Attentat de Strasbourg : "Je ne veux pas ajouter la colère à la violence", confie la compagne de Pascal Verdenne

Chantal Ruh était ce 11 décembre 2018 au restaurant la Stub, avec son compagnon, Pascal Verdenne. Il est l'une des cinq victimes tuées par Cherif Chekatt. Par pudeur, par discrétion, "tel qu'était Pascal", elle n'avait pas encore parlé. Elle veut aujourd'hui délivrer son message "de bienveillance".

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Plus d'un mois après l'attaque meurtrière de Cherif Chekatt, Chantal Ruh se dit surtout "extrêmement fatiguée, physiquement et émotionnellement", elle qui a encore "beaucoup de mal à trouver le sommeil". Et à entendre sa voix au téléphone, on imagine son immense lassitude. Sa grande volonté aussi à faire passer un message, en son nom, et pour la mémoire de Pascal. Qu'il soit compris et transmis. "Je ne ressens aucune colère, aucune haine, contre personne, explique-t-elle calmement. Depuis le début, je refuse que ce sentiment s'ajoute à toute cette violence. La violence sur la violence, ça ne sert à rien, et la colère, c'est de la violence envers soi-même. Je ne veux pas subir cela, en plus."
 
La bienveillance, c'est le mot qu'elle emploie spontanément. "Le fruit d'un long travail sur moi-même, depuis longtemps. Et un sentiment que nous partagions avec Pascal. Tous les deux, nous avions un vrai rejet de la barbarie, de la violence." Un thème sur lequel le couple avait beaucoup réfléchi, elle centrée sur "le corps, le coeur, l'esprit", lui, "un grand intellectuel, passionné de philosophie et d'histoire", par le biais des deux grandes guerres et des conflits dans le monde, auxquels il s'intéressait beaucoup.

Un intellectuel passionné d'histoire

"Le grand-père de Pascal est mort le jour de la Libération de Strasbourg, le 23 novembre 1944, raconte celle qui était sa compagne depuis près de vingt ans. Cette histoire de famille liée à l'histoire de la Seconde Guerre mondiale l'a profondément marqué, il n'a eu de cesse de vouloir comprendre comment une telle barbarie, une telle idiotie, était possible chez les hommes." 

Le 6 décembre, cinq jours avant de trouver la mort dans les rues de sa ville, le retraité strasbourgeois de 61 ans, assistait d'ailleurs à la librairie Kléber à la conférence d'Olivier Guez, auteur d'une enquête consacrée au médecin nazi Josef Mengele, saluée par le prix Renaudot 2017.
 

Cette violence, c'est l'inverse de nous

Ce soir du 11 décembre, c'est encore après une conférence organisée à la librairie Kléber, celle-ci proposée par les journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme pour leur ouvrage Inch’Allah, l’islamisation à visage découvert, qu'il s'est rendu boire un verre à la Stub, avec Chantal et son fils. Sorti quelques minutes avant eux, Pascal Verdenne a été frappé directement par la barbarie, tué par balles par Cherif Chekatt.
 
"Cette violence, c'est l'inverse de moi, de nous. Je ne pouvais pas le croire. Il a fallu qu'un médecin, un psychiatre me confirme qu'il était mort pour que je le crois." Un psychiatre qui continue de la suivre aujourd'hui, de l'accompagner dans sa "reconstruction". Son fils de 24 ans aussi, est très présent, lui qui a vécu l'attentat à ses côtés.

"Il faut que je continue, dit-elle. C'est presque plus dur aujourd'hui, avec le temps qui passe, le quotidien qui suit son cours. Mais je m'attache à essayer de vivre, plus que jamais, l'instant présent. Il n'y a pas de projection." Mais l'impression toujours que "Pascal est en connexion avec moi. Nous échangions beaucoup, et nous continuons à le faire, d'une certaine façon." Avec bienveillance, toujours, sa façon à elle de "le maintenir en vie".
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