Contrairement aux acheteurs de livres neufs, les adeptes du livre d'occasion ne cessent de croître. En librairie ou en ligne, le petit marché de la seconde main fait son chemin, au grand dam parfois des éditeurs.
Véritable caverne d'Ali Baba, la plus ancienne boutique de livres d'occasion de Strasbourg a ouvert ses portes en 1956. "Il y a plus de 30 000 ouvrages dans le magasin", affirme, non sans fierté, Yves Suss, à la tête du Marché du Livre, rue Gothard, depuis 56 ans.
Le marché du livre d'occasion se porte bien. En 2022, 80 millions d'ouvrages d'occasion ont été achetés, soit 20% du marché global. "Un livre ça ne se jette pas, témoigne une habituée de la boutique. Quand j'ai lu un livre, je le passe à ma voisine qui adore aussi les romans policiers, puis elle le passe à son beau-frère etc." Une chaîne des lecteurs qui représente aujourd'hui un livre acheté sur cinq.
Face au prix élevé des ouvrages neufs, le livre d'occasion est devenu un incontournable. Avec ses 350 millions d'euros de chiffres d'affaires, il représente 9% du marché de l'édition. "Cela permet d'éviter de jeter certains livres qui auraient pu aller à la poubelle, on leur donne une seconde vie", explique Camille Hager, gérante de l'antenne strasbourgeoise Recyclivre, qui récupère 12 000 ouvrages chaque mois et les revend en ligne.
Un livre d'occasion sur deux vendu en ligne
Face aux bons vieux rayonnages et à l'odeur du papier, le business du livre sur internet a réussi à s'imposer. Un livre d'occasion sur deux est vendu en ligne, sur des plateformes qui ont pignon sur rue telles que Amazon, Momox, ou Vinted.
Pour enrayer cette expansion, Emmanuel Macron a proposé lors du Festival du livre en avril une contribution spéciale afin "de protéger le prix unique du livre". Cette taxe ne s'appliquerait qu'aux plateformes en ligne, jugées déloyales par le Syndicat national de l'édition.
Une mesure qui n'enchante pas la librairie en ligne Recyclivre, alors que le nombre d'acheteurs d'occasion ne cesse de croître : "on a un public assez âgé, qui préfère acheter de la seconde main à petit prix, cela favorise l'économie sociale et solidaire." D'après une étude de la SOFIA, la principale motivation pour 76% des acheteurs d'occasion est de faire des économies.