Yannick, gilet jaune, condamné pour avoir bloqué l'autoroute: "des gens comme moi, on essaye de les écarter"

Yannick Krommenacker, l'homme qui se déguise en mouton ou en canard pour protester contre les taxes ou les radars se dit étonné de sa condamnation à 4 mois de prison dont il a écopé lundi. Mais pas tellement surpris: pour lui, sa peine est un message censé effrayer les manifestants. 

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Il s'y attendait un peu. Il faut dire que Yannick Krommenacker, 32 ans, n'en est pas à son premier fait d'armes. C'est même devenu sa spécialité. En poule "qui en a assez de se faire plumer" juchée sur un radar, en mouton pour protester contre la limitation à 80 km/h...

L'homme est adepte des vidéos qui "font le buzz" (son inspiration: Rémy Gaillard, "c'est en faisant n'importe quoi qu'on devient n'importe qui") et s'est tout naturellement greffé au mouvement des gilets jaunes. "J'avais annoncé que je ferai une vidéo contre les taxes sur le carburant. Mais ils ont lancé le 17 novembre entretemps", semble-t-il presque regretter. "Je ne cherche pas la célébrité à tout prix", enchaîne-t-il. "Je ne suis pas un militant, seulement un citoyen français qui aime bien dire ce qu'il pense." 


Une chaîne humaine de cinq personnes pour bloquer l'A35

Il a été interpellé samedi après avoir formé une chaîne humaine et bloqué l'A35 avec quatre camarades. Ses compagnons ont été relâchés. Lui a été condamné à quatre mois de prison ferme pour entrave à la circulation et mise en danger d'autrui. Une peine alourdie par une dizaine de condamnations pour violences figurant à son casier judiciaire. "Des erreurs de jeunesse, dans un contexte familial difficile", confie-t-il. "Il n'empêche: je suis un peu étonné d'être un des seuls condamnés. Il y a quand même eu des incidents assez graves un peu partout. Après, les gens comme moi, on essaye de les écarter. C'est un peu normal. Je dérange." Sa peine est aménageable. Ce qui signifie qu'elle sera probablement commuée en travaux d'intérêt généraux, amendes, semi-liberté ou port de bracelet électronique. Yannick espérer conserver son emploi de soudeur-monteur dans une société d'intérim. Il a rendez-vous avec le juge d'application des peines le 15 janvier.
 
En attendant Yannick se considère lui-même comme une des têtes d'affiche des gilets jaunes en Alsace. Pas un leader, mais quelqu'un qui a une voix dans ce mouvement protéiforme. Et Yannick est un peu déçu de la tournure des événements. "Ça partait bien, mais là c'est un peu décevant. Ça devient presque n'importe quoi, ça dégénère, ça part dans tous les sens, assène-t-il. On peut pas continuer à bloquer les gens. Faut passer à autre chose. On est en contact avec des gens comme Ghislain [Coutard, l'homme dont la vidéo à plus de cinq millions de vues serait à l'origine de l'idée du gilet jaune, ndlr] ou Fly Rider on essaye de se coordonner." Yannick assure préparer un Acte II au mouvement, mais n'en dévoilera pas plus pour l'instant.


Pas de politique

Avant de se lancer en politique? "Non je ne pense pas! D'ailleurs je ne vote pas: je pense que ça ne sert à rien! Une fois élus ils ne nous écoutent plus!" Le peuple devrait pouvoir décider directement, par référendum. "Heureusement que les Bretons ont été là pour faire une mini-révolution [épisode des bonnets rouges, ndlr], sinon on se serait retrouvés avec une écotaxe!" Pareil pour la réduction à 80km/h: "il faut arrêter de diaboliser la vitesse. Ce n'est pas la vitesse qui tue, ce sont les conducteurs irresponsables." Pas de politique mais quelque chose qui commence à ressembler à un programme, quoiqu'encore un peu simpliste. Alors pourquoi ne pas profiter de sa notoriété sur les réseaux pour bouger les choses? Pour Yannick, "les Français sont forts pour les coups de gueule sur les réseaux sociaux, mais pour ce qui est d'agir c'est plus compliqué." 

Mais avant de pouvoir fédérer encore plus de mécontents, Yannick a encore rendez-vous avec la justice, le 13 décembre prochain, pour entrave à la circulation dans l'affaire du "mouton sur le pont de l'autoroute" et pour une pancarte posée devant un radar fixe. Sans oublier l'audience auprès du juge d'application des peines en janvier. Une actualité chargée, qui ne semble pas le décourager.
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