Les députés ont adopté en seconde lecture le texte de loi bioéthique qui autorise la PMA à toutes les femmes, dans la nuit du 31 juillet au 1er août. Un soulagement pour Juliette Ledru, présidente de l'association rémoise Ex-aequo à Reims et elle-même maman d'un enfant issu d'une PMA en Belgique.
Soulagement et émotion. Dans la nuit du 31 juillet au 1er août, les députés ont adopté en seconde lecture le texte de loi bioéthique permettant à toutes les femmes d'avoir recours à la procréation médicalement assistée, PMA. Même si les sénateurs doivent encore voter pour que le texte soit adopté de manière définitive, ce vote est vécu comme une grande avancée, après trois ans de reports des débats.
Juliette Ledru, présidente de l'association Ex-aequo, qui lutte contre les discriminations LGBT+, ne cache pas sa joie. Lors d'une interview sur le plateau de France 3 Champagne-Ardenne ce vendredi, elle a expliqué ce que ce vote allait changer dans la vie quotidienne des femmes qui souhaitent avoir recours à la PMA.
France 3 Champagne-Ardenne: En quoi le vote de cette loi est-il une bonne nouvelle ?
Juliette Ledru : Tout d'abord, c'est une joie et un soulagement. Une bonne nouvelle, car nous allons peut-être enfin terminer nos départs au-delà des frontières en Belgique et en Espagne. C'est une bonne nouvelle pour toutes les femmes qui voulaient fonder une famille indépendamment de leur orientation sexuelle ou de leur situation conjugale.
Le texte a mis du temps à voir le jour. Peu de députés étaient présents lors du vote. Est-ce que la question de la PMA pour toutes est encore gênante dans notre société en 2020?
J.L. : C'est une question très sensible, qui semble, je cite ce que j'ai entendu durant les débats dans l'Assemblée, "toucher l'âme et la conscience de tout le monde".
Pourquoi selon vous ?
J.L. : Car on touche à la famille, à la filiation. C'est très ancré dans la société française. Donc c'est un sujet sensible, qui va faire bouger et fait déjà évoluer la société. Indépendamment de la loi, la société avait déjà évolué. La loi offre un cadre juridique, un aboutissement de ce qui avait déjà été sollicité en amont.
Vous par exemple, avec votre compagne, vous avez eu recours à la PMA mais en Belgique, comme beaucoup de femmes. Quelles contraintes cela impliquait ?
J.L. : Des déplacements onéreux, beaucoup de stress et cette impression d'être citoyenne française et de devoir aller à l'étranger pour fonder une famille…
… une impression de déclassement ?
J.L. : D'être une citoyenne de seconde zone.
Qu'est-ce que ce texte va changer pour les femmes, au-delà de la possibilité d'avoir recours à la PMA?
J.L. : Pour ces femmes, c'est une vision vers l'avenir. Quand vous voulez fonder une famille, vous vous posez beaucoup de questions. Avec ce texte, il y aura des questions, des soucis en moins et des contraintes en moins également, qu'elles soient d'ordre social ou économique. Ce sera également une reconnaissance pour le second parent lorsqu'il y a un.
Justement, le texte est en cours d'adoption. Il y a également la question du don d'ovocytes, en clair, qu'une femme puisse en donner un qui soit fécondé dans le ventre de sa compagne. Cela ne passe pas. Pourquoi selon vous ?
J.L. : C'est l'amendement Ropa. Il n'est pas passé, certains détracteurs pensent qu'il est trop proche de l'esprit GPA. Ça fait peur. On le sait, on l'a entendu par les membres du gouvernement que la GPA est la ligne rouge qu'ils ne veulent pas franchir. L'amendement Ropa aurait été le bienvenu. Ce n'est pas accepté et c'est dommage.
Est-ce que avec cet amendement Ropa, il n'y avait pas un risque d'une médicalisation encore plus forte de la PMA ? C'est une des critiques de ses opposants.
J.L. : Les opposants vous apporteront toujours toutes sortes de critiques. Je ne suis pas spécialiste de la question, mais moi-même en étant seconde maman, si mon épouse n'avait pu continuer à porter et que j'aurais pu apporter mes ovocytes, je l'aurais fait de bon cœur. C'est en ça que c'est dommage.