Un nouveau lieu de restauration et d’animations solidaire et écoresponsable verra le jour à Strasbourg fin 2021. L’Orée 85 prendra ses quartiers dans la maison éclusière de la rue du Doubs avec la mission de recréer du lien social entre les générations.
C’est une révolution qui se prépare dans le quartier strasbourgeois de la plaine des Bouchers. Nichée tout au bout de la rue du Doubs, le long du canal du Rhône au Rhin, la maison de l’écluse 85 est en train de s’agrandir et de se transformer en un lieu alternatif. Une cure de jouvence imposée par une bande de copains, bourrée d’idées et de courage.
"Maxime avait l’idée de créer un projet hybride qu’on appelle tiers-lieu mais nous on aime l’appeler autrement. Disons plutôt, un lieu de vie qui offre des contacts et des expérimentations. Ça nous a tenté, on l’a suivi et on s’est réunis", raconte Lola Bertrand.
Une histoire de fusion entre Maxime, Lola et Manon, âgés de 27 ans, originaires d’Alsace et des Vosges. Lorsqu’en octobre dernier Voies navigables de France lance un appel à projet pour voler au secours de la bâtisse, un temps squattée, avant d’être barricadée et laissée vide, les "colocs" aventuriers, anciens camarades de promo, sautent sur l’occasion. "On a très vite été convaincus. On a l’impression d’être en pleine nature alors que c’est périurbain, qu’il y a l’autoroute pas loin. Ça fait du bien d’avoir un écrin de nature au centre-ville", reprend Lola.
Au cahier des charges initial qui incite à la revalorisation des berges et de la biodiversité environnante, eux répondent par un concept osé. Associer en un même lieu un restaurant-bar-café, ainsi qu’une ferme pédagogique, le tout agrémenté d’une programmation culturelle. L’énergie de la jeunesse, sans doute.
Un concept à taille humaine
"La maison est petite mais on va faire rentrer tout ça", sourit-elle. "Il y a déjà pas mal d’initiatives associatives à Strasbourg, mais c’est vrai que des lieux qui permettent aux associations, aux collectifs, de se rencontrer ça se raréfie. Surtout dans ce quartier-là".
De quoi taper dans l’œil du jury. Lauréats, ils sont depuis sur un petit nuage mais surtout au four et au moulin pour donner corps à leur imaginaire.
"A l’intérieur de la maison, il faut réaménager l’espace, briser quelques cloisons, il faut aussi meubler et rénover les murs. A l’extérieur, il reste à installer une terrasse et une véranda".
Du travail et un engagement pour permettre à tout un quartier de retrouver un peu de lien social. "On a envie d’accueillir tous les publics. Nous sommes proches de l’Elsau, de la Montagne Verte. On veut de la mixité sur le lieu, que ça transcende les classes sociales et que ça soit intergénérationnel. Il y a trop de tiers-lieux qui se « boboïsent », nous ne voulons pas de ça", affirme encore la jeune femme.
"Un projet passion", au business plan "solide", considèrent ses créateurs. La restauration, qui fera la part belle aux produits locaux et de saison, servira à financer la programmation évènementielle faite de projections, de débats, de concerts. "On sait qu’on devra faire des sacrifices au début mais la stabilité financière viendra la troisième année", assurent-ils.
Plus de 15.000 euros de dons récoltés
En cuisine et en salle, deux personnes devraient être prochainement embauchées. En attendant, le permis de construire doit encore être validé pour engager le gros œuvre et débuter les travaux qui seront, en partie, participatifs. Tout comme le financement. Soutenu par plusieurs partenaires privés et par l’Eurométropole, le projet a également fait appel aux dons en ligne. Résultat, les 15.000 euros attendus ont été largement financés.
De bon augure pour espérer ouvrir à la fin de l’année et voir les trois copains, "heureux".