Parce que Strasbourg est aux portes de l’Allemagne, sur la route de l’est, un peu comme la nationale 4 aujourd’hui, elle a vu passer Napoléon à plusieurs reprises. Palais Rohan et pavillon Joséphine sont ainsi intimement liés à la campagne d’Austerlitz.
Napoléon 1er -dont on célèbre le bicentenaire de la mort ce 5 mai 2021- a laissé sur son passage des souvenirs encore palpables dans le paysage alsacien, et surtout strasbourgeois. Le pavillon Joséphine et le palais Rohan sont marqués par l’histoire de la campagne d’Austerlitz. Et c’est à Strasbourg que les premières festivités de la victoire se sont déroulées en 1809.
L’impératrice Joséphine avait ses habitudes à Strasbourg à partir de 1805 où elle logeait régulièrement au Palais Rohan. Pas tout à fait comme Pénélope, mais presque, elle y attendait le retour de son guerrier de mari engagé sur les fronts de l’est. Le 5 septembre 1805 Napoléon entrait à Strasbourg, venant de Boulogne pour mener la campagne qui aboutit à Austerlitz.
« Strasbourg était la dernière ville française avec de la notabilité. Elle devait s’y sentir bien et a même fait partie d’une loge maçonnique féminine », note Benoît Jordan, conservateur en chef du patrimoine aux Archives de Strasbourg.
Dernière ville avant le Rhin, un lieu sûr pour l’impératrice. Le palais Rohan, acquis par la ville après la Révolution française, a été offert à Napoléon en 1806. Il s’en fait un palais impérial. Les appartements du rez-de-chaussée sont réservés à l'empereur, ceux du premier étage à l'impératrice et à sa suite composée de membres de sa famille. Sa fille la reine Hortense y séjourne avec ses enfants. Tout comme sa nièce Stéphanie de Beauharnais, ou encore sa belle-sœur Catherine de Wurtemberg.
Ce fut une suggestion du préfet Henri Shée de Lignières : organiser pour l’impératrice des fêtes à l’orangerie. « Le pavillon a été mis à disposition de l’impératrice car le palais Rohan ne comptait pas de jardin », explique Etienne Martin, ancien conservateur du musée des arts décoratifs de Strasbourg. « On l’appelait alors l’orangerie Joséphine. Le corps central était un lieu de repos avec salon, et de part et d’autre étaient disposées deux salles avec les orangers. Le pavillon était à cette époque relié à la ville par une allée plantée d’arbres. » Un accès devenu l’allée de la Robertsau.
Strasbourg où l’on fête la bataille d’Austerlitz
Et c’est ainsi que Joséphine venait régulièrement à Strasbourg où elle menait une vie de micro- cour, toujours dans l’espoir d’y voir revenir son époux. Ce qui finit par arriver après la bataille d’Austerlitz. Napoléon envoie un message à l’impératrice qui le rejoint en Allemagne. Le 22 janvier 1806 ils passent ensemble le Rhin sur le pont de Kehl pour rejoindre Strasbourg et y célébrer la victoire. La ville réserve à l’empereur un accueil triomphant.
Durant les trois jours de fête qui suivirent les Strasbourgeois ont pu apercevoir le couple impérial au balcon du palais Rohan. En atteste cette gravure de Benjamin Zix :
Par la suite Napoléon repassera encore deux fois par Strasbourg, toujours un aller vers l’est suivi d’un retour. Avril 1809, Napoléon part de Paris pour rejoindre Stuttgart dans la campagne de Wagram. En octobre 1809 il passe sa dernière nuit à Strasbourg.