigeants européens, pour passer de la parole aux actes" résume Hervé Moritz, président du Mouvement européen Alsace, et porte-parole de l'union des Fédéralistes européens en France.
En effet, les manifestants, et les mouvements pro-européens qu'ils représentent, craignent que ces trois cents propositions citoyennes aboutissent au fond d'un tiroir. Et qu'au final, les dirigeants européens rechignent à les mettre en œuvre.
Notre but est que toutes ces propositions ne restent pas lettre morte.
Hervé Moritz
"C'est toujours le risque, dans un processus de démocratie participative, de ne pas y répondre" estime Hervé Moritz. "Notre but est que toutes ces propositions formulées ne restent pas lettre morte. Nous, on veut qu'elles soient reprises et traduites en réformes concrètes, même si certaines demandent de modifier les traités."
Le Parlement a d'ores et déjà manifesté son accord pour déclencher une procédure de révision des traités européens, processus indispensable pour pouvoir concrétiser certaines des propositions citoyennes, comme celle de mettre fin aux décisions à l'unanimité des 27 pays membres. Mais Hervé Moritz craint que "le Conseil de l'Europe sera le plus difficile à bouger."
En attendant, les jeunes venus manifester ont aussi pu expérimenter, très concrètement, un peu de cette Europe démocratique, forte et apaisée, qu'ils appellent de leurs vœux.
"C'est l'occasion de rencontrer d'autres jeunes Européens de différentes cultures, et d'échanger nos idées" se réjouit Fantine Bliek, de Reims.
"Ici, on vit l'esprit européen" renchérit l'Allemand Arthur Kiessling. Et sa compatriote Elida Horvath ajoute : "discuter avec des membres d'autres groupes nous aide à mieux développer et structurer les nôtres."
Et Fantine Bliek de conclure avec simplicité : "car à plusieurs, on est plus forts."