VIDÉO. Leurs factures d'électricité explosent, ces artisans créent un collectif pour obtenir des tarifs plafonnés

Des artisans pris à la gorge financièrement en raison de factures d'énergie qui explosent ont monté le collectif Les disjonctés. Le ministre des Finances a pourtant demandé aux fournisseurs d'énergie de limiter le kilowattheure à 280 euros, mais cela n'est pas respecté et l'endettement continue.

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Les artisans et commerçants de l'agglomération de Strasbourg doivent faire face depuis quelques mois à une augmentation considérable de leurs factures d'électricité. La flambée des prix est due à un renouvellement de contrat signé à l'automne dernier au moment où l'énergie était la plus chère. Certains d'entre eux ont décidé de se réunir en un collectif baptisé Les disjonctés. Pour l'heure, il regroupe 200 entreprises françaises, dont une trentaine en Alsace.

L'objectif est de faire entendre auprès du fournisseur d'électricité strasbourgeois, ES (Electricité de Strasbourg), une voix solidaire et cohérente. Une équipe de France 3 Alsace a rencontré deux entrepreneurs, membre de ce collectif, pour tenter de comprendre comment sont nées les difficultés.

Fabien Schwab, gérant d'Evaé, une des plus grandes salles de sport d'Europe, craint que la situation mette en péril son entreprise. Même en diminuant la consommation d'électricité de 35%, la facture du mois de janvier n'a jamais été aussi élevée.  "28.751 euros, je ne sais pas comment payer cette facture. Auparavant, on était sur les bases de 10.000 euros. On a essayé de prendre les devants en réduisant la consommation au niveau des lumières, du traitement de l’air, de la partie piscine et hammam".

Fabien Schwab a rejoint Les disjonctés pour l'entraide que cela apporte entre les adhérents et pour l'écoute a priori plus importante de la part d'ES. "J’espère qu’on arrivera à un résultat, mais pour l’instant ES ne répond pas à nos questions".

Samuel Alizadeh, gérant du salon de thé Suzanne, est dans la même situation. Depuis le mois de novembre, les factures d'électricité ont été multipliées par 10, un coup dur pour le moral et le maintien de l'activité de son entreprise. "On veut trouver des solutions avec ES, mais ils restent intransigeants. Ils nous disent que la signature du contrat ne peut, en aucun cas, être revue."

Seule note d'optimisme pour Samuel, le basculement prochain en heure d'été.  "À partir du 1er avril, nous allons basculer en heures d’été donc avec une chute au niveau du coût. Cela restera malgré tout élevé et les factures demeurent. De plus, quand on rebasculera en période hivernale, on va de nouveau monter à des niveaux de dingue, plus de mille euros le mégawattheure."

J’ai plein d’interrogations pour la suite de mon entreprise, l’avenir me fait peur. Je continue le combat mais moralement c’est difficile.

Samuel Alizadeh, gérant du salon de thé Suzanne

Le gérant du salon de thé dit vivre au jour le jour. Hors de question pour lui de faire un prêt bancaire pour payer ses notes d’électricité. "Mon but est de verser ce que je peux avec le modèle économique de mon entreprise. Je maintiens mon activité, difficilement. Je suis dans le brouillard. J’ai plein d’interrogations pour la suite de mon entreprise, l’avenir me fait peur. Je continue le combat, mais moralement, c'est difficile".

Triste constat que Daniel Aaron, cofondateur du collectif Les disjonctés, résume par ces quelques mots : "C’est un groupe d’artisans et de commerçants désespérés. Dans un premier temps, ils ont été dans l’incompréhension, aujourd’hui, ils ont décidé de se battre et de dire non". 

Les énergéticiens s'étaient pourtant engagés, le 1er juillet 2022, à maintenir le prix du mégawattheure à un plafond fixé à 280 euros. "On demande.au ministre des Finances Bruno Le Maire de passer un décret stipulant que tout ce qui a été surfacturé au-delà cela doit être rayé des factures. L’ES a une situation de monopole et en abuse", déplore Daniel Aaron.

Le gouvernement a en effet limité le prix du kilowattheure à destination des TPE, mais d'après le collectif, les fournisseurs d'énergie ne respectent pas cette décision. Contactée, Electricité de Strasbourg a refusé de répondre à nos questions. Le bras de fer se poursuit avec Les disjonctés.

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