À Rosheim (Bas-Rhin), des dingues de Lego sont en train de finaliser un projet sur lequel ils s'activent depuis 2019 : construire une maison à colombages à taille réelle faite uniquement de ces petites briques.
A découvrir à Rosheim ! Petite maison alsacienne à colombages, 4 pièces, 60 mètres carrés. Kachelofe et mobilier traditionnel. Il ne s'agit pas d'une annonce immobilière, mais de la description du dernier projet des fanas de Fanabriques, l'association alsacienne des passionnés de Lego. D'ici à quelques mois, ils pourront fièrement exposer leur dernière réalisation, et elle est de taille : une maison à colombages à l'échelle 1/1, qui a déjà écarquillé les yeux de tous ceux qui l'ont vue.
"On aime toujours faire des grandes constructions collectives, explique Benoît Kayser. Mais aussi qu'il y ait un lien avec l'Alsace." Et le vice-président de l'association Fanabriques de citer quelques constructions passées : un château d'Andlau de 5 mètres, une reproduction de la cathédrale de Strasbourg (qui pour la petite histoire a été vendue dans une boîte éditée à un nombre très limité d'exemplaires et dont même les notices ont trouvé preneur).
Maison de rêve
En 2019, à la recherche d'un nouveau défi à relever, l'idée a été lancée : et pourquoi pas une maison ? De boutade, la maison est très vite passée au statut de projet dans l'esprit des membres de l'association. Car elle a tout d'un Lego cette maison alsacienne : "au départ, c'est un bien meuble", détaille Benoît Kayser. "Elle se monte, se démonte et se transporte comme une construction de Lego". Et c'est ce cahier des charges qui a guidé la réalisation de la maison à pans de bois en petites briques : être démontable et transportable pour être présentée à différents endroits.
Mais avant de démonter, il fallait d'abord monter. Et encore au préalable choisir. Quel type de maison ? Comment faire ? "On a dû faire des recherches, tout apprendre, poursuit Benoît Kayser. Maintenant, on emploie même le vocabulaire spécifique. Entre nous, on parle des contreventements (les poutres diagonales), des sablières (qui délimitent la périphérie de la maison), des traverses (poutres horizontales) et des linteaux."
Plus qu'un type de maison en particulier, les bâtisseurs ont choisi le principe de réalité : faire quelque chose de techniquement réalisable. La maison alsacienne sera donc basse, d'un seul niveau, à la manière des maisons qu'on trouve dans le Ried alsacien. "Mais vous ne trouverez pas une photo de maison existante comme objectif de départ vers lequel on voulait se diriger", notre interlocuteur. Quoique ! Pour la petite histoire, Benoît a découvert il y a quelques temps à deux pas de chez lui une maison qui ressemblait beaucoup à la maison en petites briques.
Des années de (jeux de) construction
Pendant des mois, puis des années (période de Covid mise à part), les passionnés ont alors travaillé, assemblé, avancé. Qui tel mur, qui telle poutre... Chacun de son côté, telle une fourmilière (d'une dizaine de membres actifs tout au plus), le projet a pris forme. Le public a également mis la main à la pâte lors d'ateliers ponctuels (à l'école de Rosheim, à la médiathèque ou encore au château de Lichtenberg). "C'est chouette parce que quand ils verront la maison finie, les gens qui ont participé vont dire : "Ah oui ! Moi, j’avais assemblé tel morceau de mur !", sourit Benoît.
Justement, quand sera-t-elle finie cette maison ? Dans les six mois à venir, à en croire le bénévole. Il faudra encore terminer la quatrième pièce, ajouter la déco. Elle a déjà remporté un joli succès lors d'expositions, comme au dernier marché de Noël à Rosheim. "Quand ils la voient, la première réaction des gens, c'est l'incrédulité : ils disent, c'est en Lego, vraiment ?"
Rêve de maison
Que va-t-elle devenir cette maison alsacienne ? "J'aimerais qu'elle serve, que ceux qui veulent l'utiliser la réclament et se l'approprient", explique encore Benoît Kayser. Pourquoi pas dans une école d'architecture, un salon lié aux techniques de construction ? "Je la verrais bien sur un événement comme le marché de Noël de New York", rêve Benoît.
Les bénévoles estiment qu'il aura fallu environ 700 000 petites briques pour arriver à ce résultat. Mais ils n'ont pas vraiment compté. Car chacun le sait, quand on aime...