Ce mardi 23 mai, un étudiant de l'institut de formation de soins infirmiers (IFSI) de Brumath a mis fin à ses jours. Une source nous affirme que la direction a souhaité taire ce décès. De son côté, les responsables de l'hôpital disent avoir informé la communauté hospitalière et les étudiants en temps et en heure.
Notre source souhaite rester anonyme et ne souhaite pas préciser son genre. Elle se fait appeler "Charlène", dans un effectif qui comprend 8 garçons pour 54 filles.
Elle craint des représailles, et dit que la direction de cet établissement du Bas-Rhin a informé sa promotion du décès, mais qu'elle aurait donné l'ordre de ne pas parler de ce triste événement.
Elle n'est pas de cette promotion, mais se dit "touchée comme chaque étudiante" et avoir "peur". Elle évoque en outre des pressions, sur les promotions. Cette source nous a confié son témoignage, et la direction de l'établissement sa version des faits.
Un silence allégué sur les faits
"Ce mardi, on a vu que cet étudiant n'était pas en cours. La promo s'est donc inquiétée", commence "Charlène". "On s'est demandé où il était, on a essayé de le contacter, mais sans réussir. C'est à 15 heures que les menuisiers qui faisaient des travaux dans l'IFSI ont découvert le corps de cet étudiant, dans sa chambre. Les étudiants qui habitent loin dorment sur place dans le "Home". Les employés changeaient les serrures dans chaque chambre. Ils toquent et se rendent compte que l'une des serrures ne s'ouvre pas comme il faut. Ils cassent la serrure, et c'est là qu'ils ont découvert le corps de cet étudiant", ajoute notre source.
D'après cette source, les équipes médicales du SAMU et les forces de l'ordre sont intervenues, mais il était trop tard. "Des responsables sont ensuite venus annoncer à la promotion le décès. Nous étions sous le choc : il y avait des cris à travers la salle, mais aussi des pleurs. C'est là qu'on nous a demandé de faire valoir le secret professionnel pour éviter d''ébruiter le suicide", continue "Charlène". "L'établissement a déjà eu le suicide d'un infirmier au travail, en janvier dernier, à la médecine du travail. Cela remettait en question les conditions de travail au sein de l'EPSAN et ça mettait en lumière les conséquences sur les patients", termine notre témoin.
La source évoque aussi des pressions, au cours de la formation. "C'est lié à l'intensité de la formation, mais ça c'est national. Comme c'est une promotion professionnelle, il y a une pression informelle pour ne pas redoubler. Il y a trois années de formation, et une année coûte 8 000 euros. Si on multiplie par trois cette somme, cela revient à très cher. Chaque promo est en outre attendue par chaque service, pour renflouer les postes d'infirmiers manquants", conclut-elle.
Transparence absolue pour la direction
Interrogée par France 3 Alsace, la direction de l'établissement confirme la survenue de ce décès. "Je vous confirme le drame survenu le 23 mai, avec le décès d'un étudiant infirmier de 1e année au sein du "home". Il avait 36 ans et était en reprise d'études. Il a manifestement mis fin à ses jours, mais les examens médico-légaux doivent être pratiqués", déclare Yasmine Sammour.
La directrice de l'hôpital dont dépend l'IFSI de Brumath se défend de toute rétention d'information : "Ce n'est pas un secret, l'information a été diffusée dès que nous l'avions, à l'ensemble des professionnels de l'hôpital et des étudiants. Il y a eu un accompagnement psychologique proposé et la mise en place de temps de recueillement pour la communauté hospitalière et les étudiants."
La responsable de l'établissement appelle à "respecter la douleur des proches" de l'étudiant. Elle déclare que cet événement "bouleverse à nouveau l'établissement et la communauté hospitalière". "Il s'agit d'un nouveau drame difficile à vivre, même si la situation n'est pas la même que celle que nous avions vécu en début d'année", pose Yasmine Sammour. La directrice de l'hôpital fait allusion à un infirmier qui a mis fin à ses jours, au sein même de l'hôpital, en janvier dernier.
À la suite de ce décès, la direction annonce que ces temps de recueillement seront proposés le vendredi 26 mai sur le site hospitalier de Strasbourg-Cronenbourg et mardi 30 mai à Brumath.