La ligne de TGV Paris-Berlin doit être mise en service, d'ici fin 2023. Son tracé pourrait notamment éviter la ville de Strasbourg. Plusieurs élus de tous bords ont signé une lettre pour alerter les ministres français et allemand des Transports, ainsi que les présidents de la SNCF et de la Deutsche Bahn.
Sept heures de TGV entre Paris et Berlin, mais sans passer par la case Strasbourg (Bas-Rhin) ? Une option inenvisageable pour 30 parlementaires et élus de tous bords politiques, de France et d'Allemagne. Toutes et tous interpellent dans un courrier les dirigeants ferroviaires et les ministres des Transports des deux pays.
Le lancement de la ligne est prévu "en décembre 2023", selon les déclarations du patron de la SNCF, Jean-Pierre Farandou. Un aller-retour par jour réalisé en ICE, l'équivalent allemand de notre TGV. Il passerait alors par Francfort, qui est déjà desservie au départ de Strasbourg.
Strasbourg ne serait pas desservie par le Paris-Berlin, au même titre que Karlsruhe (Allemagne). La première est pourtant une ville historiquement impliquée dans la construction européenne, pour ces élus. La seconde héberge notamment la cour constitutionnelle fédérale d'Allemagne, équivalent de notre Conseil constitutionnel. Depuis quelques heures, la protestation se fait plus forte.
Contestation de tous bords
Dans ce courrier, les signatures viennent de plusieurs formations politiques. En tête de cette indignation, Jeanne Barseghian. Dans ce post Twitter, la maire (EELV) de Strasbourg indique qu'un "autre choix de tracé serait incompréhensible". Elle rappelle notamment que sa ville est une "capitale européenne et diplomatique", mais aussi un "haut-lieu de l'amitié franco-allemande". On note aussi que Pia Imbs, présidente de l'Eurométropole de Strasbourg a aussi contresigné le texte.
Un coup d'oeil à la liste de co-signataires nous montre aussi que des députés contestent aussi ce tracé qui évite l'une des capitales où siège le Parlement Européen. C'est le cas de Sandra Regol, députée (EELV-Nupes) de la 1e circonscription du Bas-Rhin. "Paris et Berlin sont deux capitales européennes. Si Strasbourg l'est aussi, alors elle ne doit pas être laissée de côté. C'est une capitale où il y a un gros travail pour faire vivre l'Europe au quotidien. Il n'y a qu'à voir l'exemple des conseils municipaux de Strasbourg et de Kehl qui sont un exemple de travail commun qui fait vivre l'Union Européenne tous les jours", explique la députée.
Des liens franco-allemands très forts
Sandra Regol explique que le tracé envisagé a des répercussions, y compris sur un autre symbole européen. "L'assemblée parlementaire franco-allemande est une institution mise en place, il y a quelques années. Elle rassemble à la fois les parlementaires de l'Assemblée nationale et du Bundestag. La dernière assemblée plénière s'est tenue ce lundi 23 mai au Parlement Européen. Lorsqu'elle s'est tenue en revanche à Berlin, il a fallu faire un changement à Offenburg et faire 6 heures de train", rappelle l'élue.
Sa collègue, Brigitte Klinkert, députée (Renaissance) du Haut-Rhin et co-présidente du bureau de l'Assemblée parlementaire franco-allemande, abonde dans son sens. "La liaison Paris-Berlin est un projet fort, symbolique bien sûr mais aussi et surtout pratique. Cela sera un axe structurant d'Ouest en Est à l'échelle européenne. Au vu des dynamiques économiques, politiques et culturelles du Rhin supérieur mais aussi de l'enjeu réaffirmé encore ce lundi à l'Assemblée parlementaire franco-allemande de renforcer le statut de capitale européenne de Strasbourg, il m'apparait inenvisageable que cette ligne Paris-Berlin évite les gares de Strasbourg et de Karlsruhe", nous explique la parlementaire.
Le projet actuel prévoit un aller-retour par jour en ICE entre Paris et Berlin, qui pourrait être renforcé d'une seconde liaison en TGV si la fréquentation est importante.