Un ingénieur irlandais fait cet été le tour de l'Europe juché sur son invention : le snowboard bike, ou vélo-surf des neiges, dans l'espoir qu'il plaise, interroge et suscite des réactions. Le seul objectif de Michael Killian, c'est de le perfectionner et de voir des cyclistes l'adopter, comme un vélo ordinaire.
Le deux-roues est étonnant, et oblige à une inspection visuelle d'abord. Deux roues, un cadre biscornu qui touche presque le sol, une selle inclinée, deux demi-guidons, l'un à droite, l'autre à gauche. Une chaîne très longue, qui monte et qui descend du cadre à deux reprises. Un drôle d'engin.
Une fois juché sur sa selle, Michael Killian commence à pédaler, le corps de côté comme sur un surf, oui là c'est évident. Et ses mains ne font pas le même mouvement, chaque roue est donc indépendante l'une de l'autre, c'est assez fascinant à regarder.
Parce que le vélo ondule. Oui, c'est le mot qui vient à l'esprit, quand on voit passer le vélo-surf des neiges devant soi. Un mouvement précis et gracieux. La longueur du vélo semble poser moins de problèmes qu'avec un vélo classique.
Michael explique le principe : "comme chaque roue est indépendante, je peux faire tourner les deux roues vers la gauche au même moment, je réduis donc le temps de réaction et le mouvement se fait plus rapidement qu'avec un vélo classique, où il faudra attendre que la roue arrière suive la roue avant qui est la seule à être dirigée".
Mais d'où vient cette idée de se mettre en travers de la circulation, dos au trottoir ? "Je suis un inventeur", dit-il tout simplement.
"Toute ma vie j'ai créé des inventions. J'étais ingénieur informaticien et mes inventions en data communication étaient toutes brevetées. C'est ce qui m'a permis d'avoir assez d'argent, une fois en retraite, pour acheter les matériaux de mes nouvelles inventions. Et là maintenant, j'ai 64 ans et j'invente des vélos."
Un petit vélo dans la tête
Le premier snowboard bike voit le jour à Dublin en 2004 dans l'atelier de Michael Killian, après beaucoup d'essais. "Si ça n'avait pas marché, je serai allé me recoucher, et c'était terminé. Mais ça a marché, et depuis je n'ai pas arrêté d'y penser : comment améliorer cela, comment modifier telle pièce... je ne peux pas me l'enlever de la tête, j'y pense sans cesse !"
Le snowboard bike blanc qu'il utilise en juillet 2023 a été fabriqué en début d'année. "C'est mon dixième prototype, il est plus léger, plus maniable. J'ai rajouté un piston sur la roue arrière pour rendre les mouvements plus fluides".
Un équilibre plus facile à trouver
Plutôt que de miser sur l'équilibre gauche droite, comme sur un vélo classique, lui fait un mouvement de balancier d'avant en arrière, ce qui est plus facile selon lui : "nous les humains sommes finalement très stables sur nos deux pieds, et donc le mouvement gauche droite nous devons l'apprendre en montant sur un vélo."
"Alors que rééquilibrer son corps d'avant vers l'arrière, nous le faisons sans cesse, en marchant. Donc finalement, c'est plus naturel et physiologique pour le corps". L'apprentissage serait donc plus facile
Quant aux deux mains qui font deux mouvements distincts, c'est la grande marotte de Michael Killian. "Finalement, un humain est constitué de deux parties distinctes, du cerveau aux doigts. Mais seuls les musiciens utilisent leurs deux mains pour faire deux choses différentes. Moi je pense que nous devrions développer ces capacités en nous. Un snowboard bike est très facile à manier finalement et il nous permet un contrôle de la direction tout en finesse".
Selon ce même principe des deux mains qui font deux choses différentes, Michael aimerait fabriquer maintenant un avion. Mais c'est une autre histoire...
Tour d'Europe
Chaque année, Michael Killian part trois mois en Europe, pour faire découvrir son snowboard bike. "Les gens s'arrêtent quand je roule, ils me posent des questions. C'est très agréable, je passe mon temps à expliquer la technologie, les principes physiques, et c'est aussi une reconnaissance de mon travail. Peut-être que ça pourrait intéresser aussi des enfants, je suis sûr qu'ils s'amuseraient beaucoup avec."
L'inventeur irlandais a déjà vendu deux snowboard bike, mais il assure que son objectif n'est pas commercial. "Avec l'essor du vélo dans de nombreuses villes européennes, je me dis juste que ce serait bien que différentes formes puissent émerger, pour que mon invention ne disparaisse pas, qu'elle puisse être plaisante et utile à certains cyclistes."
Il a déjà rencontré nos collègues de France 3 Bretagne en 2022 et visité un grand nombre de grandes villes françaises. Après Strasbourg, il se rendra la semaine prochaine à Düsseldorf, pour rouler de côté et onduler sur les pistes cyclables allemandes.