L'entreprise Le fil d'Altaïr, basée à Strasbourg (Bas-Rhin), a inauguré jeudi 18 janvier un nouvel atelier de bonneterie doté de quatre machines à tricoter flambant neuves. Il s'agit, pour l'entreprise d'insertion, de relancer cette filière textile locale, disparue du Grand Est, de manière solidaire et écologique.
C'est par un coup de ciseau symbolique sur un ruban tricolore qu'a entamé la journée du 18 janvier l'entreprise Le Fil d'Altaïr, basée à Strasbourg (Bas-Rhin). En inaugurant son nouvel atelier, l'entreprise fait le pari d'une relocalisation de la bonneterie, des années après sa disparition dans le Grand Est. Par bonneterie, nom issu du Moyen Âge, il faut entendre un art du tricotage et un savoir-faire que Le Fil d'Altaïr a pour ambition de faire renaître en Alsace.
Il aura fallu deux ans de réflexion et sept mois de travaux avant de passer à la phase pratique. Dans l'atelier flambant neuf, quatre tricoteuses circulaires vont démarrer la fabrication de tissu en maille, en base jersey, côte et molleton. Un fonctionnement complexe qu'une ingénieure textile, Lucie Castelle, explique à notre équipe sur place : "Il y a 96 bobines de fil. Chacun de ces fils monte en haut de la machine et redescend. Les fils passent d’abord par un contrôleur de tension, puis descendent au niveau des aiguilles qui tournent, un peu plus de deux mille qui tricotent. Ils arrivent en bas sur le rouleau qu’on récupère".
Après une phase de rodage, les machines à tricoter seront capables de débiter chacune plus de 400 mètres de tissu par jour. À terme, deux ingénieurs et un bonnetier feront tourner l'atelier. Une activité complémentaire pour le Fil d'Altaïr puisque l'entreprise fait de la confection depuis 2020 dans des ateliers composés pour la moitié de salariés en réinsertion. Conçue au départ pour produire des masques pendant la période Covid, l’entreprise a ensuite évolué vers la fabrication de produits d’habillement.
Un tshirt parcourt 60 000 kilomètres avant qu'on puisse le porter, entre le fil et la confection. Aujourd’hui, nous, on propose 600 kilomètres.
Luc de Gardelle, le président du groupe Altaïr
Avec sa bonneterie, le groupe Altaïr espère vendre ses nouvelles étoffes à des marques et d'en conserver une partie pour ses propres productions. Luc de Gardelle, le président du groupe Altaïr, confie ainsi vouloir relancer la filière textile locale et nationale, de façon écoresponsable. "On ne peut pas réfléchir qu'au gain immédiat, le gain environnemental est vital aujourd’hui. Un T-shirt parcourt 60 000 kilomètres avant qu'on puisse le porter, entre le fil et la confection. Aujourd’hui, nous, on propose 600 kilomètres. On propose de remettre les gens du territoire au travail, on propose de vendre nos T-shirts sur le territoire. Je crois qu’économiquement on est plutôt bon. Alors, oui, à l’achat, cela va peut-être coûter un peu plus cher".
Près de 800 000 euros ont été investis dans ce projet qui a bénéficié du soutien des collectivités et de la filière textile Grand Est. L'atelier pourra accueillir des alternants pour se former au métier de bonnetier, devenu très rare. Il devrait tourner à plein régime d'ici à l'été prochain. Chaque jour, plus d'un kilomètre de rouleaux d'étoffe sortira des tricoteuses.