WEBSERIE. Pourquoi le minitel n’est pas mort et reste toujours présent dans nos vies

Et si je vous disais que le Minitel n'est pas mort ? Nous lui devons une bonne partie de nos habitudes numériques. Des passionnés ont décidé de le remettre au goût du jour. Montez à bord de la DeLorean de "Retour vers le 3615" pour tout connaître du Minitel, véritable star du low tech.

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Vous croyiez quel le Minitel était mort en 2012, pas vrai ? En tout cas, moi oui. Mais que nenni ! Il s'avère que le Minitel survit en filigrane à travers nos usages numériques actuels, et qu'il existe aussi des passionnés, des chercheurs et des artistes qui s'attellent à lui donner une deuxième jeunesse. Fannyfique vous en dit plus dans le quatrième épisode de la websérie "Retour vers le 3615".

Le Minitel est mort, vive le Minitel

Non, le Minitel n'est pas vraiment mort en  2012. Déjà, chose surprenante, en 2009 "il y avait encore 10 millions de connexions mensuelles par le biais du Minitel et en 2010, 2 millions de personnes l’utilisaient encore en France. Au moment de sa fin officielle, le 20 juin 2012, ce terminal informatique était encore apprécié par 400.000 amateurs". En 2012, à l'époque où les réseaux sociaux et Youtube explosaient littéralement les compteurs, je n'aurais jamais cru qu'autant de personnes l'utilisaient encore.

Ci-dessous le quatrième épisode de notre websérie "Minitel : retour vers le 3615".
Retrouvez les cinq épisodes de la playlist.

Sur le plan technologique, même si l'on ne s'en rend pas forcément compte, le Minitel est d'une certaine manière encore bien présent dans nos usages quotidiens. Je m'explique. Quand le Minitel entre dans la vie des Français, ceux-ci n'ont pas l'habitude de rester assis devant un écran, hormis la télévision. Or, cette dernière ne fait que déverser un flot continu d'images sur lequel le téléspectateur n'a aucune prise. A l'inverse du Minitel. C'est la toute première fois que les Français passent du temps sur un écran interactif.

On doit donc au petit boitier marron "son rôle matriciel dans la mise en place des pratiques et représentations d’une partie non négligeable des Français qui ont grâce à elle fait leurs premiers pas dans les espaces de la communication numérique." Le Minitel a instauré des choses que nous faisons tous les jours : l'utilisation d'un écran, d'un clavier, la communication par messageries... C'est lui qui a mis en place les usages numériques des français et leur a donné des habitudes de navigation. 

L'empreinte du Minitel persiste également à travers de grandes marques, notamment les GAFA. Toute la Silicon Valley, dans les années 1980, suit de près le développement du Minitel et une légende tenace dit même que Steve Jobs, "le papa de la Pomme", s’est fait ramener un Minitel chez lui pour l’examiner sous toutes les coutures, ce qui lui aurait inspiré le design du Macintosh. Incroyable, non ? 

"Comment ça je me suis inspiré des petits frenchies ?"

Il n'existe pas de preuves, mais il est probable que le Minitel ait inspiré les géants Apple et Google dans la création de leur modèle économique en ligne. En France, le Minitel était lucratif car il reposait sur un système dans lequel lÉtat gérait les services du Kiosque, en empochant l’argent des minitélistes et en reversant une partie aux éditeurs de service. Un système qui ressemble fortement à ce que les Américains ont mis en place par la suite avec Google Play ou l'Apple Store. Encore plus fort : le pourcentage que France Télécom reversait aux éditeurs est à peu près le même que celui que reverse Apple aux éditeurs des applications : environ 35% du prix. 

C'est aussi sur Minitel que sont nées des personnalités ou des entreprises que l'on connaît encore à l'heure actuelle. On peut notamment citer Allociné, qui prend son essor sur Minitel à partir de 1995, Xavier Niel, qui fait fortune avec les messageries roses et qui créé l'annuaire inversé (3617 ANNU) avant de devenir le PDG de Free, ou "Marc Simoncini, le créateur de Meetic, [...] qui a fait ses premières armes en développant des logiciels pour les éditeurs de messageries sur Minitel".

Sur le plan historique, le Minitel est resté dans les mémoires pour la célèbre image du visage de Mitterrand s'affichant ligne par ligne le soir de l'élection présidentielle le 10 mai 1981. Un petit bout du terminal marron qui survit à travers les livres d'histoire. 

Des passionnés du Minitel qui continuent à le faire fonctionner

Le Minitel connaît aussi une seconde vie grâce à des passionnés. C'est le cas de Christian Quest, un fanatique qui possède des dizaines de Minitel dans sa cave. Dans les années 1980, il est développeur de services et il créé Computel. Lorsque le Minitel s'éteint, supplanté par Internet, Julien Mailland, un chercheur français installé aux Etats-Unis le contacte pour le persuader de remettre en service les différents boitiers qui prennent la poussière. Christian se laisse convaincre, il restaure Computel et se met à raviver des pages du Minitel comme le fameux 3615 Ulla, de vieilles publicités, l'annuaire, des résultats du bac, etc. Julien Mailland, l'homme qui l'a convaincu, est l'auteur de Minitel, Welcome to the Internet (2017), premier ouvrage en langue anglaise traitant du sujet. Il est aussi celui qui se cache derrière le Minitel Research Lab, une plateforme faisant office de musée du Minitel.

En 2019, un étudiant de l'IUT d'Auxerre, passionné d'objets vintage, a même décidé d’en faire son projet de fin d'année. L’objectif étant de refaire fonctionner ce fleuron du génie technologique français des années 80. Selon le jeune homme, âgé de 18 ans cette année-là, "La technologie va trop vite. Maintenant, plus personne ne prend le temps de vivre. La technologie d’avant rapprochait les gens. Maintenant, on est tellement connectés que les autres sont déconnectés du monde réel."

Sur Internet et les réseaux sociaux, il existe des communautés encore très actives à propos du Minitel. On peut citer par exemple le Musée du Minitel et son forum qui a pour but la "Préservation du patrimoine numérique, technique, matériel et culturel autour du Minitel".

Faire revivre les artistes du Minitel

Finalement, "partir à la découverte de trucs qui étaient ultra-modernes et qui sont devenus ultra vintage", comme dirait Fannyfique, c'est ce qu'on appelle l'archéologie des médias. Il existe un laboratoire d'archéologie des médias, le Pamal (arf, c'est si dur de ne pas blaguer sur ce nom) qui "développe une pratique artistique médiarchéologiste, qui s’appuie sur une pratique médiarchéologique de conservation-restauration d’œuvres d’art et de littérature numérique". Le laboratoire a donc découvert que des œuvres artistiques avaient pris vie sur le Minitel et se charge de les recréer. C'est ainsi qu'à été remis au goût du jour "L'objet Perdu", un roman télématique à choix multiples, un roman dont tu es le héro version Minitel.

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