C’est un concept d’un nouveau genre : une boutique de l’air vient d’ouvrir à Haguenau. Son créateur, Germain Schrodi, se présente comme un « couturier de l’olfactif ». Il élabore des odeurs sur-mesure pour les professionnels et les particuliers.
Certaines nous dérangent, d’autres nous enivrent : les odeurs nous accompagnent au quotidien, sans que l’on y prête forcément attention. Mais pour Germain Schrodi, elles sont fondamentales. "Les odeurs sont essentielles. On néglige leur importance, observe-t-il. On l’a vu pendant les confinements : les gens cherchaient le bien-être chez eux, et cela passe par la qualité de l’air".
Après plus de 50 ans d'une carrière bien remplie comme coiffeur, ce Bas-Rhinois s’y consacre désormais pleinement et profite de sa retraite pour développer une activité encore peu courante : il crée des odeurs. Un concept sur lequel il travaille avec sa femme Lara depuis 2014 et qui trouve son point d’orgue avec l’ouverture de sa première boutique de l’air à Haguenau (Bas-Rhin).
"En tant que coiffeur, j’ai baigné toute ma vie dans les odeurs, les effluves de produits capillaires et les parfums des clientes et clients. A force, j’ai développé une sensibilité particulière pour tout ce qui se sent". Au point d’en faire un métier, de l’inventer même : il s’est autoproclamé "olfacticien".
Ce "couturier de l’olfactif" ne se contente pas de reproduire l’odeur de l’herbe coupée ou celle de la tarte aux pommes de nos grands-mères. Il crée des senteurs sur-mesure, pour les professionnels et les particuliers.
Il a ainsi déjà élaboré la signature olfactive de plusieurs hôtels-spa en Alsace, ou encore reproduit des odeurs de pain frais pour des rayons boulangerie dans la grande distribution. Des outils marketing que l’on ne soupçonnerait pas. "Une banque m’a demandé de créer une atmosphère olfactive pour déstresser les clients quand ils ont rendez-vous avec leur conseiller".
J’ai reproduit une odeur de pop-corn pour un cinéma. Depuis, les ventes de pop-corn ont augmenté de 30%.
Germain SchrodiPremier olfacticien de France
Les personnes intriguées peuvent aller humer le musée de la guerre, à Walbourg (Bas-Rhin) : Germain Schrodi l’a "olfacté" avec des odeurs de putréfaction pour évoquer les carnages des combats et de bubble-gum qui évoque la Libération et les chewing-gums distribués par les Américains.
L’"œnologue olfactif" - autre qualificatif qu’il s’est créé – a déjà mis au point un catalogue de 70 senteurs à partir desquels il compose les effluves personnalisées. Des odeurs qui doivent rester subtiles, présentes mais discrètes. Une fois élaborées, leur production est confiée à des parfumeurs de Grasse, auprès desquels Germain Schrodi a été se former.
Il faut faire la différence entre "olfacter" et parfumer. Dans un lieu olfacté, il faut encore qu’on puisse sentir son propre parfum.
Germain SchrodiOenologue olfactif
Germain Schrodi élabore également des fragrances contre les virus, les bactéries, les moisissures, à destination d’établissements de santé, d’Ehpads, de pharmacies. Pour les mettre au point, il a eu recours à des technologies issues de la NASA. "Ma prochaine création, ce sera un pendentif qui permet de neutraliser les odeurs présentes dans un rayon de 50 centimètres autour du visage", annonce-t-il.
Le passionné fourmille d’idées. Son prochain objectif : voir des boutiques comme celle qu’il vient d’ouvrir à Haguenau essaimer partout en France. Pour cela il va créer une franchise ainsi que des méthodes de formation pour que le métier d’olfacticien qu’il a créé se généralise.