Le géant français pharmaceutique Sanofi a annoncé, le vendredi 26 juin, la suppression d'un millier d'emplois en Europe. À Strasbourg (Bas-Rhin), un site de recherche et développement employant 57 personnes est menacé.
C'était la "tête chercheuse" de la stratégie de recherche et développement du groupe pharmaceutique français Sanofi. Mais la voilà tranchée par des mesures d'économies. La suppression de 1.700 emplois en Europe, dont 1.000 rien qu'en France, menace le site de recherche et développement de Sanofi situé à Strasbourg (Bas-Rhin).
Ce site, le Synthélabo, se trouve au 16 rue d'Ankara, juste à côté du parc de la Citadelle dans le quartier de l'Esplanade (comme vous pouvez le voir dans la vue panoramique ci-dessous). Il emploie 57 personnes, qui ont pour la plupart appris la nouvelle le vendredi 26 juin 2020.
La fermeture de ce site est due à l'arrêt de la recherche dans plusieurs domaines médicaux - diabète et cardiovasculaire - et fait partie d'un plan d'économies de deux milliards d'euros étudié en décembre 2019. Les postes ne seraient pas supprimés, mais transférés au site de recherche et développement de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne, en Île-de-France), qui va devenir un "pôle d'excellence". L'oncologie, vue en interne comme un domaine d'avenir, était pourtant au centre des activités du site strasbourgeois depuis le début de l'année 2020, et les scientifiques de Strasbourg s'attendaient donc à sa pérennisation sur place, et non pas à son déplacement en région parisienne.
Véronique Rougean, technicienne supérieure en chimie et déléguée syndicale de la Confédération générale du travail (CGT), s'insurge : "Ils nous disent que notre emploi est conservé, puisque l'emploi est transféré. Mais on sait très bien qu'au bout du bout, cette pratique se termine par des licenciements. [Car il est fort probable] que certains salariés ne suivront pas." En effet, les employé(e)s ont constitué des familles à Strasbourg et ne peuvent pas, ou ne veulent pas déménager.
De bons résultats économiques
Sanofi a annoncé des profits records au premier trimestre 2020, neuf milliards d'euros de chiffre d'affaires dopés en partie par la crise du coronavirus. Les dividendes versés aux actionnaires seront bonifiés et atteindront quatre milliards. Ce plan social qui n'en dit pas le nom, pour les syndicats - il est "catastrophique, insupportable, inacceptable et honteux" selon Thierry Bodin de la CGT au sein de Sanofi, était prévu avant la crise sanitaire. C'est ce qu'affirme Olivier Bogillot, le président de la branche française de Sanofi, qui dément tout "plan social".Robert Herrmann, le président de l'Eurométropole de Strasbourg, est très critique : "Comment un tel groupe français, qui recevait il y a quelques jours encore la visite d'Emmanuel Macron, peut-il, dans le contexte financier qui est le sien mais aussi celui, économique et sanitaire, de notre pays, choisir ce moment précis pour annoncer une suppression d’emplois et envisager la disparition d’un site comme celui de Strasbourg, implanté il y a près de cinquante ans ? À l’échelle de l’Eurométropole, la disparition de ce centre serait incompréhensible, sachant le rayonnement et les performances indiscutables de notre recherche comme de nos infrastructures dans les domaines de la santé." Sanofi devrait apporter des réponses à cette fronde prochainement.