À Bouxwiller, depuis deux ans, la place du Château entame sa mue. Longtemps délaissé par les habitants par manque d’attractivité et d’aménagements, l’endroit est à présent investi par une association. Des bénévoles plantent toutes sortes de végétaux dans des bacs et font participer enfants et personnes âgées au réaménagement.
De mémoire de Bouxwillerois, la place du Château a toujours été un peu délaissée. Chaude en été, boueuse en cas de pluie, cette place centrale de la commune manque cruellement d'intérêt. Sauf pour les places de parking qu'elle abrite. Pourtant, l'impressionnant lycée jouxtant le grand espace rectangulaire témoigne d'un riche passé architectural.
En effet, sur la place du Château s'élevait jadis... un château, occupé par les comtes de Hanau-Lichtenberg. Ses jardins remarquables à la française lui ont longtemps valu le surnom de "Petit Versailles".
Puis, après la Révolution française, la bâtisse a été démontée, les pierres ont été récupérées par les habitants pour construire des maisons, et la place est devenue un grand champ de pommes de terre, jusqu'au 19e siècle.
Une restructuration de la place en perspective
Aujourd'hui, le revêtement en sable fait l'objet de critiques. Notamment, venant de la municipalité en place. "Nous avons constaté que personne ne traversait la place, tout le monde la contournait. C'est dommage", explique Danielle Hamm, ajointe au maire en charge de l'animation. L'équipe municipale réfléchit à la restructuration de la place, voire, son verdissement. Mais tout en gardant les places de parking, bien utiles aux habitants.
Une réflexion sur l'avenir de la place centrale, à laquelle la toute jeune association Alysses a voulu répondre avec un jardin éphémère, dans le cadre d'un projet intitulé "(Re)Dessine-moi un jardin". Créée après la crise du covid, en 2021, la structure a ainsi installé, avec l'approbation de la mairie, des bacs à fleurs en bois sur une moitié de la place.
À l'intérieur, le jardinier, Laurent Sarter, plante tomates, radis, choux et courgettes avec l'aide d'établissements scolaires et de la maison de retraite de la commune. "Ce n'est pas toujours facile, il faut composer avec le soleil qui tape, et donner de l'eau, mais pas trop" avoue le membre de l'association à la main verte.
Un projet collectif, à grande échelle
600 élèves participent à l'élaboration du jardin éphémère, notamment des collégiens, par la création de maquettes représentant leur "place idéale", avec parfois, une grande roue, un bistrot gratuit ou encore des arches végétalisées. "L'idée, c'est de mener à bien un projet collectif, d'expérimenter à grande échelle", d'après Anne Chabert, coordinatrice de l'association Alysses. Parfois, il s'agit même de structures en dur, à l'instar du kiosque à tuiles Biberschwanz décoré d'un lustre réalisé avec des feuilles de chou en céramique par les résidents de l'EHPAD voisin.
Le coût du projet, depuis deux ans, s'élève à 200 000 euros, incluant les frais de matériel et de personnel. Dernière idée en date : des vanneries en osier tressé, réalisées en ateliers par des enfants et des personnes âgées, sous la houlette de l'artiste Florence Cannavacciulo, pour créer de l'ombre. À l'issue d'une semaine de festivités fin mai, les vanneries ont été fixées au-dessus des bacs à fleurs. Elles resteront tout l'été, le temps que le jardin s'épanouisse. Jusqu'au lancement des travaux de la place du Château.