Un festival en hommage aux sorcières : "elles n'avaient rien à voir avec l'image du nez crochu et des chapeaux pointus"

Les 28 et 29 septembre, Bouxwiller, petite commune du Pays de Hanau (Bas-Rhin), fête les sorcières. Ce tout nouveau festival replonge le village dans le Moyen Âge, période où l’on brûlait encore des hommes et des femmes pour sorcellerie. Le week-end sera festif, mais l'aspect historique également expliqué au public.

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C'est une première à Bouxwiller (Bas-Rhin). Pendant deux jours, contes et légendes, atelier de potion magique et histoires de sorcières plongent les visiteurs dans une ambiance médiévale et renaissance. Aujourd'hui, l'ambiance est festive, mais les organisateurs veulent rappeler qu'il y a 600 ans, elle l'était moins. 

C'est pourquoi, au milieu des elfes et des fées, le visiteur peut aussi découvrir le sort réservé à certaines femmes et même à un homme dans ce village, au Moyen-Age.

"On a constaté un grand intérêt du public pour le thème des mystères autour du Bastberg, des superstitions et des croyances"

Laure Lickel, chargée de médiation au Musée du pays de Hanau.

Entre 1578 et 1629, il y a eu dix-sept procès pour sorcellerie ou magie noire à Bouxwiller, au nord-est de Saverne, dans le Bas-Rhin. "Toute personne pouvait être inculpée, sur dénonciation, par jalousie ou convoitise", explique Laure Lickel, l'initiatrice de ce festival. Celles qui vivaient un peu en marge de la société, celles qui connaissaient bien les plantes et même les sages-femmes pouvaient en faire partie, puisqu'elles connaissaient bien le corps des femmes et lorsqu'un enfant mourait à la naissance, elles étaient soupçonnées de le livrer au diable. 

Légendes et sortilèges

"On voulait rendre hommage à toutes ces personnes qui ont perdu la vie pour des raisons injustifiées et parce qu'elles étaient différentes" précise Laure Lickel "et on voulait montrer aussi qu'elles n'avaient rien à voir avec l'image des sorcières des contes, nez crochu, chapeaux pointus."

La colline du Bastberg, au-dessus de la ville était réputée être le repaire des sorcières les soirs de pleine lune et notamment un soir de l'année. "Aujourd'hui il y a une croix et un refuge du club vosgien, mais autrefois on racontait que dans la nuit du 30 avril au 1ᵉʳ mai, les sorcières se rassemblaient à Saint-Jean de Saverne et que de là, elles volaient sur leurs balais jusqu'au Bastberg où elles fêtaient le sabbat."

La particularité du site alimentait les croyances des villageois. "On y trouvait beaucoup de fossiles" explique Laure Lickel. À l’époque, les gens ignoraient que ce lieu avait été sous les eaux d'un lac qui recouvrait la région il y a 50 millions d'années. "Les ossements de divers animaux étaient pris pour des ossements issus de sacrifices faits par les sorcières. "

Une flore toute aussi exceptionnelle a alimenté la légende des sorcières là-haut. "On y trouvait 21 espèces d'orchidées avec des formes qui mimaient des animaux. On n'imaginait pas à l'époque que le monde végétal puisse ressembler au monde animal pour attirer les insectes." Une orchidée en forme de bouc ou de bourdon et c'était forcément l'œuvre des sorcières et de leur compère le diable. 

Dimanche 29 septembre à 15 heures, au Musée de Bouxwiller, une conférence permettra d'en apprendre plus sur la chasse aux sorcières, mais on y découvrira aussi la légende du nain, gardien d'un trésor à la colline du Bastberg. 

Samedi, le programme des animations s'achèvera à 20 heures, suivi d'un concert médiéval gratuit à l'église à 20h30. Dimanche, le festival accueillera le public de 10 h à 19 heures.

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