Sur le même principe que le mois sans tabac, le Dry January consiste à ne pas boire d'alcool en janvier. Au 25 janvier, le défi touche à sa fin et amène à se questionner sur la consommation d'alcool aujourd'hui et sur les facteurs sociaux qui l’accompagnent.
Ne pas consommer d'alcool pendant le mois de janvier, c'est le principe du "Dry January", une initiative britannique lancée par l'association Alcool Challenge reprise en France, notamment sur les réseaux sociaux. Un défi qui permet de réfléchir aux effets de l'acool sur notre santé. "Si on a une consommation excessive d'alcool, même ponctuelle, arrêter de boire pendant un mois peut être bénéfique pour l'organisme, c'est un objectif raisonnable, qui permet de se poser des questions, de ressentir les effets éventuels de privation ou d'avoir d'autres activités", fait remarquer Elisabeth Fellinger, responsable du centre d'information régional sur les drogues et les dépendances (CIRDD) d'Alsace.
Selon une étude publiée mercredi 2 janvier par l’université du Sussex (Angleterre), qui a suivi 800 participants pendant les six mois, 72% de ceux qui étaient allés jusqu'au bout du défi adoptaient dans les mois suivant une consommation d'alcool jugée plus saine et responsable. L'association estime en outre que 71% des participants dorment mieux.
"Il est ancré dans les moeurs qu'il faut boire"
Si ce challenge peut avoir des effets bénéfiques sur la santé, il est aussi révélateur de la place qu'a pris la consommation d'alcool dans notre société. "Ce genre de mode sort sur les réseaux sociaux et on ressent cet événement comme s’il était devenu exceptionnel de ne pas boire. On s'aperçoit qu'il est ancré dans les moeurs, qu'il faut boire et que consommer de l'alcool tous les jours n'est pas grave", déplore l'un des lecteurs de France 3 Alsace. Père de famille de 33 ans qui ne boit pas d'alcool, il s'est même déjà vu demandé s'il était malade parce qu'il avait refusé un verre.Il dénonce la pression sociale qui s'est créée autour de la consommation d'alcool en France particulièrement: "Par exemple, j'ai de la belle-famille en Pologne et même si c'est un pays réputé gros consommateur d'alcool, là-bas, le fait de ne pas boire est totalement accepté. Il y a même des endroits où les boissons sans alcool sont gratuites pour les personnes qui acommpagnent des buveurs", souligne-t-il.
"Si on ne boit pas d'alcool, on est exclu, on est has been"
Une bénévole de l'association des alcooliques anonymes arrive à la même conclusion : "Si on ne boit pas d'alcool, on est exclu, on est has been". Cette mère de famille s'inquiète aussi de voir les nouveaux comportements qu'adoptent les jeunes : "Je le vois avec mes enfants, les jeunes ont pris l'habitude de se retrouver pour ce qu'ils appellent des before, qui consistent à se saoûler avant de sortir." Elle alerte : "Au début on boit pour la convivialité, puis parce qu'on se sent déshinibé puis à la fin on se renferme".Selon les derniers chiffres de l'OFDT de 2014, dans le Grand Est, les jeunes de 17 ans étaient 12 % à déclarer un usage régulier (au moins 10 usages au cours du mois) et près d’un jeune sur deux interrogé (48 %, un chiffre équivalent à la moyenne nationale) rapportait au moins une alcoolisation ponctuelle importante (cinq verres ou plus) au cours des 30 derniers jours. Pour les 15-75 ans, 17 % ont déclaré une consommation régulière et 15 % au moins une alcoolisation ponctuelle importante. Si la consommation excessive d'alcool touche toutes les tranches d’âge, les usages diffèrent donc.