VIDEO. La PMA pour toutes mais des embûches partout, "c'est un parcours du combattant"

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La PMA accessible à toutes ? La loi le prévoit depuis 2021, mais les faits semblent contredire les textes législatifs
Un dossier France 3 Alsace d'Isabelle Michel et Thierry Sitter ©Isabelle Michel / France Télévisions

Toutes les femmes peuvent avoir accès à la PMA, depuis 2021. Depuis cette date, la procréation médicalement assistée est ouverte aux couples de femmes vivant ensemble. Paradoxe : en pratique, ces couples sont confrontés à des contraintes et des démarches lentes. C'est le cas par exemple à Strasbourg.

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Pour Hélène, 34 ans, et Maud, 38 ans, c'est régulièrement la même histoire. Elles doivent à chaque fois faire ce trajet entre Sarreguemines (Moselle) où elles habitent, et Strasbourg (Bas-Rhin). Objectif de ces deux femmes en couple depuis 7 ans : espérer devenir mamans.

Elles doivent se rendre au CMCO : le centre médico-chirurgical obstétrique de Schiltigheim. Le premier rendez-vous a eu lieu en janvier 2022. Depuis, les entrevues s'enchaînent. Dans tous les cas, elles estiment qu'il s'agit d'une véritable épreuve. 

Pourquoi en sont-elles venues à ce constat ? Une équipe de France 3 Alsace a suivi ce couple, dans son parcours médical. 

Le labyrinthe médical

Hélène et Maud vont avoir recours à la PMA, la procréation médicalement assistée. Première chose que les deux futures mamans déplorent : le regard des autres. "Quand un couple hétérosexuel décide d'avoir un enfant, il n'y a pas beaucoup de questions qui lui sont posées. On lui dit que c'est trop bien, etc. Si vous êtes deux femmes et que vous annoncez la même chose à votre entourage, la première question qu'on va vous poser, c'est 'vous allez faire comment ?'", constate Hélène.

Vient ensuite la lenteur du processus médical. Avant, toutes deux ont dû voir un gynécologue et un psychologue. Bientôt, place au biologiste. Des étapes longues, juge Héléne. "C'est un parcours du combattant, finalement. Entre le fait de trouver un médecin qui vous accompagne, d'arriver à accéder aux informations en termes de PMA, puis de pouvoir se lancer dans le processus, c'est quand même très long. La question de comment faire se pose de manière très légitime."

Les deux femmes ont déjà décidé de qui portera l'enfant. Ce sera Hélène. "On ne s'est pas vraiment posé la question, c'était logique dans nos têtes, au vu de ce que l'on vit. On a quatre ans de différence, c'est vrai que j'ai 38 ans. En général, comme ce n'est pas 'naturel', c'est préférable qu'on soit plus jeune pour que ça fonctionne. C'est aussi pour mettre nos chances de nos côtés pour concevoir un enfant", justifie Maud, sa partenaire. 

Peu de donneurs et trop d'attente 

Pour continuer leurs démarches, elles doivent à présent se rendre au Cecos de Strasbourg. Il s'agit du Centre d'études et de conservation des œufs et du sperme humain. C'est là que les spermatozoïdes sont congelés depuis l'ouverture il y a deux ans de la PMA à toutes les femmes. Or, il reste des difficultés. "Les besoins en dons de sperme ont été multipliés par cinq et les dons ne suivent pas toujours", s'inquiète Cécile Grèze, biologiste.

Au fil des années, le nombre de donneurs diminue à en croire la spécialiste. "Chaque année, on a à peu près entre 15 et 20 donneurs. On a eu, en 2022, 17 personnes retenues et qui sont allées au bout. Même chose l'année précédente. Des années assez fastes. Elles sont 11 personnes à avoir fait un don de spermatozoïdes pour l'année 2023. Pour elles, on sait que leur parcours est achevé avec les spermatozoïdes, les paillettes, qui sont conservées dans cette banque."

Les délais semblent toujours trop longs : neuf mois minimum entre le premier rendez-vous pris à l'hôpital et la première tentative de PMA qui ne marche pas toujours. "Le temps d'attente est similaire pour tout le monde, que ce soit des couples hétérosexuels, des couples homosexuels ou des femmes seules, le temps d'attente se situe entre neuf mois et un an. Il est aussi modulable en fonction du nombre de donneurs qu'on a. Le temps d'attente est pareil pour tout le monde", se défend Catherine Rongière, gynécologue-obstétricienne, coordonnatrice du centre d'Assistance Médicale à la Procréation.

À Strasbourg, 44% des demandes de procréation médicalement assistée concernent aujourd'hui les couples homosexuels. Parmi ce public, Hélène et Maud, pour qui il est enfin bientôt l'heure de la première PMA. Face aux nombreuses étapes, le couple continue de faire bloc. Toutes deux préfèrent rester philosophes et motivées. "Cela changera la vie, c'est clair. On arrivera à faire face, parce qu'il y a toujours des difficultés. On fera au mieux en fait, avec plein d'amour", conclut Maud. 

L'an dernier en Alsace, 113 couples de femmes ont déposé une demande de don de spermatozoïdes.

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